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𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶 (partie 3) - (Ouverture à l’inconscient)

 

𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶 - partie3

🚫 avant de lire cette partie 3, il est impératif que vous lisiez à votre aise, les chapitres précédent 1&2  Eddy

📌 𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶 - partie 1 - ( la prise de conscience)

📌(partie 2) - (niveaux de conscience / sur la voie du centre)  

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli 

Psychosynthèse : Bien plus fondamental que la découverte de l'espace cosmique est celle de notre identification et potentiel, donnant lieu à l'élargissement de la conscience. 

Le présent chapitre concerne directement les items quatre, cinq et six du diagramme de l'œuf présenté, c’est-à-dire le champ de la conscience et ses niveaux, et le centre même de cette conscience nommé le moi personnel ou alors le Soi transpersonnel, y considérant respectivement les domaines personnel et transpersonnel.

𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶  (partie 3) - (Ouverture à l’inconscient)

4. Le champ de la conscience
5. Le moi conscient ou soi personnel
6. Le Soi supérieur, spirituel ou transpersonnel

les autres items sont 

1. L'inconscient inférieur
2. L'inconscient moyen
3. L'inconscient supérieur ou supraconscient

7. L'inconscient collectif 

 📌 Le classement et les nomenclatures des niveaux de conscience varient selon les différentes écoles et auteurs en Psychosynthèse.

La référence à des niveaux ou stades de conscience ne doit pas être comprise dans le sens linéaire du terme. Il ne s'agit pas d'une localisation à proprement dite. On peut cependant imaginer le domaine conscient comme un spectre dont le rayonnement se présente avec des couleurs et intensités différentes ! 

C'est dans cette perspective que l'on doit considérer les niveaux distinctement identifiés en psychosynthèse par le biais du diagramme de l'œuf où il est question des domaines conscient et inconscient à des niveaux et dimensions distincts.

Le fait de considérer différentes prises de conscience plus ou moins amples ou et intenses et toujours passibles de modification ! Il y a, chez n’importe qui, possède des domaines ou stades plus ou moins conscients dont on doit tenir compte. Mais il ne serait pas correcte d'exprimer qu'il y aurait des individus, les uns conscients et les autres dépourvus de conscience ???

Celle-ci est commune à tous, quoique les degrés soient différents concernant la prise de conscience de chacun !

Ici, commence la partie 3

🚫 avant de lire cette partie 3, il est impératif que vous lisiez à votre aise, les chapitres précédent 1&2  Eddy

📌 𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶 - partie 1 - ( la prise de conscience) 

 📌 (partie 2) - (niveaux de conscience / sur la voie du centre)  

 

 

Chapitre 4 - Ouverture à l’inconscient

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

Après avoir considéré, dans le chapitre précédent, le champ de la conscience, le soi personnel et le Soi transpersonnel, ce sont les autres quatre items du diagramme de l'œuf, c'est-à-dire l'inconscient inférieur, l'inconscient moyen, l'inconscient supérieur ou supraconscient, et l'inconscient collectif, qui feront l'objet d'une étude spécifique à l'intérieur de ce chapitre. 

L'inconscient a toujours été un domaine énigmatique, et à la fois fascinant ! Ce contraste entre l'attirance et le rejet est mis en évidence par ce que Jung l'appelle « l'ombre », celle-ci étant composée autant de qualités exclues que de défauts non reconnus

L'inconscient a toujours été un domaine énigmatique, et à la fois fascinant ! Ce contraste entre l'attirance et le rejet est mis en évidence par ce que Jung l'appelle « l'ombre », celle-ci étant composée autant de qualités exclues que de défauts non reconnus.

Il va sans dire que l’inconscient n’est pas un fait et non plus une découverte des temps modernes, mais l'intérêt scientifique pour ce côté caché de la psyché a été assez tardif pour qu'on s'y intéresse.

Karl Gustav Carus, Édouard Von Hartmann, Hippolyte Bernheim, Josef Breuer et Pierre Janet, suivis de Sigmund Freud, Carl Jung et Roberto Assagioli figurent comme les grands précurseurs.

