𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶 (partie 10) ( la Réalisation de Soi)
𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶 - Partie 10 - La Réalisation de Soi.
🚫 avant de lire cette partie 10, il est impératif que vous lisiez à votre aise, les chapitres précédent 1&2&3&4&5&6&7&8&9 Eddy
📌(partie 2) - (niveaux de conscience / sur la voie du centre)
📌(partie 3) - (Ouverture à l’inconscient)
📌(partie 4) - (Fonctions psychologiques.)
📌(partie 5) - (Rôle de la Volonté)
📌 (partie 6) - (Cadre Systématique)
📌 (partie 7) - (Connaissance de soi)
📌(partie 8) - ( la maîtrise de soi)
📌 (partie 9) - ( actualisation du soi)
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Psychosynthèse : Bien plus fondamental que la découverte de l'espace cosmique est celle de notre identification et potentiel, donnant lieu à l'élargissement de la conscience.
Le présent chapitre concerne directement les items quatre, cinq et six du diagramme de l'œuf présenté, c’est-à-dire le champ de la conscience et ses niveaux, et le centre même de cette conscience nommé le moi personnel ou alors le Soi transpersonnel, y considérant respectivement les domaines personnel et transpersonnel.
4. Le champ de la conscience
5. Le moi conscient ou soi personnel
6. Le Soi supérieur, spirituel ou transpersonnel
les autres items sont
1. L'inconscient inférieur
2. L'inconscient moyen
3. L'inconscient supérieur ou supraconscient
7. L'inconscient collectif
📌 Le classement et les nomenclatures des niveaux de conscience varient selon les différentes écoles et auteurs en Psychosynthèse.
La référence à des niveaux ou stades de conscience ne doit pas être comprise dans le sens linéaire du terme. Il ne s'agit pas d'une localisation à proprement dite. On peut cependant imaginer le domaine conscient comme un spectre dont le rayonnement se présente avec des couleurs et intensités différentes !
C'est dans cette perspective que l'on doit considérer les niveaux distinctement identifiés en psychosynthèse par le biais du diagramme de l'œuf où il est question des domaines conscient et inconscient à des niveaux et dimensions distincts.
Le fait de considérer différentes prises de conscience plus ou moins amples ou et intenses et toujours passibles de modification ! Il y a, chez n’importe qui, possède des domaines ou stades plus ou moins conscients dont on doit tenir compte. Mais il ne serait pas correcte d'exprimer qu'il y aurait des individus, les uns conscients et les autres dépourvus de conscience ???
Celle-ci est commune à tous, quoique les degrés soient différents concernant la prise de conscience de chacun !
🚫 avant de lire cette partie 10, il est impératif que vous lisiez à votre aise, les chapitres précédent 1&2&3&4&5&6&7&8&9 Eddy
📌(partie 2) - (niveaux de conscience / sur la voie du centre)
📌(partie 3) - (Ouverture à l’inconscient)
📌(partie 4) - (Fonctions psychologiques.)
📌(partie 5) - (Rôle de la Volonté)
📌 (partie 6) - (Cadre Systématique)
📌 (partie 7) - (Connaissance de soi)
📌(partie 8) - ( la maîtrise de soi)
📌 (partie 9) - ( actualisation du soi)
Ici, commence la partie 10
La Réalisation de soi
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Dès le début de son Institut de Psychosynthèse, à Florence, dans la deuxième décade du XXe siècle, Assagioli avait choisi pour son approche psychologique la devise suivante :
« Connais-toi toi-même; maîtrise-toi toi-même; transforme-toi toi-même ! »
Ce sont trois directives postulant :
- la connaissance de soi,
- la maîtrise de soi
- et l'actualisation de soi d'où provient la réalisation de soi.
Puisque la psychosynthèse conjugue le déjà avec le pas encore, le processus psychosynthétique se fait toujours accompagner des paradoxes suivants :
- connaissance de soi et conscience de son propre mystère;
- maîtrise de soi et conditionnement des limites humaines;
- actualisation de soi et soumission au paradigme du changement;
- réalisation de soi et perfectionnement permanent.
C’est précisément en faisant le pont avec les injonctions Assagioliennes qu’Alberto Alberti fait voir combien :
le but fondamental de la psychosynthèse est celui de la connaissance intégrale de l’homme et de l’atteinte de sa réalisation maximale !
La réalisation de soi reste un processus permanent et qui n'est pas toujours ressentie en tant que plénitude !
Même quand il y a un sentiment de satisfaction fruit d’une expérience d’accomplissement, il n’est jamais question d’un but définitif.
Le savoir-être n’est pas un état dans lequel on pourrait se fixer; c’est un état-action donnant lieu au savoir-vivre.
C'est la vie qui accueille de façon constructive le processus de la vie. Un tel accueil de la vie par la vie est caractéristique assez particulière autant de la pensée de Viktor Frankl que celle d’Assagioli.
Il y a toute une démarche existentielle qui combine le savoir, le savoir-faire, le savoir-être dans le savoir-vivre.
C’est le dynamisme de cette démarche existentielle qui donne place à la réalisation de soi, et idéalement à la réalisation du Soi.
Celle-ci évoque l’actualisation qui opère la transcendance.
Tout en considérant la voie qui va de l’actualisation de soi à la réalisation du Soi, Assagioli clarifie :
« Dans la terminologie de la psychosynthèse, l’actualisation de soi correspond à la psychosynthèse personnelle. Cela comprend le développement et l’harmonisation de toutes les fonctions et possibilités humaines à tous les niveaux des champs moyen et inférieur du diagramme représentant la constitution humaine. La réalisation du Soi concerne plutôt le troisième niveau, le niveau supérieur, celui du supraconscient, et elle relève de la psychosynthèse transpersonnelle ou spirituelle. »
Il semble plus adéquat de distinguer les niveaux personnel et transpersonnel, tout en tenant compte que l’esprit est à l’œuvre en toutes les dimensions de la vie.
1 - Parcours et labyrinthes
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La réalisation de soi peut être vécue tout au cours de l’actualisation de soi.
Il y a, en même temps, un certain parcours et un degré d’achèvement.
En guise d’un vase qui grandit, il peut y avoir simultanément plénitude effective et développement de la capacité.
Pourtant, il est possible de s’actualiser sans se réaliser.
Tout en considérant comme nécessaire d’avoir une conception claire de la différence entre :
‘réalisation’ de Soi
et ‘actualisation’ de soi,
Assagioli fait voir que ' la personne intégrée ', actualisée et bien développée peut être très égocentrique, ou tout au moins égoïste.
L’actualisation de soi n’implique pas à une forme de motivation supérieure qui peut relever du désir du succès en affirmant ses pouvoirs personnels aux autres.
Non seulement une personne bien actualisée peut être satisfaite d’elle-même, mais elle peut même s’opposer à toute autre forme de croissance.
Une fois que la plénitude se fait accompagner simultanément du progrès de notre capacité, aucun degré de l’actualisation de soi n'est définitif, ni aucune nouvelle étape de la réalisation de soi atteint le terme d'une démarche.
La réalisation n’est pas donc pas l’indicatif d’un arrêt, mais simplement le sens d’une satisfaction propre de chaque étape qui préconise de se manifester progressivement tout au cours de la démarche.
Il y a en même temps :
- la voie et la notion de la direction,
- la vie et le renforcement de son sens.
À la lumière du Soi et selon les prémisses psychosynthétiques, nous pouvons donc souscrire l’assertion de Alberti, tout en considérant l’être humain comme :
« un être vivant, sur la voie, en devenir continuel, orienté vers sa propre auto réalisation et vers la recherche significative de sa propre existence ! »
1.1 Du sens pour la vie
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Assagioli affirme de façon catégorique :
« Le plus important pour un homme, c’est le sens de sa propre vie ! »
Il observe que parmi les impulsions, les désirs et les aspirations les plus élevés, reconnus par de nombreux psychologues, comptent aussi :
- l'impulsion de l'expression de soi;
- le besoin de connaître ou/ et de comprendre le sens de la vie.
En effet : la réalisation n’est pas l’objectif immédiat, mais plutôt le résultat de l’attention et des moyens dispensés à la capacité, aux potentialités, et au sens de la vie comme tel.
Il y a chez l’être humain l’appel téléologique qui sert à trouver davantage une finalité de sa propre vie et de l’univers !
Il y est important de considérer l’Histoire humaine non pas tellement comme une collection de connaissances, mais plutôt comme un fil conducteur d’un sens qui ne peut pas se limiter à l’individu en particulier !
Le sens commun devient alors synonyme du bon sens !
Le sens de la vie devient-il la vie du sens ?
Erich Fromm observe que :
« l’homme est le seul animal pour lequel sa propre existence est un problème, lequel il doit résoudre et duquel il ne peut pas y échapper ! »
Face à une telle problématique, on peut trouver des réactions qui vont du désagrément ou du désespoir même, ou jusqu’à l’intérêt et l’enthousiasme.
La pensée existentialiste va jusqu’à considérer l’être humain condamné à la déréliction, où le sens de la vie reste un problème insurmontable, alliée à une existence sans signification, celle d’un «néant qui néantise !
- Nietzsche tombe dans le pessimisme philosophique d’une vie dépourvue de sens.
- Camus place l’homme dans une situation où il est un étranger par rapport à soi-même.
- Sartre porte réflexion là-dessus sur qui tombe dans l’impasse sinon dans le désespoir.
Si la volonté abdique son rôle dans la quête de signification de la vie, il s’installe alors dans l’esprit, du désespoir, et parfois de la frustration.
Celle-ci devient alors une porte ouverte au pessimisme qui caractérise une attitude négative !
Malgré les plus grandes épreuves de la vie, on y trouve non seulement du sens donné à la vie, mais aussi du sens donné par la vie !
Bien souvent, c’est la crise et même l’absence du sens qui mènent à la quête du sens.
Le mal est la loi du non-sens, le non-sens du sens qui engendre l’absurdité face à laquelle la quête du sens peut devenir une alternative au désespoir.
La réalisation de soi est étroitement reliée à la saisie consciente signifiée par le verbe anglais " to realize ".
Assagioli l’explicite dans les termes suivants :
« La réalisation ne peut être exprimée qu'en termes de vie consciente. Lorsqu'on devient conscient [realize] quelque chose, on devient vivement conscient de l'essence de la chose qu'on accomplit. Cela signifie réellement le processus d'identification : on devient cela.
Quand on réalise quelque chose, on devient cette chose qu'on réalise - plus ou moins parfaitement et pour un temps plus ou moins long, on est cela [...]. Donc, si l'on réalise la volonté ou l'amour ou quelque chose d'autre, alors pour un temps, on est volonté, on est amour... C'est cela, la réalisation.
Même dans la contemplation, il y a une légère dualité entre sujet et objet - 'je' contemple 'cela' et plus encore dans la méditation. Par contre, dans la réalisation, il n'y a aucune trace de dualité : pendant le moment ou la période de réalisation, on est ce dont on se rend compte dans sa propre conscience ! »
Plus qu’un postulat logique dans un domaine abstrait, le sens devient un fait existentiel et une expérience vitale.
La psychosynthèse fait toujours appel au sens existentiel plus facile à saisir lors d’une expérience amoureuse.
Lorsque quelqu'un dit : ' Je suis en amour ', il fait une expérience de réalisation de soi par laquelle il s'identifie à la personne aimée qui est l'amour pour lui.
Alors, il peut lui dire : ' Tu es mon amour ' et il y a coïncidence identificatrice entre l'aimant, l'aimé et l'amour lui-même.
Effectivement, l'amour n'est pas quelque chose que l'on fait, calcule ou idéalise.
Il n'est pas réel avant d'être vécu, et il est déjà réel avant d'être exprimé !
Il y a sa consistance dans le vécu et non dans sa technique d'expression.
Il en est ainsi pour toute expérience de réalisation de soi.
Celle-ci est toujours fondamentalement expérience d'un ' savoir-vivre ' conjugué avec le ' savoir- être ', reliés ou non à l'abstraction du ' savoir ' et à la modalité du ' savoir-faire '.
1.1.1 Une affaire inaliénable
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Le fait de trouver un sens pour la vie ne signifie pas que l’on arrive à discerner la plénitude de son sens.
En d’autres termes :
La quête du sens est en elle-même un élément du sens, mais jamais celui-ci qui nous est donné une fois pour toute.
Il s’agit d’un besoin à la fois vital et permanent.
Selon l’expression de Matilde Santandrea :
« on peut définir l’homme comme un être qui cherche perpétuellement la signification de son existence ! »
Il s’agit d’une démarche qui débute et se poursuit sur le sentier individuel !
Carl Gustaaf Jung exprime :
« le bonheur, la satisfaction, l'équilibre psychique et le sens de la vie, sont des états d’âme dont seul l’individu peut en faire l’expérience en les vivant. »
La perception autant du sens* que du non-sens² de la vie varie d’une personne à l’autre selon les circonstances.
* rationnel ² irrationnel
On peut toujours trouver un sens à la fois dans ce qu’on a trouvé et aussi dans ce que l’on recherche.
C’est à noter aussi, avec Viktor Frankl, que plus fondamental que de trouver un sens pour la vie en général, c’est de trouver le sens de notre propre vie, et encore mieux de se laisser questionner par la vie sur le sens de notre propre existence.
L’attitude la plus adéquate serait, au prime abord, de ne rien faire, de laisser couler la vie à son rythme.
Néanmoins, le savoir-vivre n'est pas synonyme de subir la vie. Ce n’est pas non plus un modèle figé.
Le sens de la vie provient non pas tellement du questionnement à son égard, mais plutôt de la réponse que nous lui offrons.
Il ne s’agit pas de quelque chose que l’on peut trouver quelque part, et encore moins une abstraction.
Le sens de la vie : nous devons le chercher d’abord en nous-mêmes et par nous-mêmes, de façon existentielle, concrète, dynamique, cohérente, progressive et sans contradictions !
Il y a un lien étroit avec le processus de l’auto-identification.
Quand nous ne réussissons pas à répondre de façon
satisfaisante à cette exigence d’identité – remarque Alberti – nous venons à nous trouver dans une situation définie de ‘vide existentiel’ ou bien ‘d'angoisse existentielle’.
La peur d’une telle situation, figurée comme une forme de cul-de-sac, peut être à l’origine d'une tendance à vouloir éviter la question du sens, le pourquoi et la finalité de notre propre existence.
Pour trouver le sens de ma vie en particulier, il est fondamental de le chercher dans le sens de la vie en général.
L’absence du sens, soit par rapport à la vie en général ou sur certains de ses aspects, peut donner place :
- à des situations de crise,
- d’angoisse existentielle.
La quête du sens devient alors est ressentie comme un besoin fondamental.
Un tel principe n’est jamais séparé de nous-mêmes, mais est toujours à découvrir à l’intérieur comme à l’extérieur de nous-mêmes.
Dans le sens existentiel fortement souligné par la psychosynthèse, le niveau de conscience conditionne le degré de la réalisation de soi !
Celle-ci fait appel à une prise de conscience toujours plus élargie et approfondie.
Tout en voyant la conscience comme l’organe du sens, il faut cependant éviter de lui attribuer le don de l’omniscience, d’où le rappel : à l’éducation de la responsabilité, et cela dans un effort pour faire de la lumière sur les problèmes existentiels.
Leonardo Boff exprime :
« malgré toute la négativité humaine – frustration, insécurité, infidélité - il y a le triomphe du sens sur l'absurde, la foi dans un ordre fondamental du monde sur la désillusion, de la lumière et sur les ténèbres. »
Parfois, on parle de manifestations de la vie plutôt que de la vie elle-même.
Le savoir-vivre implique bien plus que de la soumission ou la tolérance de l’existence. Sa propre rébellion serait peut-être moins néfaste.
Tout le sens de la vie fait appel à un dépassement !
Le questionnement sur le sens de la vie reste permanent, puisque on ne l'a pas à sa possession, du moins dans sa plénitude !
La quête du sens de la vie reste une des manifestations de la vie, et cela fait partie du processus de réalisation.
Parfois, les expériences de réalisation de soi peuvent advenir de façon spontanées et inattendues, sans lien avec un processus conscient ou un acte volitif.
Il y a toujours place ici pour la surprise et la gratuité, mais aussi pour un travail autant de préparation que de quête et d'interprétation des expériences vécues, soient-elles agréables ou non !
Viktor Frankl exprime :
« Se préoccuper du sens de son existence, voilà bien ce qui caractérise l’homme comme tel – seul l’homme peut poser la question du sens, mettre en question le sens de son existence. »
Il y voit un signe de la normalité !
Loin de constituer en soi-même une manifestation pathologique, la quête du sens de la vie, en plus de répondre à un besoin fondamental, constitue un vrai impératif.
Avec Carl Gustav Jung et Ira Progoff observent oh combien à la source d'un trouble, on peut trouver : le malaise de ne pas avoir trouvé le vrai sens de la vie ou encore de l’avoir perdu².
² raté
Le sens de la vie nous le devons trouver par nous-mêmes. Il est à découvrir plutôt qu’à inventer !
L’absence d’un vrai sens pour sa propre existence donne lieu à une frustration existentielle !
Plus que d’attribuer un sens à la vie, il s’agit effectivement de le trouver !
1.1.2 Matrice et émergence
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Comme le remarque Sebastiano Tilli, il semble avoir, dans l’approche assagiolienne, autant que dans la psychologie humaniste de Ludwig Binswanger :
« un a priori existentiel »
contenant une
« matrice de signification »
de laquelle peut émerger dans une sorte d’unité, le sens de l’homme et du monde !
Assagioli distingue trois positions d’attitude face à la quête du sens de la vie :
- L’attitude négative caractérisée par le pessimisme, l’insatisfaction et la frustration. Il y a alors un manque de sens pour l’existence qui mène au suicide physique ou psychique;
- L’attitude amorphe, caractérisée par l’indifférence et fondée sur l’apathie souvent reliées à une conception matérialiste, égoïste et déterministe de la vie;
- L’attitude positive, orientée vers un idéal toujours plus élevé, plus altruiste et plus comblant. Il y a, ici, le défit d’une conquête intérieure jusqu’à l’identification avec le Soi supérieur permettant de faire l’expérience de la libération personnelle et celle de l’unification avec les autres.
On peut voir avec lui, que cela touche un aspect essentiel et souvent oublié, à savoir que la quête du sens de la vie, soit elle faite ou non de circonstances critiques, ne peut jamais se dispenser d’autrui.
Il y a un processus transformateur qui dépasse le domaine et la capacité individuels, d’où s’infère le besoin de l’appui et du partage.
Assagioli fait voir, en plus, que cela concerne toute une dimension et portée universelles de la vie :
« Le présupposé de l’action volitive est celui de l’attribution positive à la vie, non seulement la vie individuelle, mais toute la vie ! »
C’est à souligner que les crises vécues concernant le sens de la vie, quoique pénibles, restent un défi et l’occasion pour l’ouverture à un sens nouveau et plus satisfaisant !
Selon Assagioli :
« L’être a d’autres besoins que sociaux et biologiques... il a besoin d’une finalité, de valeurs supérieurs et d’une vie spirituelle qui sont aussi réels que les premiers. »
Le grand objectif de la psychosynthèse est de promouvoir autant les individus que les groupes à trouver et réaliser le vrai but de leur existence qui est le bonheur.
C’est une destinée qui s’applique à tous et à chacun, dans l’ici et maintenant.
Puisque le Soi est : immanent et transcendant, individuel et universel, le sens de la vie se trouve non seulement à l’intérieur de nous-mêmes, mais aussi en tous et tout, d’où le besoin fondamental d’allier la ' psychosynthèse individuelle ' à la ' psychosynthèse sociale ' et à la ' psychosynthèse universelle ' !
La réalisation de soi ne peut jamais ignorer ni se dispenser de la contribution des autres, y considérant aussi toute la nature.
Elle fait appel et dépend ainsi de nos liens de solidarité de l’univers.
Il y a un rapport entre réalisation et bonheur, face au fait que non seulement les humains, mais tous les êtres vivants le cherchent, quoique sous des états et degrés de conscience variés.
Il y a un appel à que les murs de l’égoïsme ² s’écroulent, notamment au niveau social.
² de l'égocentrisme y compris le totalitarisme qui s'installent dans le monde depuis plusieurs décennies.
Cela implique le sens de co-identification laquelle, comme décrit Assagioli :
« nous permet de considérer nos semblables : les êtres humains, non pas comme des corps ou personnalités séparés, avec leurs buts à eux, mais comme des êtres spirituels, des pèlerins sur la voie de la manifestation ! »
Le caractère existentiel de la psychosynthèse mène à tenir compte de la signification de la vie, tout particulièrement face à la mort.
Celle-ci devient un défi majeur à considérer, tout en tenant compte de ses implications en rapport avec le sens de la vie, tout particulièrement en ce qui s’avère son terme*.
* votre dernier jour.
Face au fait de la mort, le sentier de la vie peut prendre l’allure d’un labyrinthe sans issue, au moins au niveau personnel de la conscience.
La découverte du sens de notre propre vie se fait accompagner du sens approfondi de toutes ses manifestations, sans que les implications du fait de la mort puissent en être écartées !
Antoine Filissiadis dans Va au Bout de tes rêves exprime :
Comme nous en avons parlé, pour pénétrer la lumière, il faut traverser les ténèbres, se lancer dans la bataille et affronter la vie ! Il n’y a pas de raccourci, mon ami. Pour aller jusqu’au bout de ses rêves, il faut faire le voyage, c’est le prix à payer !
en lire plus :
Quel est votre relation avec la dualité Vie/ Mort ?
1.2 Thanatos: Le défi ontologique
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Il faut aussi donner de l’attention au fait que les certitudes à l’égard de la mort se font accompagner :
- de notions,
- de questions,
- de doutes
- et de réactions les plus disparates,
toujours en lien avec le vécu, et donc fort dignes de considération en termes psychologiques qui caractérisent la thanatologie.
1.2.1 Départ et destinée
À partir d’une conception matérialiste, la mort est une porte qui se ferme à la vie : c’est l’adieu à l’existence.
Alors, l’esprit qui nous anime tout simplement s’éteint !
Le fait d’envisager la mort comme un absolu cul-de-sac de la vie, risque de donner à celle-ci la saveur d’une condamnation !
Selon les différentes convictions des uns et des autres, le décès constitue soit une pause en attendant la renaissance, soit la rencontre où une demeure avec les ancêtres ou/ et avec le divin et l’atteinte du bonheur en perpétuité !
Plutarque partage la conviction de l’âme incorruptible et immortelle, faisant de la mort physique le passage à une condition plus heureuse !
La philosophie bouddhiste comprend la mort comme le détachement radical qui constitue la porte donnant l’accès au nirvana : la béatitude.
La mort est souvent considérée comme l’appel à un compte rendu, face un jugement divin qui décide du prix ou de la peine, tout en partant du bien et le mal personnellement commis.
Elle se figure donc comme l’entrée d'un tribunal dont la rigueur et la sentence échappent à toute prévision ordinaire.
Il y aura alors une forte raison de crainte, face à l’incertain d'une sentence.
Quoique en termes de croyances, philosophies et perspectives différentes, le problème de la mort est fort prédominant dans toutes les cultures, soient-elles : égyptienne, aztèque, maya, tibétaine, grecque, romaine, catholique, jésuite, celte, indienne...
Une fois physiquement considérée, elle peut être envisagée, non pas comme une simple décomposition et un anéantissement, mais plutôt comme une restauration et libération, ayant leurs termes dans l’immortalité.
Il y a un parallèle avec les conceptions d’une vie terrestre en termes de dualisme existentiel, l’une correspondant à l’apparence visible, et l’autre encore cachée et plus ou moins prisonnière qui se rende libre et pleinement manifestée avec la mort.
On y dégage une correspondance avec la philosophie du double-Soi, allié au concept du deuxième Soi . Celui-ci prend, dans la pensée ancienne, les noms de Génie chez les Romains, de Fravauli chez les Perses, de Ka chez les Égyptiens.
Plus tard, apparaît le concept de Psyché qui tend à englober dans un seul concept les deux aperçus de l’âme-double !
Kahlil Gibran exprime :
« Si vous voulez vraiment contempler l’esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l’océan sont un. »
Le savoir-vivre et le savoir-mourir y vont ensemble !
Il y a effectivement un art de mourir qui est pratiquement l’art de vivre !
Honorer la mort physique devient la meilleure façon de lui faire face et de l’embrasser !
Plus que de la reconnaître, il faut bien l’accueillir en tant qu’expérience alliée à tout ce qui, au cours du vécu, nous coupe souvent des manifestations de la vie !
« les hommes m’ont inventé, car l’immortalité leur faisait peur. Ensuite, ils se sont détournés de moi. Ils ont modifié ma signification : je suis celui qui prend la vie ! »
extrait - va au bout de tes rêves - Antoine Filissiadis.
1.2.2 Tabou et familiarité
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Personne n’aura besoin d’être converti concernant la croyance à la mort telle qu’ordinairement comprise, y incluant aussi l’attente d’en faire l’expérience !
Il y a cependant de bonnes, de moins bonnes, et de mauvaises attitudes face au fait d’un tel événement aussi réel devienne problématique.
Concevoir le décès comme une fatalité à laquelle on ne peut pas échapper n’est-il déjà un processus d’anéantissement ?
L’attitude même de l’envisager en termes de résignation à la volonté divine, correspondrait plutôt à une capitulation.
Moins encore il est libérateur de s'en plaindre, ou de s'en révolter.
Le fait d’envisager la mort comme une énigme, ou un mystère, peut constituer une évasive insatisfaisante !
L’attitude la plus libératrice serait celle de considérer la mort comme un pont entre une vie et l’autre, un passage de la vie à la Vie !
L’attitude la plus commune est celle d’éviter le sujet, vu sa complexité, son embarras et son mystère !
Maryse Choisy note que :
« dans la société occidentale il y a un sujet plus tabou que la sexualité : la mort ! »
Le ' quoi ', le ' comment ' et le ' quand ' tendent à le transformer en mystère...
Dans le Bouddhisme, il y a l’adage suivant :
«Le lendemain ou la vie prochaine, personne ne sait quel sera le premier à arriver ! »
Avec le vieillissement, et tout particulièrement face à une maladie sans espoir de guérison, l’expectative du décès à court terme éveille un état d’alerte !
Élisabeth Kübler-Ross exprime :
« la réaction face à l’imminence de la mort provoque ordinairement un processus qui va de la panique à l’acceptation, tout en passant souvent par le déni, la révolte et la dépression ! »
La lutte pour la survie est commune à tous les êtres vivants, mais seul l’être humain a la capacité de prévoir l’évènement de la mort.
En effet, tel que remarqué par Paulo Coelho :
« l’homme est l’unique être dans la nature qui est conscient qu’il va mourir ! »
Thomas Merton offre à propos la réflexion suivante :
« Le désir de mourir est une incapacité de vivre. Qui a peur de la mort et qui désire mourir se trouve dans la même condition : l’admission de ne pas avoir vécu ! »
Il serait un a priori de prouver qu’il s’agit d’une expérience pénible le fait de subir ou d'attendre la mort, alors que l’on peut toujours témoigner d’épreuves douloureuses et d’attitudes inadéquates qui accompagnent la vie en rapport avec la mort.
Assagioli indique comme des réactions négatives, face à la
mort :
« la peur, l’angoisse et la rébellion. »
Pour le dépassement de telles réactions, il tient compte de la foi, soit elle à caractère religieux ou non, tout en faisant appel à une attitude positive face à l’inconnu.
Assagioli valorise tout particulièrement :
« l’expérience de la réalité du Soi transpersonnel, et de la conscience de ce qui constitue l’essence la plus intérieure, la Réalité suprême à l’intérieur de chacun de nous ! »
Une telle prise de conscience tend à intégrer la mort dans la vie dans un tout d’où provient leur sens fondamental.
Tel que remarqué par Ken Wilber :
« la Nature première de l’homme est l’Esprit, l’ultime Totalité, mais jusqu’à la découverte de cette Totalité, il reste un fragment aliéné, un soi séparé, et un tel soi séparé est confronté avec la conscience et la peur de la mort ! »
Il y a le sentiment d’une limite qui appartient au domaine de l’imaginaire, d'une illusion qui disparaît au niveau du Soi transpersonnel capable d’y voir une transformation qui n’est pas du tout le synonyme de destruction.
Le Christianisme considère la mort comme une transformation exemplifiée dans la Résurrection du Christ.
Une perspective semblable est celle du Bouddhisme qui exemplifie cette transformation dans la Parinirvâna de Bouddha. À ce niveau, ce n’est plus la mort qui met fin à la vie, mais la vie qui met fin à la mort !
De même que le coucher du soleil ne constitue pas sa
suppression, ainsi la mort peut être perçue comme transformation et non pas comme l’annihilation de la vie !
Vie et mort deviennent alors deux aspects constitutifs de l’existence, deux dimensions de la même réalité. La mort reste ainsi le lien qui fait le pont décisif entre l’être et le devenir.
On peut bien croire ou soupçonner qu’elle constitue la clé d’or de la porte qui s’ouvre vers la lumière, tout en transformant son mystère dans la plus grande révélation concernant la portée transcendante de la vie.
Il est normal d’éprouver la peur face au sens de l’inconnu et à la souffrance due au fait de la séparation.
Mais la mort est tellement familière avec tout le monde, qu’il n’y est pas raisonnable de la traiter comme étrangère, et moins encore comme ennemie !
La mort est un fait aussi normal que la naissance !
On a beaucoup écrit sur la vie après la vie. On se demande, en d’autres termes, s’il y a de la vie après la mort ?
Mais, il y a une demande plus existentielle : celle de nous questionner et de vérifier si nous croyons à la vie avant la mort !
La vraie acceptation de la vie doit inclure l’inconnu, de façon à pouvoir intégrer le mystère de la mort et de l’après-mort.
À la question d’un disciple :
«Qu’est-ce qui nous arrive après la mort ?»,
son maître spirituel lui répond :
« Je ne sais pas ! »
Pris de surprise, le disciple remarque :
« Vous ne savez pas ? »
« Vous êtes pourtant un Maître Zen ! »
« Mais pas encore mort », lui répond son Maître.