Karl Gustav Carus, Édouard Von Hartmann, Hippolyte Bernheim, Josef Breuer et Pierre Janet, suivis de Sigmund Freud, Carl Jung et Roberto Assagioli figurent comme les grands précurseurs.      Les travaux d'Édouard Von Hartmann sur l'inconscient, et en particulier ceux de Sigmund Freud, ont transformé de façon assez radicale la psychologie et l'ont orientée fondamentalement vers la recherche du monde obscur, ou caché de l'inconscient.

Les travaux d'Édouard Von Hartmann sur l'inconscient, et en particulier ceux de Sigmund Freud, ont transformé de façon assez radicale la psychologie et l'ont orientée fondamentalement vers la recherche du monde obscur, ou caché de l'inconscient.

Malheureusement, ces recherches n'ont pas dépassé les aspects inférieurs de la psyché ni les limites de la psychothérapie ! Ces auteurs ont cependant le grand mérite d'avoir évité une psychologie "superficielle" et d'avoir été des
pionniers de la psychologie des profondeurs.

Par la suite, Pierre Janet apporte une grande contribution à la
psychologie en offrant une première étude systématique et approfondie de l'inconscient.
Bien d'autres, en particulier Morton Prince, Frederic Meyers, William James, Winston Hall, Abraham Maslow, Ira Progoff, Robert Desoille, Viktor Frankl, doivent être considérés avec Carl G. Jung ainsi que Roberto
Assagioli, bien entendu, parmi les premiers grands spécialistes de l'inconscient.

Roberto Assagioli figure parmi les pionniers qui ont surmonté les barrières dogmatiques d'une conception réductrice de l'inconscient. Ce qui caractérise vraiment sa pensée et son œuvre, c'est un accent globalisant, positif et supérieur qui contribue à transformer la psychologie en vraie science de l'âme.

Il faut d'abord noter que pour lui l'inconscient ne constitue pas une entité psychique différente du conscient.

Il n'y a pas, selon son expression, un monsieur inconscient. Même substantivé, il conserve les propriétés d'un adjectif :

« Les termes 'superconscient ', 'inconscient ',
'conscient '
ne devraient pas être considérés comme des substantifs; pour être exacts, ils devraient être employés comme des adjectifs, c'est-à-dire comme indiquant les conditions temporaires d'un fait psychique.
»

Il s'agit donc d'un ensemble d'éléments ou de contenus psychiques qui n'appartiennent pas au champ actuel de la
conscience, mais à une autre zone faisant également partie d'une même entité psychique.

C’est ainsi que la distinction entre éléments conscients et inconscients est beaucoup moins nette que l’on ne pense. 

Cette distinction ne peut être que relative, car il y a une constante ‘osmose/ complicité’ entre niveaux conscients et inconscients.

Avec Assagioli, on note :
« l’on ne peut établir une ligne de démarcation bien nette entre le conscient et l’inconscient.
»

Les distinctions entre l’un et l’autre domaine doivent être alors accompagnées de la notion de leur isomorphisme foncier. 

Il serait inadéquat de considérer quelqu’un tout à fait inconscient, même le coma n’est pas synonyme d’inconscience totale, tout en considérant qu’il y a de la conscience quoique dans un fonctionnement différent !

Tout en étant inconscients du potentiel de nos fonctions physiques, nous le sommes encore plus de celles de notre psychisme. 

À la limite, les termes conscient et inconscient peuvent être considérés comme des états et différentes possibilités ou manifestations de la conscience qui postulent une synthèse au niveau du Soi transpersonnel.

Pratiquement, il y a tout un cheminement à faire qui nous porte à considérer les faits biopsychiques en termes de perception et de classification où chaque auteur et chaque école de pensée s’efforce pour les comprendre et pour les expliquer.

Au-delà de la partie psychologique structurée, de l'inconscient différencié, il existe tout un domaine psychique que Roberto Assagioli appelle « l'inconscient amorphe » ou plastique !