Cela porte à y faire la distinction entre l’attente d’un fait et son expérience comme telle.
1.2.3 Apport psychologique
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Psychologiquement et sociologiquement, la mort, tel que signalé plus haut, est devenu plutôt un tabou, avec tous les inconvénients que cela peut comporter :
- l’ignorance,
- l’insécurité,
- la peur,
- l’illusion,
- et la révolte.
Réalité inévitable : la mort peut provoquer des résistances qui la transforment de fait naturel comme un fantôme dramatique !
Du point de vue de la psychosynthèse, on peut situer de tels sentiments et attitudes au niveau personnel.
À un niveau supérieur de conscience, on peut avoir la certitude, ou dû moins admettre l’hypothèse, que la mort constitue une partie de la vie, d’où la raison de l’enseignement bouddhiste en insistant que la mort est une illusion !
Pourtant, celle-ci ne concerne pas la mort comme telle, mais la
façon ordinaire de l’envisager, au niveau de la personnalité.
On raconte que Marpa, un maître oriental, fut très remué quand son fils fut tué, et que l’un de ses disciples l’averti :
« Vous nous disiez toujours que tout est illusion. Qu’en est-il de la mort de votre fils, n’est-ce pas une illusion ? »
Alors, le maître répondit : « Certes, mais la mort de mon fils est une super-illusion ! »
Notre propre mort et celle des autres ne sont pas des évènements tout à fait séparés.
Au niveau de la personnalité, on peut dire avec Pubilius Siro :
« On meurt à chaque fois que l’on perd un des siens ! »
Le niveau personnel reste lié plutôt avec la survie, d’où la remarque de Teilhard de Chardin :
« Autant, sinon plus que la Mort, nous subissons la Vie ! »
Faire de la mort une fatalité c’est donner à la vie un spectre ténébreux.
Vers la fin de sa vie consacrée à chanter le « fado » qui est fort marqué par la nostalgie et la fatalité du destin de Amália Rodrigues, une célébrité portugaise, fait cet aveu lors d’une interview :
« La mort rend la vie absurde; elle est très antipathique ! »
Comme le manque d’amour, le fait d’associer la mort à une fatalité devient une expérience effectivement troublante.
La peur de la mort qui s’avère un déchirement fruit de l’attachement au connu et à l’horreur face à l’inconnu, traduit une résistance de la personnalité à l’évolution.
Au niveau du moi personnel, la mort est ressentie comme une séparation; à la hauteur du Soi transpersonnel, elle est envisagée comme communion.
C’est la peur et non pas la mort l’ennemi de la vie.
Amour et mort sont deux mots qui se ressemblent et qui demande d’être conjugués ensemble !
En effet, une conception et attitudes positives face à la mort sont des conditions sine qua non de la valorisation de la vie.
L’art de vivre et l’art de mourir constituent les deux faces de la même médaille !
Il y a un dénominateur commun à découvrir, faute de quoi des contradictions continueront d'affecter le processus de croissance et de maturité et donc toute la vie elle-même.
La peur de la mort ne constitue pas une manifestation saine de la vitalité. En Orient, on utilise le mot sanskrit Tanha pour désigner : l’attachement à la vie et la peur de la mort.
En termes psychologiques : il y a le sens de mourir, lors que l’on maîtrise la personnalité, pour atteindre un niveau de vie supérieur qui l’intègre et la dépasse.
Sans la valorisation de l’éternel, on passe à la survalorisation et la dépendance par rapport à l’éphémère.
Ce que figure une perte au niveau de la personnalité reste un gain dans la perspective transpersonnelle.
Le caractère existentiel de la psychosynthèse relie le processus de croissance à toutes les étapes de l'existence, y compris celle de la mort, car l'expérience du décès fait partie de la vie !
Tout en incluant naissance et mort comme des réalités marquantes dans le processus de la vie, la psychosynthèse ne
dramatise pas ni l'une ni l'autre !
Face à la mort, comme l’on a remarqué, c’est souvent la peur, l’angoisse, sinon la révolte et le désespoir qui se manifestent.
Assagioli attribue ces sentiments et ces attitudes à un attachement de la personnalité à la vie physique, aussi bien qu’à la crainte de l’inconnu et à la conviction d’un présumé anéantissement !
Dans le contexte de la psychologie existentielle, la psychosynthèse peut aider à trouver même dans la mort, et tout particulièrement par le truchement de celle-ci, la clé d’un sens pour la vie !
C’est au niveau du Soi que la sécurité de l’immortalité dissipe la fragilité de la mortalité !
Il y a un dénominateur commun à découvrir, faute de quoi maintes contradictions continueront d'affecter le processus de croissance et de maturité, ainsi que la vie elle-même.
L’attachement obsessif à la vie traduit une certaine forme d’autodestruction, et le tabou sur la mort attente déjà à la vie elle-même !
Dans la perspective du Soi, la mort est un fait naturel. Plutôt qu’un coucher du soleil, elle se présente comme l’aurore d’un nouveau jour !
Au plan de la personnalité, il est normal de sentir le conflit entre vie et mort, ( entre Éros et Thanatos. )
Il y a tout un recul face à ce qui s’avère la destruction de la vie, mais le Soi transpersonnel peut en profiter pour mieux nous faire courir et sauter, tout en transformant en appui la barrière qui empêchait de voir le côté de la transcendance.
La personnalité finit à une conclusion pessimiste que l’unique remède pour la mort c’est mourir !
Par contre, au niveau du Soi on peut conclure que la solution pour la mort c’est la mort de la mort, ce qui permet de maintenir la vie !
En termes psychologiques, Assagioli tient compte d’un changement qu'il appelle un ' processus de mort et résurrection '.
On peut alors parler de la mort du moi personnel en fonction du Soi transpersonnel.
Il n’est pas question de disparition et d’anéantissement, mais du passage d’un état de conscience à un autre, incluant l’encadrement de la dimension individuelle dans le contexte de l’étendue universelle.
Il n'appartient pas à la psychosynthèse de se prononcer sur l'origine et la destinée de l'être humain.
Cela relève du domaine de la foi, selon les différentes croyances.
Pourtant, il n'est pas du tout contraire à la psychologie de croire à une vie au-delà de cette vie et d'agir en accord avec cette croyance.
La psychosynthèse comme telle n'a rien à dire là-dessus, mais elle peut beaucoup contribuer à offrir un abordage en favorisant une attitude saine dépouillée de tabous.
Le Soi est, au niveau personnel autant que transpersonnel, le principe organisateur de la vie, considérant les problèmes autant que les solutions concernant l’évènement de la mort.
Il est normal pour la personnalité de craindre la souffrance et l'inconnu de la mort, de même qu'il est normal, à la lumière du Soi spirituel, d'y voir un couronnement de la vie !
En termes psychologiques, la voie du Centre devient le fil d’Ariane qui nous permet d’avancer dans le labyrinthe de l’existence, sans cependant perdre définitivement le sens de l’orientation de la vie elle-même.
1.3 Territoire sacré
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La ' vie humaine ' est souvent métaphoriquement comparée à un pèlerinage à travers un territoire plutôt inconnu dont le parcours² et la destinée à un caractère sacré.
En fait, le voyage : est le cours de la (votre) vie, personne ne peut le faire pour nous (vous)-mêmes**, il n’a rien d’allégorique !
² le chemin, le chemin de vie...
** à notre place !
Il s’agit d’une voie intérieure plus ou moins parsemée de surprises et de désagréments, les unes semblent nous bloquer le chemin, d’autres nous révèlent l’émerveillement du paysage d’une montée vers les sommets de l’existence !
Dans ce chapitre, il sera question de la souffrance et de la jouissance, thèmes a considérés importants par rapport à la réalisation de soi !
1.3.1 Paradoxes de la souffrance
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La souffrance, soit-elle physique ou autre, est ordinairement considérée comme synonyme de peine et de mortification.
Elle peut comprendre :
en plus des épreuves :
- de la douleur,
- de la maladie,
- la difficulté d'accepter,
- le sens de l’incapacité de les surmonter,
On peut ou pas comprendre l’identification² que ces épreuves représentent, au point de percevoir comme une seule et même chose, par exemple :
les faits d’avoir une maladie et d’être un malade !
² le sens de la maladie !
Il faut aussi considérer aussi la ' souffrance inconsciente '* et de ces situations où il y a la difficulté ou l’incapacité d’une prise de conscience adéquate.
* le refoulement et le déni de la souffrance, en utilisant des stratégies de fuites - Voir Bessel Van der Kolk - le corps n'oublie rien !
Articles divers sur le traumatisme d'après le docteur Van der Kolk
Il y a un grand nombre de manifestations de la souffrance et maintes sont les voies/ sources qui conduisent : aux maladies et parfois à une forme de tortures physiques.
Ce sont des troubles ressentis plutôt au niveau psychologiques :
- fruits de l’oppression,
- de la discrimination,
- de l’exploitation humaine,
- de l’aliénation,
- de l’isolement,
- du manque d’affectivité,
- de la peur
- ou outres aussi de toutes formes de probation et d’insécurité sociétale !
Qu’est ce que c’est la souffrance ?
Au prime abord, la question semblerait inutile, tenant compte du fait existentiel d’une telle expérience effectivement commune au vécu de tout le monde !
Tout en étant différemment perçue, selon les personnes et les situations, elle est en plus passible de diverses réponses, et toujours difficile à concilier avec une conceptualisation parfois abstraite ou d'opinions variables.
De toute façon, un tel questionnement peut devenir fort utile en guise de pouvoir vérifier et de comprendre jusqu’à quel point il peut y avoir des associations et des attitudes appropriées ou inadéquates au signe de souffrance.
On peut comprendre la souffrance ou pas !
De l’expérience de la souffrance, on peut passer à la question de son sens !
À cet égard, il y a toute une gamme d’endoctrinements religieux et philosophiques, où les pires sont parfois les interprétations erronées soi-disant inspirées par toutes sortes de gourous.
Dans un extrême, le sens d’un châtiment relié à la faute de l’abus de la liberté par exemple, exigerait l’expiation !
Il y aura là, alors, le sens de la justice, voire d'une vengeance, fruit de la colère, parfois perçu comme une attitude divine.
À l’extrême opposé, il y a le sens d’une bénédiction, en rapport avec la maîtrise de soi qui devient la preuve et le témoignage de la vertu.
Il y a alors le désir mais pas le rejet de la souffrance, mais son acceptation vers une transformation², incluant les défis des signes de maladie et de son mystère !
² je parlerais plus en terme de guérison !
Le premier pas pour surmonter la souffrance est son accueil amoureux visant une transformation et non à son rejet.
Dans l’amour, il n’y a pas de place pour la condamnation, en dépit de tout de ce qu’il y a de pénible dans la maladie, en incluant les résistances, l’acceptation et à la transformation !
Fondamentalement, c'est plus qu’une notion ou une explication de la souffrance, compte l’attitude face aux défis et aux opportunités pour qui l’endure.
Il faut bien accepter la souffrance comme un fait et une réalité qui semble menacer la vie et qui n’épargne personne ! tout le monde est concerné !
Selon Alberto Alberti :
« Elle peut effectivement aboutir dans la pathologie, mais elle possède plus profondément une signification évolutive et progressive. »
C’est par le biais d’une attitude saine que l’on peut éviter que la souffrance s’enfonce dans la morbidité et se referme dans le pathologique !
Selon Bessel Van der Kolk
« Pour qu'il y ait un vrai changement, le corps doit apprendre que le danger est passé et à vivre dans la réalité du présent ! »
Les mythes religieux de la faute originelle et du concept de la loi du karma se comptent parmi les croyances les plus répandues en termes d’explications plus ou moins acceptées**, et plus ou moins remises en cause.
** incomprises
Il ne va pas de soi que les épreuves douloureuses de la vie peuvent être nocives pour l'être humain que nous sommes.
Pourtant, on doit considérer avec Assagioli, que la reconnaissance des bienfaits de la souffrance est loin de justifier son culte, et qu’il y a un appel à l’effort en vue de la soulager et si possible de l’éliminer en guérissant :
« On peut dire, un peu paradoxalement, que la douleur a de la valeur dans la condition et la mesure qu’elle conduit à sa propre élimination et à son propre dépassement ! »
Pourtant, le fait d’allier la douleur à une purification au point d’y voir un remède peut devenir un poison, c'est une contre indication que le remède peut être à la foi un moyen de guérison ou pire, un poison addictif qui finira comme une drogue qui ne guérit jamais le symptôme ni la maladie, elle se renforce !
La douleur est une alarme qui nous invite à prendre au sérieux les causes de la souffrance et ses manifestations, elle nous concerne tous !
De même que pour la joie, il y est toujours question d’une affaire collective !
Selon Bessel Van der Kolk
« La conscience du corps, nous met en contact avec notre monde intérieur - le paysage de notre organisme - Le simple fait de remarquer une irritation ou et une anxiété, nous aide aussitôt à changer de perspective en ouvrant peut-être une nouvelle option, différente de nos réactions habituelles ! »
Autant le plaisir que la douleur peuvent constituer un apprentissage !
Viktor Frankl considère :
« que la vie humaine peut être accomplie non seulement par la créativité et par la jouissance, mais aussi par la souffrance ! »
Il y est question d’un sens supérieur qui dépasse les limites de la raison !
Objectivement : la souffrance reste toujours en elle-même un vrai mal !
elle est comme un mauvais feu dont nous alimentons la flamme qui nous brûle !
Subjectivement : il y a un défi positif, dans le sens de l’engagement et de la persévérance portant à son irradiation².
² sa guérison !
Assagioli remarque :
« L’attitude spontanée de l’homme est celle de considérer ‘bon’ ce qui lui apporte du plaisir, et ‘mal’ ce qui lui cause de la souffrance. Mais lorsqu’il commence à réfléchir, à considérer l’enchaînement de causes et des effets... il s’aperçoit combien une telle évaluation reste souvent trompeuse. Il se rend compte qu’un ‘mal’ apparent a non rarement des effets bénéfiques, et qu’inversement, un ‘bien’ momentané peut avoir des conséquences assez désagréables ! »
Selon Ken Wilber :
« on ne doit pas nier, éviter ou mépriser la prise de conscience de la souffrance, ni la glorifier, ni s'y accrocher, ni la dramatiser ! »
Selon Alberto Alberti :
« L’abstraction et le refus d’accepter que l’on souffre constitue une pseudo-désidentification ! »
Ce qui semble un détachement est effectivement un refoulement.
C’est à travers la souffrance qu’il est possible de la dépasser.
À celle qui se présente comme une impasse, le Soi offre la conscience de son dépassement.
Assagioli définis le terme de la souffrance comme synonyme de malheur dans une situation d'attachement et de désidentification.
Il croit que nous sommes plus grands que notre douleur !
Face à l’inévitable, il reste encore la collaboration qui peut simplement commencer, tout en suivant son avis d'une bénédiction des obstacles !
Cela fait appel à une attitude d’observateur qui favorise la désidentification et le détachement.
Dans la perspective du Soi, il n’y est pas question de refus, mais de transcendance qui passe par la reconnaissance, la transformation et la sublimation face à la souffrance et la maladie.
Le fait de souffrir peut constituer un éveil de la conscience pour des réalités plus profondes auparavant insoupçonnées.
La douleur qui nous confronte avec nos propres limitations et celles des autres peut éveiller en nous le désir de la transcender ou de la transformer.
Jouissance et souffrance se présentent au prime abord comme des polarités, voire des opposés irréconciliables. Au point de vue existentiel, elles sont plutôt inséparables.
Selon Ken Wilber :
«c’est bon de faire la distinction entre plaisir et douleur, mais il est impossible de les séparer ! »
Une fois bien identifié le malaise et la personne que l’endure, il y a une porte ouverte pour sortir d’une impasse et pour trouver une perspective adéquate, tout autre que la passivité attribuée à l’endurance stoïcienne.
Alors la jouissance peut venir à la rencontre de la souffrance et l’intégrer au niveau d’un sens supérieur, voir au niveau d’une synthèse qui les inclut et les surpasse.
L’enfer de la souffrance qui semblait éternel devient alors une expérience, sinon le simple souvenir d’un apprentissage.
Le ciel de la jouissance qui auparavant semblait toujours passager et fuyant passe à se présenter comme une réalité à la fois présente et éternelle.
Le conflit disparaît alors entre la volonté de jouissance et le conditionnement de souffrance.
Le contraire de la joie, c’est la tristesse, mais il est possible de sentir la tristesse au niveau de la personnalité, tout en gardant la joie au niveau du Soi transpersonnel.
La tristesse n’est pas un synonyme de malheur, mais l’accueil de la tristesse est déjà au moins une semence de bonheur !
Une attitude positive peut aller jusqu’au point de ressentir le plaisir malgré la douleur !
Il n’est pas correct de considérer la joie incompatible avec la souffrance !
Le premier pas pour la guérison c’est l’accueil de la souffrance.
C’est une erreur de lui faire la guerre, puisque seulement en régime de collaboration on peut la transformer.
L’accueil fait appel à la transformation et au dépassement !
La souffrance est là pour passer à travers et non pas pour y rester.
Tant qu’elle persiste encore, elle est là non pas pour nous punir, mais pour nous guider.
L’épreuve peut dans l’entre-temps, faire partie de notre chemin, dans le sens de nous faire avancer, mais jamais elle est là pour constituer un objectif.
Face aux épreuves et aux exigences de la vie, au lieu de l'abstine et sustine (évite et endure) de la philosophie grecque, la psychosynthèse préconise l’acceptation des faits évidents, la collaboration avec l’inévitable et la transformation toujours possible de la souffrance !
Selon Assagioli :
« il y a une seule voie pour détruire la douleur : celle du dépassement, de la libération, de la réalisation spirituelle ! »
Face au mystère de la souffrance qui nous atteint, le fondamental c’est de l’accepter et de collaborer avec la situation, malgré ces propos qui peuvent encore s’avérer absurdes.
Il se peut qu’une telle attitude devienne un passage du mystère à la révélation.
Pour ce qui regarde la souffrance des autres, il fait appel à la compassion amoureuse qui doit être en même temps affective et effective :
« Ce n’est pas d’une simples émotion passagère, mais elle se traduit par un désir, un besoin et un propos d’aider efficacement les frères souffrants ! »
Le Soi n’ignore pas la souffrance !
Il vit dans la béatitude de l’être et ne peut pas s’identifier ni à la jouissance ni à la souffrance !
Le Soi en est le témoin qui maintient la béatitude foncière de l’existence, malgré la douleur ressentie dont il est consciemment impliqué et solidaire, mais en même temps détaché et indépendant.
Certes, le Soi participe et se sent affecté par toutes les souffrances, mais seulement dans ses manifestations et non pas dans son essence.
Plus, nous sommes identifiés au niveau du Soi transpersonnel, plus nous sommes conscients, sensibles, et en même temps désidentifiés par rapport à la souffrance, en étant plus libres.
Elle peut encore subsister comme une épreuve et comme un défi, voire même comme un drame, mais elle n’est plus tragiquement problématique et menaçante.
Tant que le moi personnel reste identifié à la douleur, le “pathos” de la vie, dans une attitude hypocondriaque dominée par l’épouvantail de la souffrance, il y aura l’accroît de la peine et la panique d’un cul de sac.
La conscience au niveau du Soi n’est pas synonyme de béatitude !
Il y a de la place autant pour l’extase que pour la peine, mais la façon de les envisager est de les intégrer sereinement et constructives.
On peut souffrir malgré nous et à cause de nous-mêmes !
Assagioli y voit une situation existentielle :
« qui nous oblige à la réflexion, à la connaissance de nous-mêmes, qui mets à nu des forces contrastantes, des conflits intérieurs, nous faisant ainsi reconnaître le besoin de les mettre ensemble, de les résoudre; qui nous oblige en somme à entreprendre la psychosynthèse ! »
Selon Alberto Alberti :
« la vraie pathologie de l’existence n’est pas la souffrance, mais la ‘solitude dans la souffrance’, n’est pas la ‘maladie’, mais la solitude dans la maladie. »
1.3.2 La joie au sérieux
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La souffrance n’est pas incompatible avec la joie !
Selon Assagioli :
« dans une occupation désagréable, pénible, il est possible, grâces à leur dépassement, de trouver l’occasion de joie spirituelle ! »
Il voit dans la joie, malgré l’apparence d’un paradoxe “ la possibilité de coexistence avec la douleur. ”
Il fait voir que la joie, au sens spirituel du terme, peut se manifester nonobstant par le manque d’harmonie et qui crée des conditions pénibles au niveau de la personnalité et particulièrement dans le corps physique.
En effet, au niveau du Soi : la joie est toujours présente, quoique souvent empêchée d’entrer dans notre domaine conscient !
Cela il l’explique par l’existence en nous à différents niveaux de conscience.
En fait : pendant que le niveau émotif souffre, un niveau plus élève peut jouir !
la joie n'exclut pas la peine ni la souffrance à des niveaux différents; elles peuvent co-exister en nous !
Pourtant, une telle transcendance n’a rien à voir avec l’indifférence. La joie est par elle-même source de compassion et de guérison !
On peut éprouver une joie profonde dans un travail, dans l'épreuve d'un obstacle à surmonter, pourvu qu'on soit conscient d'un sens supérieur !
On ne peut pas être heureux sans contribuer au bonheur des autres, et moins encore aux dépens de quelqu’un !
En effet, la joie est plus qu’un sentiment !
La joie est fondamentalement une énergie, toujours et partout disponible en nous-mêmes, elle s'évoque, se découvre et se cultive, quoique de façon détachée.
Plus qu'une acquisition de la personnalité, il s’agit d’une irradiation du Soi transpersonnel !
Les expériences agréables se traduisent à différents niveaux de satisfaction ! Le contraire produit des insatisfactions !
Le plaisir est relié à la satisfaction des besoins élémentaires plutôt à caractère physique et parfois possessif, tandis que la joie est reliée au sens du sublime et dépourvue d’attachement !
La béatitude est la communion ou l'identification avec la réalité universelle et transcendante !
Il s’agit d’un état de Félicité au niveau du Soi qui est au-delà des polarités :
bon et mauvais,plaisir et douleur,
joie et tristesse.
Le plaisir est jouissance;
la joie est un ravissement, la béatitude est une extase. Il y a en même temps une inclusion et une gradation.
Le pivot de la jouissance est personnel,
celui de la joie est interpersonnel,
celui de la félicité ou béatitude est universel, où il y a la communion avec tout, le sens d’être une parcelle consciente et vibrante de l’univers !
Ce n’est pas la même chose le sentiment joyeux et la joie.
Celle-ci est plus qu’un sentiment ou qu’un état émotionnel. L’étymologie des termes joie et jovialité dérive de Jupiter ou Jove, ce qui mène à l’idée d’un ' don divin ' qui dépasse toute perception et explication au niveau de la personnalité.
La joie est la transparence lumineuse du Soi spirituel.
Elle est alors présentée par Assagioli comme :
« un rayon vivant qui descend du soleil de l’esprit en illuminant et vivifiant la personnalité ! »
Cela constitue en même temps une manifestation du dynamisme de la vie et une énergie que l’on peut recevoir et conserver même dans les situations les plus difficiles.
Tel que l’on vient de souligner, la vraie joie dépasse et peut se concilier autant en plaisir qu'en douleur !
Il est donc possible d'en faire l’expérience d’une synthèse, au niveau transpersonnel, où la peine et la joie peuvent coexister sans incompatibilité.
La joie ne résulte pas directement d’une décision. Elle est conséquence spontanée d’un acte ou d’une situation, c'est une forme de cadeau qui peut arriver ou non, que l’on peut essayer d’accepter ou de refuser, ou même d’imposer quelque chose, mais qui prend ses racines à un niveau inconscient et qui semble échapper foncièrement au contrôle de la volonté !
Tout en suivant Jean de la Croix, on peut distinguer la joie passive et la joie active :
La première est un sentiment qui arrive sans que l’on puisse assez identifier la cause ou arrêter l’effet.
par exemple : un fou rire inexpliqué !
La deuxième est reliée à l’acte volitif qui est là tout simplement pour collaborer avec le sentiment éprouvé. Fort différent de la collaboration est de l’attachement, contraire à la spontanéité et à la gratuité de la joie.
Exemple : vous avez atteint un objectif, et vous êtes gratifier pour.
Nous pouvons éprouver de la joie, pleurer de joie, crier de joie, et aussi vivre la joie dans la sérénité d'une extase.
Les états affectifs ont ordinairement leur épicentre au niveau de la vie émotive...
De même que nous pouvons avoir une irradiation d'amour sans l’expérimenter au niveau du sentiment ou même en ressentant le contraire, ainsi, comme l'observe Assagioli :
« nous pouvons avoir la joie intérieure sans en avoir le sentiment ! »
La vraie joie ne constitue jamais une évasion ou un refuge. Elle se situe au-delà du plaisir et de la douleur, tout en restant un pivot d’intégration.
Autant la jouissance que la souffrance sont des polarités qui peuvent trouver leur synthèse à un niveau supérieur.
Toutes les deux sont alors passibles d’être valorisées.
La souffrance est capable de cacher la joie au niveau de la personnalité peut bien finir par nourrir le niveau
transpersonnel !
On peut avoir de la joie en surmontant un obstacle !
La joie est la lumière de l’Esprit au niveau du Soi transpersonnel !
Assagioli fait voir qu’elle arrive et devient une communion spirituelle dans l’amour et dans l’amitié !
Il nomme comme principaux obstacles à la joie :
l’égoïsme, l’avidité et l’attachement, par lesquels l’être humain a contaminé la pureté et la nature originelle de la joie et du plaisir, et créé une quantité d’excès de perversités et de dissonances, qui sont sources de maux et de douleur !
2 - Voies d’accomplissement
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
L’idée de la Voie est commune aux grandes traditions.
Le Taoïsme est directement relié au Tao, le Principe universel, c’est à dire littéralement la Voie, considérée celle-ci le Grand Chemin.
Les enseignements du Bouddha préconisent la Voie du Milieu, celle qui évite les extrêmes, et qui conduit à l’illumination.
La voie qui culmine dans l’accomplissement est désignée en Inde et au Tibet l’antakarana, comparée à celle que l’on trouve dans Bible sous la désignation de l’échelle de Jacob.
La Loi Divine de l’Islam est désignée le Shari’ah, dont la racine shr signifie le chemin.
Le Soufisme y voit le chemin vers Dieu.
Dans le Christianisme, la voie devient personnifiée, lorsque le Christ se présente comme étant lui-même la Voie.
Cela a porté les premiers chrétiens à s’identifier comme les Suivants de la Voie. En effet, dans son sens le plus radical, la Voie n’est pas quelque chose, mais plutôt quelqu’un.
C’est dans cette même perspective que l’Islam affirme qu’il y a autant de voies vers Dieu que de descendants d’Adam.
La mythologie et la littérature touchent bien souvent le thème de la voie.
Que l’on pense, à titre d’exemples, à l’Odyssée d’Ulysse, ou à celle de Dante dans la Divine comédie, de même qu’à celle de Parsifal dans la Quête du Graal.
Autant individuellement que collectivement considérée, la vie se présente comme une journée, voire comme un vrai pèlerinage en quête d’un sens et d’une réalisation en plénitude.
Confucius se considère lui-même d’abord comme un messager divin dont la mission principale est de transmettre la Voie.
En effet, il s’agit là d’une mission commune à tout le monde !
Il remarque cependant que c’est l’être humain qui peut faire la Voie importante, et non pas le contraire !
Selon Will Parfitt :
« Il y a autant de différents moyens de faire l’expérience du monde qu’il y en a de créatures vivantes ! »
Il y a la voie des autres et la nôtre !
Il y a toute une myriade de voies, mais une seule existe pour chaque individu appelé à la découvrir et à la suivre.
Chaque pèlerin a sa propre voie, mais il y a aussi un pèlerinage commun vers une terre promise, le sentier collectif, où la voie de chaque pèlerin qui converge jusqu’au sanctuaire commun que l’on peut considérer, en termes de psychosynthèse : celui du Soi universel où se manifeste l’unité dans l’harmonie et la joie de l’accomplissement collectif !
Les voies de réalisation sont des pistes et des moyens de réalisation.
Assagioli relie les voies de réalisation à l'expansion et aux états de la conscience !
Quoique schématiquement, il s’occupe de sept voies directement reliées à la psychologie différentielle.
Leur ordre reste chez Assagioli assez arbitraire, et lui-même considère que toutes les classifications sont approximatives et jamais définitives !
Le tableau suivant résume et compare ces éléments, tout en constituant l’introduction et l’ordre adopté dans la présentation qui s’en suit concernant chaque voie de réalisation :
Voies de réalisation
Voies - Types psychologiques - Rayon - Centres - Mots- clés :
Voie héroïque : volonté... Premier... Tête... Volonté, pouvoir.
Voie illuminative : amour... Deuxième... Cœur... Amour, sagesse.
Voie humanitaire : actif-pratique... Troisième... Gorge... Action, service.
Voie artistique : créatif-artistique...Quatrième...Base de l’épine... Harmonie, beauté.
Voie scientifique : scientifique... Cinquième... front... Connaissance, science.
Voie mystique : dévotionnel idéaliste... Sixième... Plexus solaire... Dévotion, idéalisme.
Voie rituelle : organisateur... Septième... Région sacrale... Organisation, rituel.
À remarquer que Assagioli présente ces voies de réalisation comme distinctes, mais non pas séparées, et encore moins divergentes.
Là-dessus, il clarifie :
« Alors qu'à la 'base' elles peuvent donner l'impression d'être en opposition, au sommet, elles convergent dans la synthèse d'une expérience commune ! »
Tout en considérant la diversité typologique, Assagioli fait voir que les voies de l’esprit sont multiples et ce pour chaque personne, il y a une voie qui correspond plus en consonance à sa propre constitution, à son tempérament et à sa propre position existentielle !
La voie spirituel n’est jamais faite ni pour les solitaires ni par les solitaires.