Le terme 'amorphe' signifie qu'il s'agit d'une partie encore neutre, pour ainsi dire, d'une sorte de matière première jamais utilisée, et dite 'plastique' dans la
mesure où elle est constamment apte à être utilisée (malléable). Il s'agit d'un domaine comparable à un dépôt inépuisable de films photographiques non-imprimés, ou de bandes magnétiques jamais utilisées.

Contrairement à la passivité d'un film exposé ou bande magnétique enregistrée, il y a une énergie active appelée : 

  • instinct
  • désir
  • idée-force 
  • complexe
  • constellation psychiques
  • atmosphère psychique...

C’est une source intarissable l'inconscient lequel représente le potentiel individuel et collectif qui rend possible notre développement et amélioration permanentes.

Assagioli insiste sur l'importance de soumettre les manifestations de l'inconscient, et surtout de l'inconscient supérieur, à la recherche scientifique comme toute autre réalité :

« Il est temps que les hommes dignes d'un tel nom se préparent volontiers pour l'œuvre de l'exploration et de la conquête du monde intérieur, un monde non moins vaste, varié et fascinant que le monde extérieur, un monde qui prodigue à ceux qui savent le maîtriser des trésors plus précieux, plus nobles et plus satisfaisants que ceux que peuvent offrir les continents et les océans.»

L’auteur de la psychosynthèse, nous invite à faire de son système l’outil à la découverte de ce trésor qui constitue : 

« l’immense réserve d’énergies psychiques indifférenciées latentes en nous, la partie plastique de notre inconscient qui nous offre des possibilités indéfinies d’apprendre, d’élaborer,
de créer.
»

Nous sommes tous concernés par l'inconscient. Dans les rêves comme dans certains états de veille, l'inconscient communique avec le conscient de façon certaine malgré son langage propre !
  

Nous sommes tous concernés par l'inconscient. Dans les rêves comme dans certains états de veille, l'inconscient communique avec le conscient de façon certaine malgré son langage propre !

La question n'est pas tant de prouver ou de nier
l'existence de l'inconscient, mais plutôt de le comprendre comme une partie importante de nous-mêmes qui mérite une attention plus grande et une étude approfondie
.

En fait, l'inconscient a un langage propre dont le conscient ne possède pas d'emblée la grammaire. 

En outre, il semble que chaque niveau de l'inconscient ait son propre dialecte. Souvent la conscience tente d'ignorer l'inconscient ou d'en faire abstraction. Toutefois, le potentiel énergétique de celui-ci est tellement fort qu'il envahit constamment le champ de la conscience.

La vie humaine ne se situe pas seulement ni surtout au
niveau conscient. Déjà en 1927, Assagioli tenait compte de l'avis de certains psychologues pour qui 90 à 95% de notre vie psychique se déroule dans les domaines de l'inconscient ?

En réalité, exprime Assagioli :

« L'homme n'est conscient que d'une toute petite partie des éléments et des activités psychiques existantes en lui-même. »

Jung lui aussi partageait la même conviction : 

« Nous ne savons actuellement que peu de chose des contenus de l'inconscient.»

En fait, le monde de l'inconscient a retenu très particulièrement l'attention du concepteur de la psychosynthèse dès le début de sa carrière de psychiatre et d'éducateur.

Pour mieux comprendre son originalité et le contexte, la pensée de Assagioli au sujet de l’inconscient, tient compte de l’influence subie par les travaux des prédécesseurs et en partie contemporains qui, avant lui, se sont aussi distingués à ce sujet.

Vers les débuts du dix-neuvième siècle, Ce domaine a été considéré à cette époque surtout par des médecins, d’abord à l’hôpital de la Salpêtrière (Paris) où Jean Martin Charcot s’est fait connaître par ses études sur l’hystérie et l’hypnose.

Les travaux de Roberto Assagioli ont éveillé l’intérêt et ont directement inspiré le physiologiste et psychologue Alfred Binet, de même que Pierre Janet neurologue et psychologue, et aussi Sigmund Freud neurologue et promoteur de la psychiatrie.