Elle est toujours une voie communautaire autant au niveau des principes que de son application.
2.1 Voie héroïque
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Appelée aussi : " voie de la volonté ", et « voie altruiste », cette voie est directement reliée à la maîtrise de soi et adressée au bien commun, surtout par le biais de la volonté.
C'est la voie où le pouvoir de cette fonction psychologique est particulièrement remarquable, ce qui ne veut pas dire qu'il s'agit d'une volonté forte à caractère victorien.
Se consacrer à des valeurs supérieures jusqu'au point où, s'il le faut, on arrive à sacrifier toutes les autres, n'implique pas que celles qui sont sacrifiées soient niées.
Au contraire, elles doivent être d'abord reconnues comme telles.
Il s'agit donc d'une sublimation et non pas d'un refoulement.
La maîtrise de soi est à la base du courage requis; le sacrifice n'est pas définitivement refusé !
L’aspect ténébreux de la voie héroïque est un abus de pouvoir qui devient dominateur, au risque d’arriver jusqu’à l’agression et à la tyrannie.
La grande tentation de la voie héroïque est celle de chercher des pouvoirs magiques à caractères noirs, despotiques, révolutionnaires ou exhibitionnistes !
La voie héroïque fait de la réalisation de soi une victoire sur soi-même et non pas sur les autres.
Si culte il y en a un : c'est celui de la vertu et non pas celui du héros avec un esprit de compétition; il pratique l'idéal du service et non celui du vedettariat; il cherche un appel intérieur et non pas de une recherche d'une gloire extérieure !
Le vrai héros n'est pas celui qui subit une grande épreuve, mais celui qui la surmonte !
En termes de psychosynthèse : on peut qualifier la voie héroïque comme étant celle la consécration de la personnalité au Soi transpersonnel, dans une sorte de conscientisation existentielle qui fait une synthèse entre le savoir-faire et le savoir-être.
Le savoir-faire y est le fruit de ce qu'on est, et la semence de ce que l'on devient.
Il fait partie intégrante du processus vital, en tenant compte que l'être humain se manifeste en même temps dans ce qu'il est et dans ce qu'il fait !
C'est pourquoi Assagioli considère comme un principe de justice la reconnaissance de la valeur de chaque être humain et de toute son activité même la plus humble !
Les vrais héros sont habituellement les grands inconnus qui ont le courage de surmonter les épreuves quotidiennes !
L'héroïsme est plus proche de la spontanéité du Soi transpersonnel que du courage de la personnalité, celui-ci ordinairement allié à l’instinct de l’auto- conservation.
Le héros s'identifie à son idéal et se désidentifie de son œuvre.
Dans la voie héroïque, le moi personnel fait preuve de confiance et de fidélité au Soi transpersonnel, jusqu'au sacrifice d’une soumission spontanée.
Tous les grands mystiques ont exprimé, chacun à sa façon,
cette confiance et cette fidélité à une volonté supérieure, en même temps exigeante et aimante !
2.2 Voie illuminative
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Appelé aussi " voie intuitive " ou " voie régénératrice ", et « voie de la conversion », cette voie a trait à l'intelligence et à l'amour, aussi bien qu’un aspect purificatoire comme une sorte d’alchimie spirituelle.
Il s’agit de la voie de la synthèse entre la tête et le cœur.
De même que la ' voie dévotionnelle ', la ' voie illuminative ' est caractérisée par le feu de l’amour.
Les mystiques parlent tout simplement du Chemin de la lumière.
La voie illuminative établit le contact entre la personnalité et le Soi supérieur, donnant lieu aux expériences transpersonnelles présentées par Asrani et reprises par Abraham Maslow comme " expériences du sommet "(" peak experiences ").
Les mystiques et méditants parlent surtout d'illumination !
La voie illuminative se caractérise par l'éveil intérieur, ou plutôt par une série d'éveils permettant une expérience existentielle de la vérité qui peut devenir plus ou moins permanente !
Le terme illumination inclut les différents degrés d’inspiration et éveilles de la conscience, sans être réservé aux grandes épiphanies à teneur mystique.
L’aspect ténébreux qui affecte la voie illuminative, contrairement à l’amour oblatif toujours libérateur, se manifeste en outre par l’amour possessif qui domine et peut aller jusqu’à se transformer en animosité et en haine !
Concernant la voie illuminative, la psychosynthèse propose l'utilisation des exercices et des méthodes destinés soit à faciliter la descente des énergies supérieures dans le champ de la conscience, soit à faire monter celui-ci au niveau supraconscient !
A l'intérieur de cette voie, l'intuition a un rôle particulièrement important à jouer !
Souvent c'est elle qui conduit à la sagesse faisant le trait d’union entre la volonté et l’amour.
Par le biais de cette voie, quoique par les autres aussi, un pont particulièrement important s'établit entre la psychosynthèse individuelle et la psychosynthèse interindividuelle ou sociale !
C'est pourquoi l'expérience illuminative de la psychosynthèse individuelle est tout à fait le contraire d'un intimisme privatisé** et asocial².
** égoïste, égocentrique
² anti social.
L'amour pour soi et l'amour pour les autres sont deux termes inséparables d'une seule et même synthèse.
Assagioli place la synthèse de la volonté et de l'amour au niveau du Soi, dans un état illuminé de conscience où il n'y
a plus place pour un agir personnel à caractère narcissique, égoïste et séparé !
2.3 Voie humanitaire
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Cette voie de réalisation est aussi désignée « voie éthique » et « voie du service actif », ou « voie de l’action sociale », orientée vers les causes humanitaires.
Assagioli lui donne aussi le nom de " voie du service humanitaire et de l'héroïsme ", tout en considérant que, comme la voie héroïque, elle est caractérisée par l'action.
Le service est effectivement l'expression caractéristique et indispensable de la ' bonne volonté '.
Dans la voie héroïque toutefois, l'accent est mis sur l'action elle-même, tandis que dans la ' voie du service ', elle est mise sur l'attitude intérieure !
La voie héroïque privilégie le : quoi ?, la voie illuminative qui approfondit : le pourquoi ?, la voie humanitaire précise le comment ?
Dans cette voie de l’action sociale : le travail revient comme un mot-clé, cette fois directement relié à l'objectif du bien commun qui lui donne un caractère ministériel.
L'histoire des trois tailleurs de pierre dont Assagioli se sert dans ses écrits, met en évidence combien la vision de ce que l'on fait dépend de l'état de conscience et des objectifs et attitudes qui en découlent.
Il s'en sert comme récit médiéval dans lequel quelqu'un s’adresse à trois tailleurs de pierre œuvrant sur un chantier de construction, tout en leur posant, à la fois, la question suivante :
" Qu'est-ce que tu fais ici ? "
- " Ce que je fais ?, lui répond le premier de mauvaise humeur, tu ne vois pas que je suis en train de travailler la pierre ? "
- La réponse du deuxième constitue un mélange de révolte et de résignation : "Je suis en train de gagner de quoi vivre et faire vivre les miens ! "
Quant au troisième, il s'exclame plein de joie : "Je suis en train de construire une cathédrale ! "
Cette dernière attitude révèle le débordement de soi-même et le sens altruiste qui donnent à l’action la plénitude de son sens, incluant conjointement le bien social et la saveur d’un épanouissement individuel.
Assagioli considère :
« Le dévouement envers les autres, le service rendu à l’humanité constituent une des meilleures sources de joie. Le premier bénéfice est celui de nous oublier nous-mêmes et de sortir de la cabine d’acier de la personnalité ! »
La voie humanitaire prouve combien la réalisation de soi va
de pair avec celle de la communauté humaine et l’une ne peut pas se dispenser de l’autre !
Tout travail** est un esclavage tant que l'on ne découvre pas et que l'on ne respecte pas notre dignité humaine qui lui confère une vraie signification du terme : travail !
** emploi, poste de travail, fonction...
La connaissance du ' qui ? ' permet la conscience du ' quoi ? '
La conscience de ce qu'on fait agit sur ce qu'on est !
Il y a des déviances possibles dans ce domaine, tout en alliant la servitude esclave au manque de collaboration et de respect mutuel, de l’imposition à la manipulation, de l’indolence à l’apathie !
2.4 Voie artistique
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Assagioli se réfère à la « voie esthétique ou créative », comme étant la " réalisation personnelle à travers la beauté ! "
Cette voie fait de la psychosynthèse à la fois une science et un art.
Elle nous met en contact avec la réalité ontologique de l'être, où bonté et beauté vont de paire !
C'est la ' voie esthétique ' qui nous aide à atteindre l'essentiel, tout en dépassant la caducité de sa forme.
Platon va jusqu’à dire : « que le but de toute éducation est d’apprendre à aimer la beauté ! »
À l'instar de Platon, l'esthète traverse le seuil de la forme pour aller à la rencontre de la beauté et de la pérennité intrinsèques de la réalité, là où la réalisation de soi devient synonyme de contemplation, d'extase, d’inspiration et
d’expression !
L'artiste ne confond pas la beauté et la forme; il aime sa voie, mais il ne s'identifie pas à sa voie.
Il est le voyageur et l'explorateur qui passe de la satisfaction d'une expression à l'insatisfaction face au bout de chemin encore à faire vers la rencontre de l'absolu, là où la réalité peut finalement apparaître et être exprimée dans toute sa nudité, son originalité, sa splendeur, et sa beauté.
Le Soi transpersonnel est l’artiste en nous qui nous identifie avec la beauté, au-delà de toute laideur.
L’artiste sent que son œuvre reste toujours un essai pour une autre œuvre qui doit dépasser.
Il y a le sens de l’authenticité accompagné du souci de l’originalité, de façon à rester toujours originale par rapport conjointement à soi-même et à son œuvre !
La voie artistique apprend à faire de l'œuvre d'art le processus d'une réalisation continuelle, à faire de la forme un passage, et de la beauté un idéal.
Cette voie, comme toutes les autres, comporte à la fois des avantages et des dangers !
Il y a l'avantage de progresser dans la réalisation de soi, mais aussi les dangers que sont notamment l'attachement à la forme, le découragement et l'esclavage, vis-à-vis des tendances inférieures comme : la jalousie, le pragmatisme, l'élitisme...
L’aspect ténébreux opposé à ' la voie artistique ' va de l’inesthétique au culte de la laideur, de la frustration au perfectionniste jusqu’à l’indécision paralysante !
Avec Assagioli, le fondateur de la psychosynthèse, il faut bien noter que toutes les inspirations ne proviennent pas de la même source, et que toutes les manifestations artistiques n'atteignent pas le même niveau d'expression !
Il peut arriver que l'œuvre d'art puise même les énergies de l'inconscient inférieur et manifeste plutôt des besoins instinctuels et le côté passionnel.
Dans ce cas, il peut y avoir des effets négatifs et donc une orientation opposée à celle de la réalisation de soi.
Assagioli illustre le contraste en ces termes :
« Un esprit élevé tend spontanément à contempler avec pureté la beauté visible, en éprouvant des émotions esthétiques supérieures... »
Il n'est pas surprenant de voir le type créatif artistique progresser plus aisément que tous les autres dans la voie esthétique !
Mais, on ne doit pas ignorer pour autant ses hésitations et son découragement, voire son échec dans le parcours de cette voie !
Souvent, il s'agit plutôt d'un tiraillement, d'une rébellion de la personnalité face aux difficultés d'expression.
Au rang des grands modèles d'une volonté ferme et tenace dans le domaine des arts, Assagioli cite :
Michel-Ange, Beethoven et Renoir.
La voie artistique ne peut pas être confinée seulement au domaine des beaux-arts, sans tenir compte d'abord et avant tout de l'être humain lui-même qui est le chef-d’œuvre de la création et qui doit constituer l'œuvre d'art par excellence !
Assagioli écrit de sa main :
« La vie est un bel art – plutôt le plus beau parmi les arts ! »
Selon Pier Bonacina :
« chaque être humain peut activer en soi-même le processus créatif et se transformer dans l’artiste de soi-même ! »
Faisant appel à la ' beauté intérieure ', la ' beauté morale ', la ' beauté de la pensée élevée et harmonieuse ' des sentiments nobles et généreux et de nos actes héroïques... Assagioli attire l’attention que l’œuvre d’art reste toujours à découvrir en dévoilant l’être humain !
Plus fondamental, c’est de considérer la vie comme un art et chaque personne comme un artiste !
Suivant cette voie, nous pouvons mieux apprendre qu'une telle réalisation est en même temps un tâtonnement d'une recherche, de la révélation de l'être, et d'un émerveillement d'une trouvaille, le eurêka de l’auto-identification jumelé à la co-identification !
Dans la voie artistique, il y a une co-identification entre sujet et objet, entre contemplatif et contemplé !
Selon Kahlil Gibran :
« la beauté n’est pas un désir mais une extase ! »
2.5 Voie scientifique
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Aussi désignée par Assagioli comme « voie cognitive », et " voie scientifico-philosophique ", la voie scientifique est caractérisée par l’intelligence active.
Elle conçoit et présente le monde des idées, des choses et des faits sous la rigueur de la logique !
Il y a une conjugaison de la science et de la philosophie qui utilisent la raison dans la recherche des causes et des significations les plus profondes, pouvant dépasser et mettre en questions les données des sens parfois illusoires !
La voie scientifique invite à sortir de l’étroitesse de l’anthropocentrisme et de l’utilitarisme arrogant.
Selon la remarque de Piero Ferrucci :
« on apprend à adapter nos schémas² au monde, au lieu de tenter de faire le monde en conformité avec nos propres schémas² ! »
² on pourrait remplacer ce mot par règle (règlement) ou même par Lois (législation).
Malheureusement, comme il note :
« la science est bien plus souvent associée à la certitude et à l’arrogance qu’à l’humilité et à l’émerveillement ! »
Les développements à caractère mécanique de plus en plus sophistiqués prouvent l’efficacité et l’importance de cette voie qui est effectivement plus matérialiste dans l’apparence que dans la réalité.
Considérant avec Assagioli combien elle permettrait à l’humanité de se libérer de fatigues plus lourdes et abrutissantes !, en diminuant les heures de travail, et par la voie de conséquence : l’opportunité pour tous d’avoir du temps et de l’énergie disponibles pour se consacrer à des activités : culturelles, artistiques, et spirituelles !
Les scientifiques sont arrivés – peut-être malgré eux-mêmes – aux mêmes conclusions auxquelles est arrivé, depuis milliers d’années, la pensée philosophique plus mature, c’est-à-dire à la reconnaissance que le monde physique tel que nous le percevons, est ‘ phénoménologique ’ c’est-à-dire apparente, et qu’à l’intérieur et au-dessus de ça réside le monde de la réalité formée d’énergie et de pouvoirs intelligents.
La voie de la connaissance n'est plus celle d'une seule science, mais la somme de l'orchestration de toutes les sciences, chacune jouant un rôle spécifique dans un patrimoine commun, où la psychosynthèse, de même que les autres disciplines, doivent être toujours relativisées comme une approche considérant ses propres limites !
Assagioli explicite là-dessus :
« Dans le domaine psychologique, toutes les affirmations et toutes les doctrines sont présentées sous réserve; elles sont toujours relatives et jamais absolues ! »
L’aspect ténébreux de la voie cognitive se manifeste par l’obsession analytique, les préjugés, l’absence de sensibilité aux autres, l’arrogance, le misonéisme et le dogmatisme !
Le progrès dans cette voie permet de constater l'écart entre le savoir ou le savoir-faire non seulement d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi d'aujourd'hui et de demain !
Étant donné que la voie cognitive ou scientifique se trouve étroitement reliée aux qualités et aux limites caractéristiques du type scientifique.
Il faut tenir compte des données de la psychologie différentielle, tout en remarquant qu'aujourd'hui, plus que jamais dans l'histoire de l'humanité, que l'homme de science se trouve en mesure de transformer le monde mais aussi de le détruire !
2.6 Voie mystique
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Cette voie est caractérisée par le dévouement à une cause, un idéal ou une entité considérés comme supérieurs. Elle est également appelée la « voie dévotionnelle », ou alors, dans un sens plus spécifique et restrictif, la « voie religieuse ».
La voie de la dévotion est la voie du cœur ou voie de l’amour, désignée en Orient le ' bhakti-yoga ', caractérisé par le dynamisme d’une aspiration !
Elle se rapporte à la contemplation et aux diverses expériences à l’intérieur du mysticisme, telles que décrites dans les écrits des mystiques soient-ils Indiens, Bouddhistes, Perses, Grecs, Islamiques, Chrétiens...
La dévotion implique un attrait et une tendance vers quelque chose ou vers quelqu’un.
Cette voie de réalisation de soi est naturellement la plus accessible aux individus et groupes appartenant au type dévotionnel-idéaliste.
Les caractéristiques de ce type psychologique sont assez proches de celles du type amour !
En Orient, la voie dévotionnelle a été une voie tout particulièrement privilégiée. Sans mettre de côté la voie de la connaissance aussi tenue en considération par les Upanisads, la Gîta met l’accent sur la bhakti, consacrée à la promotion du bhakti yoga. Il y a dans la voie dévotionnelle ou mystique beaucoup d'affinités avec la voie illuminative, mais aussi des différences.
Les deux voies privilégient par exemple la volonté et l'amour reliés à un idéal !
Cependant, ceux qui suivent la voie illuminative ont tendance à donner de la souplesse à la volonté et à suivre la spontanéité de l'amour,
tandis que les adeptes de la voie dévotionnelle manifestent souvent une rigidité plus ou moins accentuée de la volonté, et dans l'intensité de leur amour, il y a souvent un point focal qui laisse dans l'ombre les autres éléments.
La voie illuminative est semblable à un feu ou à un flambeau, alors que la voie dévotionnelle ressemble à une lentille d'un phare !
La voie mystique ou dévotionnelle est souvent étroitement reliée à la voie du service actif.
Cependant, elle peut aussi cacher, sous la réalité ou les
apparences d'un service, des objectifs de domination, faisant du pouvoir le vrai leitmotiv d'une fausse dévotion.
On comprend la voie dévotionnelle comme étant la voie du cœur plein :
- de sensibilité,
- de générosité,
- de vulnérabilité, prêt à donner et se donner !
Le côté ombreux de la dévotion est le fanatisme.
Piero Ferrucci en offre des exemples historiques :
« Les Croisades, l’Inquisition, les guerres religieuses, la chasse aux sorcières, le brûlage des hérétiques, et le terrorisme, tous sont des exemples pleins d’horreur concernant la perversion possible de cette voie ! »
En plus d’un manque de discernement, il y a un attachement obsessionnel à la fois volitif et de diriger une forme d'ordre émotionnel sous formes d'idéologies à se plier à une cause, à une autorité parfois autoritaires.
Pour progresser dans cette voie, il est fondamental de cultiver une volonté transpersonnelle reliée au Soi spirituel, de façon à dépasser ses aspirations et ses comportements à caractères : égoïste, partisan, élitiste, absolutiste, démagogique ou asocial.
L'idéal dévotionnel, qu'il soit religieux, psychologique, politique, sportif, professionnel ou autre, est caractérisé par les dyades parfois dangereuses du ' guide-guidé ' ou ' maître-disciple '.
La mystique d'un idéal fait appel à la discipline, souvent à une grande ascèse comportant aussi un esprit malsain de sacrifice et de renoncement et d'obéissance parfois inconscientes voire aveugles !
Il arrive que cette dernière soit imposée et acceptée dans des circonstances qui font du guide un gourou dominateur, et du guidé un automate², comme c'est le cas de l'obéissance aveugle à un maître, qu'il soit gourou, politique, supérieur de quelqu'un, y compris une entité divine.
² mouton !
L’aspect sombre de la voie mystique se manifeste par l’étroitesse d’esprit, le fondamentalisme qui caricaturent la mystique plus comme un engagement.
Quel que soit l'idéal envisagé, il n'y a pas de vrai mysticisme !
Le vrai mystique est capable de se retirer dans son monde sans se couper du monde. Il se désidentifie de son milieu pour mieux le servir !
La voie dévotionnelle recèle souvent la tentation d'un refuge dans le monde de la rêverie !
La voie mystique est en même temps recueillement dans l'action et dans le recueillement.
Le mysticisme a toujours et partout privilégié différentes techniques de méditation dont le recueillement où l'environnement où le silence devient son sanctuaire.
La voie de la dévotion offre plus de chances d'aller au cœur de la vie et d'y faire le temple et le lieu d'une convergence au niveau de l'expérience du Soi spirituel, à la fois particulier et universel. Elle est parfois appelée la « voie du retour », ce qui indique le besoin de retourner à la source et à ce qui est le plus originel !
2.7 Voie rituelle
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Dite aussi la « voie cérémoniale », ou « voie organisationnelle », cette voie a eu beaucoup d’applications en outre de types religieux.
Le sens et la technique du rituel ont été approfondis et divulgués en Orient par la discipline de la mudra, et en Occident, par celle de la liturgie.
Celle-ci est particulièrement référée au culte d’adoration rendu à la divinité.
Elle sert aussi à vénérer des personnes considérées comme des modèles de sainteté, pouvant aussi s’appliquer au traitement de quelque chose sensée d’avoir un rapport de dévotion avec le domaine sacré !
Le cérémonial, terme qui provient du culte rendu à Cérès déesse romaine de la fertilité, contient un l’ensemble de rites prescrits et utilisés dans un culte, une fête, un hommage ou une commémoration donnée.
La voie rituelle permet de mieux exprimer la vie réelle, notamment au plan interpersonnel.
L'harmonie des rites encadre l'être humain dans l'eurythmie de la nature et de tout l'univers !
Les Écritures védiques prescrivent minutieusement des actes rituels. Les moudras : gestes corporels, utilisés dans les rituels bouddhistes, sont coordonnées avec le chant sacré.
Les moines tibétains vont jusqu’à faire quelques centaines par jour de grandes prostrations, tout le corps étendu par terre.
Le Confusionnisme fait de la voie rituel l’expression des rapports humains.
En tant qu’expression de la religiosité, bien souvent elle a été trop formelle, sans exprimer de façon adéquate les événements, les expériences, les aspirations et les inspirations de la vie réelle.
Elle demande d’être, en même temps, partie intégrante et consciente, célébration et célébrant !
La voie rituelle tend aussi à se fixer dans les stéréotypes, à faire des rapports humains une bureaucratie et du pouvoir une armure de contrôle.
Le rituel et la vie vont ensemble comme éléments d’un tout essentiel.
Lorsqu’on perd le sens des rituels², comme les rites de passage, on perd aussi le sens de la vie !
² aussi des valeurs humaines et sociales entre nous !
Cela vaut autant pour les individus que pour les collectivités.
Le rituel est bien plus qu'un conventionnalisme. Il constitue une expression essentielle à la vie !
Les rites constituent le psychodrame d’une mise en scène : visuelle, sonore, sensible et gestuelle.
Ils ont une dimension, à la fois : individuelle, culturelle et spirituelle, qui est source d'identification et d'expression, de libération et de développement, de santé et de guérison !
Les différentes religions et traditions ont leurs lieux et leurs temps sacrés, leurs divinités et leurs idoles; leurs célébrations et leurs rituels propres, parfois avec des prescriptions minutieuses. Le danger est toujours là, de sacrifier sa participation à une forme de spectacle* !
* mise en scène !
Ce qu'on appelle les " rites de passage ", de même que les fêtes saisonnières, traduisent chez tous les peuples et à travers le temps l'importance accordée à cette voie de réalisation.
C'est particulièrement à cette voie que l'on doit associer le cérémonial :
- civique,
- le théâtre,
- la musique,
- la danse et le folklore,
- de même que la gymnastique,
- les cortèges et les parades
- et les sports...
Il s'agit d'un besoin d'exprimer et de célébrer la vie dans toutes ses manifestations*, y compris celle de la mort !
* ses formes
Le rituel fait partie de l’instinct, diversement manifesté dans la vie des insectes jusqu’à celle des poissons et des mammifères.
Il englobe souvent l’expression corporelle dans le rapport avec autrui.
La danse est commune à la nature en général, au niveau de tout l’univers.
Chez l’humain, elle concerne tous les âges et toutes les cultures !
Elle traduit et peut provoquer différents états d’esprit incluant des altérations de conscience, nommément son élévation et son expansion fruit de l’harmonie créée et partagée.
Ferrucci y voit un aspect sacré :
« il ne s’agit pas tout simplement d’activité physique, mais d’une voie de réalisation du Soi, dans les profondeurs de notre être, dans une exultation illimitée, une joie en plénitude, et de l’énergie sans extinction ! »
Tout n’est pas spontanée, et moins encore arbitraire dans la voie rituelle.
Le type organisateur est particulièrement apte à promouvoir de façon ordonnée et fascinante cette voie de réalisation.
La voie rituelle est assez proche de la voie artistique, car toutes deux mettent l'accent sur l'expression et la forme.
Cependant, la voie artistique est plus centrée sur le contenu, alors que la voie rituelle privilégie la forme par le biais d'un rite approprié à chaque événement célébré !
C'est le savoir faire qui établit le lien entre le rite ou le geste, et le contenu du vécu qui doit l'inspirer.
Les figures, les mouvements, les objets et les expressions utilisées sont souvent symboliques et allégoriques.
Toutefois, pour être significatifs, ces éléments doivent éviter l’informel !
C'est pourquoi le formel et le conventionnel prédominent dans la voie rituelle, caractérisée par le sens de l'eurythmie qui valorise l'harmonie.
Le rituel fait appel à son actualisation, fruit d’une participation consciente et d’un examen critique, sans quoi les rites se vident de leur sens.
Coupés de leur vraies significations, les rites et les cérémonies peuvent devenir des automatismes aliénants², voire des formalités hypocrites, sinon même téméraires et malsaines.
² sectaires !
On peut penser aux rituels qui font de la magie noire au simple complaisance destiné à sauver des apparences.
Dans l'expression religieuse, le recours à cette voie peut se présenter comme un devoir imposé où la formalité finit par se substituer au sens de la voie utilisée.
Par rapport au rituel religieux, Assagioli met en garde :
« contre l’illusion confortable selon laquelle il suffirait d'assister passivement (et souvent distraitement) aux rites pour obtenir les bienfaits de Dieu et pour avoir ses bons comptes en ordre avec Lui ! »
La ritualisation de la vie est une façon de trouver et d’exprimer notre humanité.
Toutes les activités individuelles et collectives se déroulent dans un certain rituel !
Dans la pratique, rarement on accepte le jeu dans le rituel. Lorsque celui-ci se rend trop rigide, il devient insipide !
Chaque rituel combine inséparablement les dimensions
individuelle et communautaire, sans quoi il devient une formalité dépourvue de sens et vouée à l’indifférence.
L’univers tout entier, des atomes aux galaxies, suit et vit un rituel qui semble à la fois rigoureusement programmé et librement exécuté !
Les individus appartenant au type organisateur sont le plus attirés vers la voie cérémoniale ou la voie rituelle.
Au niveau du savoir-faire, ils ont davantage les qualités requises pour progresser et conduire les autres à travers les sentiers de cette voie :
- volonté,
- discipline,
- sensibilité,
- créativité,
- et sens pratique.
En l'absence de telles qualités, ou suite à leur déformation, prévalent soit l'expression anarchique² soit le formalisme routinier !
² totalitaire
Les deux sont tout aussi possibles autant dans un cours de psychologie que dans une cérémonie religieuse.
Pire encore serait l’utilisation du rituel à des fins douteuses, voire nuisibles. Outre la superstition, l’une des déviances du rituel c’est la magie noire. La sorcellerie et maintes d’organisations plus ou mois sécrètes font souvent recours à la voie rituelle !
La pratique des rites privés de leur signification spirituelle, constitue d’après le Bouddha, un des obstacles à l’illumination !
La surestimation de la forme transforme le rituel en formalisme !
Ce qui rend ordinairement fatigant par rapport à la voie rituelle c’est l’ennui : fruit de la routine, aussi bien que la bureaucratie avec toutes ses formes paralysantes de contrôle.
La psychosynthèse peut faire des différentes manifestations de la vie des rituels variés et attrayants.
Assagioli a doté son approche psychologique d'un nombre considérable d'exercices qui constituent une sorte de cérémonial relié aux différentes situations existentielles et à divers objectifs.
La voie rituelle est par excellence la voie de la désidentification et de l'auto identification qui permet à l'être humain de se réaliser dans la conscience d'être en même temps : auteur, acteur et spectateur de son vécu !
La réalisation de soi est composée de toutes les voies que l’on vient de présenter et elle fait appel à leur complémentarité !
Imagées comme sept faces d’une pyramide, elles peuvent, surtout à la base, représenter une coloration distincte et contrastante, ainsi qu’une orientation opposée.
Cependant, tout en montant, elles se rejoignent, tout en permettant, au sommet, l’expérience d’une synthèse.
Le fait de privilégier une voie quelconque ne doit jamais signifier l'exclusion et moins encore le mépris des autres.
L’approche psychosynthétique est là pour les considérer, les associer et les intégrer, sans exclure, ni dévaloriser ou ni surévaluer n’importe qu'elles.
Aucune voie de réalisation en particulier ne constitue la voie de la réalisation. Celle-ci, en termes psychosynthétiques, est la voie du Soi supérieur et le centre intégrateur.
Selon Assagioli :
« le développement spirituel de l'homme est une aventure longue et ardue, un voyage à travers de pays étrangers, pleins de merveilles mais aussi de difficultés et de périls ! »
Il ajoute :
« La réalisation est sans fin – du personnel au transpersonnel, du transpersonnel au Soi du groupe, et d’ici au Soi universel ! »
La vie est considérée un pèlerinage !
Les Écritures bibliques parlent de la Terre promise et les Écritures bouddhistes du passage à l’autre rive du fleuve !
L’inconnu fait partie de la démarche qui donne lieu à la découverte !
Le parcours de chaque voie représente un élargissement et une ascension de la conscience.
Plus haut on monte vers le sommet, plus les voies présentées se rencontrent au niveau d’une synthèse qui est la voie du Soi.
Ce sont tous des chemins qui mènent à un but unique, celui de la réalisation du Soi.
C’est cette voie qui se trouve déjà au moins implicitement indiquée, dès un premier écrit du concepteur de la psychosynthèse :
sa fable du Roi intérieur, lors de la découverte du château, derrière les nuages, en haut de la montagne, faite par un jeune aventurier !
L’éducation psychosynthétique prend au sérieux les questions suivantes :
D’où est ce que je viens ?
Où est ce que je me trouve ?
Quelle est ma destinée ?
Quelle est la voie pour y arriver ?
Pour favoriser des réponses la psychosynthèse présente des informations internes et propose des exercices pratiques, notamment la visualisation de l’ascension de la montagne et la rencontre avec un personnage symbolisant la sagesse et l’accueil !
Pratiquement on découvre le chemin en cheminant, sans forcer la marche ni anticiper la direction !
Pour ce qui concerne la démarche, la psychosynthèse offre la direction et indique les étapes successives, tout en faisant appel à la décision et à la persévérance du voyageur !
Il y a les voies individuelles et les voies collectives aussi.
Elles se croisent, elles se conjuguent et elles se complètent.
L’identification des voies collectives se trouve particulièrement reliée à l’inspiration des grands génies de l’humanité.
Leurs parcours et leurs tournants majeurs dépendent et font
appel à des guides charismatiques dont l’Histoire fait mention dans les différents domaines du savoir, du savoir-faire, du savoir-être et du savoir-vivre !
3 - Au cœur du savoir-vivre
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Par le biais de la théorie de la relativité, Albert Einstein a mis en question les notions du temps et de l’espace, ce qui porte à ne plus absolutiser nos concepts et nos perceptions à leur égard !
La conception de Newton n’est plus un dogme scientifique.
Psychologiquement parlant, notre propre conception du temps varie au cours de l’âge selon les états d’esprit, sans correspondance avec le temps chronologique !
D’un âge à l’autre, d’une personne à l’autre, d’un peuple à l’autre, il y en a des perceptions diverses et des rythmes différents !
Ordinairement le bébé n’a pas la notion du temps dans sa première année et il utilise le présent au cours de la deuxième année. Par après, il passe à la notion de demain et d’hier, et seulement vers l’âge de cinq ans, il parle de l'après-midi et de l'avant midi.
Selon Assagioli :
« On trouve toujours du temps pour les choses qui ont pour nous de l’importance et une valeur vraiment vitale. »
Pourtant, maintes sont les complaintes au sujet autant de perdre son temps que de ne pas avoir assez du temps !
C’est plutôt une question de motivation et d'état d’esprit !
Il est à noter jusqu’à quel point le sens du présent, faisant de l’abstraction du temps chronologique, dépend de l’intensité de l’intérêt mis dans l’action !
On peut parler alors du temps psychologique, qui nous semble passer : rapidement, lentement , ou même qui s'arrête, ce qui ne correspond pas du tout au rythme chronologique.
Selon Piero Ferrucci :
« dans l’inconscient, le temps ne coule pas, ou il coule d’une manière différente ! »
Le temps chronologique, quoique mesuré de façon conventionnelle par la raison, est égal pour tout le monde.
Le temps psychologique, est à la merci de l’émotion, et varie selon les individus et les circonstances vécues.
Au niveau du Soi, on est au-dessus du temps et de l’espace;
on est dans le domaine de l’éternel et de l’infini !
Avec le développement et l’expansion de la cybernétique, on a créé toute une expérience synthétique de la réalité qui porte à mieux comprendre, en termes existentiels, combien le maintenant comprend le présent, le passé et le futur.
La vision d’une Conscience cosmique, selon Richard Bucke, est celle du Point Oméga.
Selon Pierre Teilhard de Chardin, aussi bien que celle de la Synthèse suprême, selon Roberto Assagioli, risquent de se transformer en projections aliénatrices souvent mal comprises.
Si on les conçoit comme il faut, hors d'un espace et du temps, tout à fait mais dans l’ici et le maintenant, elles deviennent capables de refléter une plénitude de la vie, et de nous centrer au cœur de notre propre existence !
3.1 Ici et maintenant
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Dans une des notes manuscrites de Roberto Assagioli, on trouve la réflexion suivante :
« Beaucoup de monde ne vit pas dans le présent: la plupart de leur intérêt, de leur attention concernent le passé ou le futur; ils gardent les souvenirs ou regrettent les choses passées et se tourmentent avec des choses qui peuvent arriver ! »
Alors le passé devient une attache et le futur peut devenir un cauchemar !
Le passé et le futur peuvent devenir effectivement les grands obstacles du présent !
Souvent l’être humain semble avoir une double citoyenneté, celle du temps et celle de l’éternité, sans pouvoir en jouir.
Une telle attitude remplace le fait existentiel par un vide existentiel, dans la mesure où elle fait du présent une sorte d'écart entre le passé et le futur. L’essence de la réalité finit effectivement par échapper aux mesures de temps et d’espace !
Selon Albert Einstein :
« le temps et l’espace sont des modalités de notre pensée et non pas des conditions de la vie ! »
Il est question plutôt d’états de conscience !
Dans le sommeil, on perd la notion commune du temps et au cours du rêve, on est en syntonie avec le présent !
Dans la perspective du Soi, il n’y a plus l’un avant l’autre, après l’autre, ou à l’extérieur de l’autre, mais tout simplement l’un avec l’autre, dans une distinction sans distance ni séquence.
L’individualité et l’universalité sont deux aspects de la dimension du Tout.
Passé et présent se fondent dans la synthèse du Toujours !
Commencement et fin convergent dans l’ici et maintenant !
La notion linéaire du temps devient une limitation, considérant que les divisions entre passé, présent et futur sont arbitraires !
Selon Maître Eckhart :
« La plénitude du temps est quand le temps n’existe plus. À son niveau le plus élevé, l’âme est au-delà du temps. »
Il va jusqu’à observer dans le temps le plus grand obstacle à la vision de Dieu.
C’est hors la conception linéaire que le taoïsme conçoit le Tao, sans lieu ni temps; que le soufisme parle du ma’rifa; et que le bouddhisme tient compte du prajna.
La philosophie bouddhiste, qui s’inspire de l’hindouisme, insiste sur l’aspect illusoire de l’espace et du temps.
Elle va jusqu’au point d’affirmer que la réalité ultime est le Vide, ce qui pourtant n’est pas synonyme de nihilisme.
Le temps et l’espace proviennent d’une perception partielle respectivement de l’éternel et de l’infini.
L’illusion concernant l’espace se doit au fait de seulement saisir la continuité dans le domaine de l’ubiquité.
L’illusion par rapport au temps ne concerne pas son existence, mais le fait d’en faire un substitut de l’éternité laquelle inclut et transcende le temporel.
On peut envisager l’espace et le temps comme deux sous-personnalités destinées non pas à être éliminées, mais à être intégrées, fruit d’une identification croissante avec l’infini et l’éternel dont la synthèse existentielle est l’ici et maintenant.
Il n’y est pas question de schizophrénie par rapport à la personnalité.
Assagioli dit :
« C’est difficile mais possible de vivre, en même temps, dans l’éternel et dans le temporel ! »
Avec les psychologies existentielles, notamment la Gestalt-thérapie, l’approche psychosynthétique souligne l'importance du présent, contrairement à la psychanalyse qui investit des énergies considérables à dévoiler le passé !
Dans l'ici et maintenant, convergent l'expérience acquise et la vision du futur !
Cela peut alors devenir une expérience de l'éternité qui se conjugue toujours avec la nouveauté. Le présent est ainsi un laboratoire permanent de révélations.
L’éternité : est tout simplement la perception globale, le fruit d’un état de conscience qui englobe et dépasse le sens chronologique perçu au niveau de la personnalité.
La conscience au niveau du Soi rend présents tous les instants du temps !
Le souvenir et l’attente, le passé et le futur deviennent des aspects essentiels du présent !
Paradoxalement, il y est question de somme et d’absence de temps !
Au niveau du moi personnel, l’espace et le temps sont à la fois références et limitations.
Au niveau du Soi, on peut avoir le sens de l’éternité, mais au niveau de la personnalité, l’appel à la dimension éternelle risque de se transformer dans une évasion² aliénante, lorsque radicalement on prend le temps comme illusoire.
²une peur aliénante
L’important c’est de pouvoir concilier, au niveau d’une synthèse, l’expérience que l’on peut avoir autant du temps que de l’éternité !
Au niveau de la personnalité, temps et espace deviennent des éléments indispensables à notre identification et, en termes de référence, et à notre indépendance !
Il y a le temps et notre propre temps, l’espace et notre propre espace !
Au niveau de la personnalité, il y a une tension entre :
- ce qui est passé,
- le déjà du présent
- et le pas encore au futur !
Le présent conjugue ainsi les mémoires du passé avec les projets pour le futur !
Le présent est le pivot de la convergence, c'est le moment
de l’expérience !
Vivre dans le présent n’est pas question d’ignorance sans contenu ou d’amnésie sans histoire, mais d’une convergence qui synthétise l’héritage et le projet, sans quoi on serait appauvri !
Selon Alberto Alberti :
« je vis, tu vis, nous vivons dans un univers qui vit ! »
C’est dans le présent que se passe le souvenir du passé et l'attente du futur !
Le présent ne fait pas de l’abstraction par rapport au passé et au futur; il les conjugue dans l’ici et maintenant composé du souvenir et de l'expectative !
La vie à contretemps devient synonyme de la compétition et d'impatience qui empêchent de nous enraciner dans l’ici et maintenant !
La vraie conscience de l’ici crée de l’espace pour nous et pour tous ; celle du présent arrête la pression et éveille la disponibilité !
La préoccupation de l’avenir crée en nous le malaise d’y arriver trop tard ou peut-être jamais !
Néanmoins, rien ne doit nous empêcher de regarder et d’analyser le présent à la lumière du passé.
L’autobiographie s’occupe de nos souvenirs en vue de leur intégration dans le présent.
La méditation pourra se faire en fonction du développement de nos capacités, de l’ouverture à l’inconnu, mais sans l’attachement à l’avenir qui crée de l’anxiété.
L’attachement au passé engendre la nostalgie ou et le regret !
3.2 Méditation: L’épiphanie de l’esprit
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Selon Assagioli :
« une insuffisance grave dans l'éducation moderne est le manque d'utilisation de la méditation ! »
Bien que l’on trouve en Occident, la pratique de la méditation, nommément dans le mysticisme juif, il s’agit d’une pratique plutôt rare !
Grâce à l’influence orientale, elle devient d’abord timide et par après progressivement mieux répandue !
Il s’agit d’une technique de l’alignement de la personnalité qui promeut les rapports harmonieux avec soi-même, avec autrui et avec la nature.
On peut y voir des affinités avec la psychosynthèse couvrant les domaines individuel, social et universel !
Une autre méthode méditative orientale, aussi répandu en Occident, c’est la méditation bouddhiste notamment dans ses modalités Theravada et Vipassana dont la désignation signifie la vision des choses telles qu’elles sont.
Il s’agit d’une méthode d’observation et de purification mentale, surtout par le biais de la concentration et de l’observation, menant à la réalisation de soi jusqu’à l’état d’illumination !
Le recueillement et la relaxation caractérisent l’état méditatif, tout loin de provoquer un endormissement, est censé de conduire à l’éveil et une revitalisation qui constituent le pivot et le support de l’action !
L’état méditatif est basé sur l’attention et la prise de conscience du processus intérieur aux niveaux tant personnel que transpersonnel !
Il y a toujours le danger de confondre la méditation avec
l’introversion en guise de refuge**
** Selon moi-même :
« dans notre société occidentale en phase aux crises sociales, politiques, identitaires... beaucoup de personnes ont tendance à rechercher un autre mode plus beau à travers la méditation et la transe possible. Le danger est que lorsqu'on est en recherche de ce nouveau monde parfois magique, on a tendance à ne plus vouloir revenir sur notre terre originelle. Le souci et le danger, sont de se retrouver avec un faux maître plutôt dominant et sectaire qui vous pousse à ignorer le monde réel en appuyant que la vie sur terre parfois désagréable, est une illusion, Roberto Assagioli dans son concept de Psychosynthèse, vous rappelle de rien ignorer, de ne pas faire semblant que vous souffrez par exemple ! »
Eddy Vonck
Contrairement à une certaine conception qui charrie un contenu culturel assez lourd et fermé, la méditation constitue un état psychophysique de recueillement et détente qui est la synthèse de la concentration et de la relaxation !
La Méditation n’est pas vraiment quelque chose que nous faisons, mais plutôt un état de l’être !
Au lieu de faire de la méditation : on est en état de méditation !
Il s’agit d’abord et avant tout d’un fait existentiel allié à l’auto-identification, d’où le théorème de Jacques Languirand :
« Je médite, donc je suis ! »
Il est normal qu’au niveau de la personnalité que l’intellect prenne la relève et contrôle sur l’esprit, donnant lieu à des identifications contradictoires !
Selon Ken Wilber :
« ce que l’on vérifie² dans la méditation comme telle, ce n’est pas une interprétation particulière concernant l’esprit, mais l’identification directe et immédiate avec l’esprit et comme esprit ! »
² observe
Une telle identification dépasse toujours le méditant, de telle façon qu’il ne s’agit pas d’une possession, mais plutôt de nous laisser posséder par le don de la Vie qui nous caractérise individuellement et qui nous dépasse !
En tant qu’exercice elle fait appel à l’entraînement Il y a un nombre des méthodes de méditation.
C’est à l'individu ou au groupe de découvrir la méthode ou les méthodes les mieux appropriées selon les besoins et circonstances !**
** sans imposé une doctrine subliminale et sectaire où il y a un maître méditant et imposant sa méthode d'exclusive et d'être le meilleur. Dans ce cas, c'est un gourou dangereux !
Toutefois, il faut bien tenir compte du fait que la méditation comme telle dépasse n’importe quelle technique, étant donné qu’il s’agit d’une expérience, celle du contact avec notre source de vie, tout en transcendant les limites ordinaires auxquels on est habitué !
En bref, il y a l’outil et le vécu, l’un étant le moyen et l’autre le résultat.
La méditation est considérée le laboratoire de l’âme, tenant compte d’un potentiel de vie ordinairement pas encore manifesté.
Il peut y avoir des effets thérapeutiques positifs sur la santé !
La méditation est foncièrement un fait existentiel et non
pas une technique. Il s’agit de craquer l’œuf de la personnalité pour l’ouvrir à la conscience transpersonnelle !
Le terme ' méditation ' est assez général.
Y a-t-il un mode de méditation propre à la psychosynthèse ?
Assagioli répond assez directement à cette question :
« Comme pour bien d'autres mots utilisés en psychologie (par exemple : ' mental ', ' personnalité ', ' âme ')..., il y a différentes significations attribuées au mot ' méditation '... Dans un sens plus restreint, elle peut être considérée comme synonyme de la pensée disciplinée ou de la réflexion sur une idée...
Dans un sens plus large, elle désigne une sorte d'action intérieure pour laquelle la pensée disciplinée devient un préalable. En psychosynthèse, la méditation est considérée et pratiquée dans ce sens plus large. »
La méditation fait appel à d’abord à la volonté et la décision de méditer, à la création de temps et d'un espace approprié, aussi bien qu’à l’attention qui implique la maîtrise des émotions et des pensés, sans les laisser vagabonder ni les réprimer !
Assagioli préconise une approche technique, tout en tenant compte, méthodiquement, de trois stades principaux, c’est-à-dire :
- la méditation réflexive,
- la méditation réceptive,
- la méditation créatrice.
Avant la méditation proprement dite, il est convenable, selon Assagioli, de procéder à une préparation générale touchant les trois niveaux suivants :
- le niveau physique, avec insistance sur la détente par la relaxation musculaire, la respiration profonde;
- le niveau émotif, afin de créer un état d'harmonie entre le monde extérieur et le monde intérieur,
- le niveau mental, par le moyen de la concentration dans le recueillement et le silence.
Francesco Brunelli considère la préparation comme partie intégrante de la méditation. Il énumère quatre phases au lieu de trois :
La méditation réflexive : ce premier stade peut être défini comme étant la pensée active ordonnée. Tel que présenté par Assagioli, il s’agit de : « réfléchir, de façon ordonnée, sur un thème, sans passer à un autre ! »
C’est un processus mental où il y a une prise de conscience dans laquelle la volonté intervient pour l'alignement de la pensée concernant l'objet de notre attention et de notre étude.
Cette forme ou stade de méditation s’inspire du principe selon lequel l’énergie suit la pensée.
La méditation réflexive peut avoir pour objet spécifique, entre autres, l'éducation de la pensée, la solution d'un problème donné, et le développement des fonctions psychologiques.
Elle reste de toute façon un moyen privilégié de préparation pour les autres formes de méditation, de même que pour la prière et la contemplation.
Quand la réflexion est centrée sur l'observation de nous-mêmes, il est important de procéder en même temps à la désidentification, de façon à garantir une attitude objective, à faciliter le rôle d'observateur actif capable d'interpréter et/ ou d'intervenir.
Assagioli clarifie que la méditation réflexive se destine autant à clarifier un sujet qu'un problème jusqu’à progresser dans la connaissance de nous-mêmes, tout en avertissant :
« Cette prise de conscience est cette possibilité d’observer sa propre personnalité ‘au dessus’ et ‘d’une distance intérieure, ne devrait pas être confondue avec l’égocentrisme et la préoccupation de soi-même ! »
Toutes les fonctions psychologiques et tous nos sens ont un rôle à jouer aux bénéfices à recevoir lors de l’exercice de la méditation !
La volonté y a un rôle de maîtrise et d’apaisement, jusqu’au point de d’arrêter le courant mental dans une attitude silencieuse !
La méditation réceptive :
tandis que dans la méditation réflexive, comme phase préliminaire, s'adresse horizontalement au contenu et préparation de la personnalité,
dans la méditation réceptive, la personne regarde et s'ouvre à ce qui peut éventuellement venir d'un niveau supérieur !
On passe ainsi du plus loin au plus haut !
Cette forme de méditation constitue une sorte de pôle négatif destiné à accueillir les énergies ou inspirations venues des niveaux supérieurs, et à élever le niveau et la clarté de la conscience de soi et des autres, ainsi que des événements.
Ce genre d’alignement de la personnalité avec le Soi transpersonnel peut donner lieu à des grandes révélations intérieures.
Assagioli parle :
« de l’homme comme centrale psycho-spirituelle de réception et transmission. »
Le contenu reçu peut être perçu sous formes de vision (l'œil intérieur), d'audition (ouïe intérieure), de sensation (contact intérieur) ou d'impulsion (mouvement vers l'action).
Dans la méditation réceptive, la volonté est là seulement pour maintenir la conscience en état de repos et d’ouverture.
On y peut obtenir des résultats plutôt étonnants que dans la méditation réflexive, mais il y a aussi le risque de mal contrôler et d'interpréter les éléments reçus.
L'esprit de discernement est fondamental dans ce stade de méditation.
La prière ou l'invocation du Soi, autant pour l’esprit individuel que pour l’Esprit universel, sont recommandées par une introduction à cette phase de méditation qui fait appel à une attitude de disponibilité et d’accueil.
Les éléments reçus par le truchement de la méditation réceptive ne viennent pas nécessairement pendant la méditation elle-même.
Parfois, il s'agit d'états de conscience subséquents, plus ou moins éloignés dans le temps.
Dans les stades les plus évolués, il peut s'agir d'intuitions et d'illuminations survenant dans des circonstances les plus variées possibles !
De toute façon, le silence intérieur est fondamental pour la réceptivité. Il s’agit d’un silence positif, de façon à maintenir la paix intérieure !
Selon Assagioli :
« Il est nécessaire d’avoir des périodes de silence intérieur, de plus en plus longs, de façon à faire ce qu’on appelle le vide dans le champ de la conscience ! »
Assagioli conseille de faire la méditation réceptive en groupe, de noter par écrit les inspirations reçues de chacun, et de les partager avec les autres personnes présentes !
Pour l’état de recueillement désiré, il faut aussi considérer aussi l’ambiance !
- La musique,
- les mots évocateurs (mantras),
- les couleurs,
- les parfums,
- la nature,
la présence de quelqu'un peuvent constituer autant de supports à une bonne méditation, à condition aussi de favoriser le silence mental !
L’état méditatif constitue une porte ouverte à la contemplation où il n’y a pas de thème de réflexion, mais tout simplement l’union et plus ou moins le sens de co-identification au niveau du Soi transpersonnel avec tout et tous !
La méditation réceptive est la voie royale conduisant à la contemplation.
Un tel accès provient d’une prise de conscience parfois retardée et en provenance de sources et d’évènements extérieurs.
C’est dans ce sens que le Bouddhisme tient compte de la modalité zazen qui est de méditer se limitant à la posture, au silence et une ambiance adéquate, pour un certain temps, sans aucune intervention et expectative !
La méditation créatrice :
Celle-ci est fondamentalement reliée à un processus d'auto-création ayant pour effet immédiat de transformer et de régénérer la personnalité.
Puisque la méditation créatrice est directement reliée à l'action intérieure, elle ne donne pas nécessairement lieu à un gisement extérieur.
Pour ce qui concerne l’action intérieure, Assagioli distingue trois stades :
- une formulation claire de l'idée,
- le renforcement de l'idée par l'imagination,
- et la vivification de l'idée par la chaleur du sentiment et de la force propulsive du désir !
Il ne s’agit pas évidemment de la création ex nihilo (d'une création à partir du rien), mais de la créativité du nouveau à l’intérieur de nous-mêmes.
Cela favorise et nous mène à collaborer plus consciemment avec le pouvoir créateur qui est toujours à l’œuvre chez nous et partout.
En réalité, atteste Assagioli :
«nous avons du pouvoir créateur, et nous l’utilisons
inévitablement et continuellement, que nous soyons oui ou non conscients ! »
Le silence intérieur continue d'être fondamental pour
cette forme de méditation !
L'énergie qui pousse à l'action tant intérieure qu'extérieure dans le domaine de la créativité provient habituellement du supraconscient, surtout au niveau de l'identification avec le Soi transpersonnel.
Celui-ci est effectivement la grande source qui, en utilisant la volonté et toutes les fonctions psychologiques, s'exprime au niveau de l'action.
La méditation créatrice fait appel à la disponibilité et non pas à l’effort.
La médiation créatrice nous met en contact avec ce qui est essentiel en nous, tout en faisant un pont pour l’énergie destinée non seulement à notre réalisation personnelle, mais aussi au bien-être des autres !
Elle est un trait d’union entre le personnel et le transpersonnel, entre l’individuel et l’universel !
En plus des phases ou étapes que l’on vient de présenter,
il y a différents stades et facteurs qui méritent une attention particulière, nommément les suivants :
- La concentration, conduisant à l’alignement avec
le centre de conscience et l’écartement ou l’apaisement des facteur dérangeants; - la focalisation de l’attention, alliée à la persistance en
connecter la personnalité avec le Soi transpersonnel; - l’inspiration, fruit de l’afflux, immédiat ou non, des messages en provenance du domaine supraconscient;
- l’accueil des messages dans le champ de la conscience;
- la manifestation, fruit de la discrimination, de la transformation intérieure et de la mise en pratique dans n’importe quel domaine de la vie !
La méditation privilégie l’immersion, la prise de conscience et l’harmonie avec la totalité !
Elle comporte une expérience qui mène à manifester extérieurement ce qu’on est vraiment à l’intérieur, d’où sa portée sociale et universelle.
Elle inclut et concerne le bien commun, mais elle reste un acte tout à fait individuel, quoique ordinairement favorisé dans un contexte et un partage collectif.
L’objectif immédiat de la méditation est de syntoniser en nous le corps, l’âme et l’esprit et de nous mettre en syntonie avec tout et tous.
La conscience de ce qu’on est implique celle du rapport avec autrui.
Il y a simultanément un sens d’identification, de co-identification et de service !
Assagioli conçoit la méditation : « d’abord comme
un service », quoique qu’il soit rendu complémentairement à nous-mêmes :
« Si nous augmentons notre conscience spirituelle par la méditation sur le Soi supérieur, nous approfondirons aussi notre aptitude pour le service ; si nous servons en irradiation et esprit de créativité, nous invoquons et nous rendons plus conscient du Soi supérieur. Tous les deux sont complémentaires et interdépendants ! »
Comme c’est le cas de n’importe quelles exercices ou techniques, la méditation ne doit pas être présentée comme une panacée universelle.
Elle peut même devenir nuisible², une fois mal assimilée, ou mal utilisée à des fins égoïstes, là où le désir de servir le collectif fait défaut !
² sectaire.
La position assise est la plus recommandée.
La tradition bouddhiste y privilégie tout particulièrement la posture du lotus, le tronc assis sur les jambes croisées, de façon à faciliter le contact avec le sol et la verticalité de la colonne vertébrale, ce que ne constitue pas une règle, puisque chaque individu peut trouver la position physique la plus adéquate à la concentration, sans contraintes ni endormissement.
Il n’y a pas de règles fixes non plus sur sa durée et l’horaire de la méditation !
Le but immédiat de la méditation, quelques soient les méthodes, est l’affinement, l’élargissement, l’approfondissement, et l’élévation de la conscience de celui ou celle qui médite, quoique toujours en rapport avec le souci d’apporter une contribution au bien collectif.
Psychologiquement il y a une démarche qui est sensée culminer au niveau du Soi transpersonnel, toujours ouvert à la dimension universelle !
3.3 De la réalisation de soi à la réalisation du Soi
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Le savoir-vivre reste toujours un fait existentiel qui est fondé sur l’expérience.
En termes de réalisation de soi, il peut être considéré comme une identification plus ou moins parfaite avec l’essentiel de soi-même, dans une communion intime avec tout et tous.
Chez Plotin, elle est présentée comme une sorte de vision et un contact avec le Bien : « Celui qui a vu sait ce que je dis [...]. Ceux qui ont touché le Bien sont en mesure de savoir que la connaissance intellectuelle ne saurait pas le comprendre ».
Selon Assagioli :
« La vie devient une aventure permanente. On ne sait jamais qu’est-ce qui va arriver par la suite ! »
La vie s’attache à un processus vital axé sur la réalisation du Soi, et cela en syntonie avec l’univers !
Assagioli considère que l’harmonie est une loi universelle de la vie !
La réalisation de soi se manifeste dans le processus, indépendamment du produit final.
Plus important que celui-ci est le processus tout entier, lequel regarde plus que la dimension individuelle !
L’aspect individuel n’est pas synonyme de séparation, et l’indépendance y reste toujours un fait antinomique de l’autosuffisance.
La réalisation de soi n’est pas le synonyme de l’atteinte d’un état supérieur de conscience, elle est le fruit d’un processus évolutif qui inclut toute une démarche d’intégration et de croissance, comprenant les leçons en provenance des états de crise, aussi bien que des pathologies qui peuvent les accompagner !
Elle est en même temps conscience de l’appel et de la disponibilité comme réponse.
Au niveau transpersonnel, cette disponibilité est totale.
Là où il y a l’alignement de la volonté personnelle avec celle du Soi transpersonnel, il y a déjà, dans un degré ou l’autre, la réalisation de soi qui comprend tout le mouvement vers le Soi incluant les tâtonnements et même les erreurs, qui sont impossible d’éviter, et qui sont à corriger au cours d’un tel processus !
Autant aux niveaux personnel que transpersonnel, la réalisation de soi constitue une dynamique existentielle entre l’être et le devenir.
Il y a en plus une composante qui dépasse le domaine individuel, faisant appel à une collaboration avec les autres et en leur faveur !
Un tel engagement n’est pas le garant que tout va être facilité.
La réalisation de soi comprend les réussites aussi bien que les échecs et les épreuves de la vie.
Celles-ci font également partie de la voie de l’accomplissement !
Face au but et à la portée de la vie, Assagioli fait voir que même les choses négatives peuvent avoir une issue positive !
Personne n'est à l’abri des crises et des épreuves de la vie, où de l’auto-réalisation qui peut se faire accompagner des sentiments d’obscurité, de frustration, et même du sens de l’auto-anéantissement !
En psychosynthèse, la réalisation de soi n'est jamais ni le contenu d'une étape idéale qu'on doit atteindre pour s'y fixer, ni le simple résultat de n'importe quel moment du processus.
Il s'agit du processus lui-même, dans ses parties et dans son tout !
La plénitude concerne et implique à la fois les potentialités réelles et leur concrétisation effective.
La réalisation présente et inclut le potentiel et la perspective de réalisations ultérieures toujours plus larges.
La conscience d’un tel processus peut devenir frustrante, si l’on ne tient pas compte du fait que la capacité virtuel peut déjà contribuer à la plénitude actuelle !
Au niveau de la personnalité, il peut y avoir la tentation soit d’une exaltation venant de la confusion entre l’actuel et le potentiel, soit la dépression due au fait de comparer et de juger moins bon l’actuel par rapport au potentiel, ce qui mène à la frustration.
La vie est une école où nous-mêmes sommes notre propre laboratoire !
Tout n’est pas facile et agréable dans la vie.
Le savoir-vivre n’exclut pas le drame, mais il nous aide à ne pas tomber dans la tragédie.
Telle est l’affirmation d’Assagioli :
« La vie est un drame; dans un sens elle est sérieuse, mais elle n’est pas tragique. Il y a un sens de négativité, d’échec dans la tragédie qui n’existe pas dans le drame ! »
Fin de la retranscription de la partie 10, la partie 11 suivra mais patience...
💫 Là, je prends le relais en tant que blogueur, le travail de recherche personnelle que je vous partage à un but, aussi, c'est le « partage et la collaboration », il est clair, que ces concepts ne sont pas simples à intégrer, un conseil, prenez le temps de digérer le contenu sans le mentaliser. Ce Blog comme d'autres, ont un but premier, « votre participation », en laissant des commentaires ou en posant des questions sur le lien où en bas du blog par le biais du formulaire, ainsi vous participez aux travaux, cela prend du temps que j'offre gratuitement parce que pour le moment, sur Psycho'Logiques, je ne vous vends rien, merci.
Eddy Vonck - Fondateur du Blog Psycho'Logiques





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