Les écrits de Assagioli prouvent cependant qu’il n’est jamais devenu un freudien à proprement dit, mais, plutôt et d’abord, un critique de l’approche freudienne. 

Tandis que celle-ci se consacre à l’analyse de l’inconscient en
vue d’une diagnose, l’approche Assagiolienne identifie et considère le domaine de l’inconscient plutôt en fonction de l’intégration de son potentiel.

Avec la psychanalyse, l’inconscient prend une connotation fort négative, une fois associé à des matériaux refoulés. Dans la psychologie analytique de Jung c’est le « Id » de Freud qui est valorisé sur le nom d’inconscient collectif qui ne signifie plus du matériel refoulé, mais plutôt un potentiel latent auquel on peut avoir accès. C’est dans cette perspective qu’Assagioli inclura et intégrera dans son système la notion et rôle de l’inconscient.

Il n’y est pas tellement question de quelque chose vécue,
refoulée ou oubliée, mais plutôt d’un potentiel latent encore existentiellement à la fois admis ou et ignoré. C’est à remarquer qu’il n’y est pas question d’inertie, ni de passivité.

Il se peut même que l’inconscient soit plus actif et
efficace que le conscient
, y considérant son potentiel d’attraction de catalyse et même d’orientation, tout en étant le pivot qui soutient la boussole de la conscience.

L’ouverture de celle-ci à l’inconscient va de pair et doit compter sur le fait de l’activité inconsciente en vue de sa propre manifestation, donnant lieu à l’élargissement du champ de la conscience en termes qualitatifs que quantitatifs. Une telle conception ne permet pas de considérer l’inconscient comme une boîte fermé conservant les archives de la mémoire.

Selon le père de la psychosynthèse :

« il existe en chacun de nous une quantité d'éléments supérieurs (supraconscient) non exprimés, qui sont prêts à se manifester, à fleurir en joie et en beauté: c'est le côté de lumière, opposé à l'ombre de l'inconscient inférieur. »

Bien qu'Assagioli propose comme principe directeur de la psychosynthèse, de porter attention à la conscience avant de passer à l'étude de l'inconscient, cela ne signifie pas que celui-ci ait relégué à une place et un rôle secondaires en ce qui concerne la psychosynthèse. Bien au contraire, le monde de l'inconscient a retenu tout particulièrement l'attention de l’auteur du système psychosynthétique au cours de sa carrière de psychiatre et d'éducateur, et même avant, encore comme jeune étudiant.

« La pratique de la psychosynthèse requiert avant tout la connaissance de nous- mêmes, de la totalité de nous-mêmes, et donc aussi l'exploration de notre inconscient ! »

Alors que la psychanalyse s’adresse préférablement au passé pour mieux vivre et comprendre le présent. 

L’approche Assagiolienne considère autant le parcours déjà fait que le cheminement à faire, tout cela en fonction du potentiel latent et actif, plus ou moins inconscient mais toujours et davantage destiné à se manifester et exprimer.

Tandis que la psychanalyse semble privilégier le rôle du détective, la psychosynthèse met l’accent sur la tâche évocatrice. Ce qu’y compte d’avantage c’est le plus du futur et non pas le moins du passé !

Mais c'est quoi l'inconscient ? 

Il y a une attitude paradoxale dans le fait d'avoir conscience d'une réalité quelconque à caractère inconscient.

Notant qu'il n'y a pas un accès direct à l'inconscient, Carl Jung exprime : 

« La psyché inconsciente est d'une nature entièrement inconnue et ses produits sont toujours exprimés par la conscience en termes de conscience. »

En réalité, on peut avoir conscience de l'existence de contenus pré-conscients et qui se trouvent hors le champ actuel de la conscience, tout en admettant en plus la possibilité de l'existence et de l'accès à d'autres contenus jamais manifestés. 

Le fait même de prendre conscience de l'existence de l'inconscient et d'en rendre compte de manière réflexive place souvent le sujet dans une position assez inconfortable.

En fait, Assagioli lui-même se pose la
question : 

« Comment est-il possible de parler d'expérience, de connaissance de ce qui est extérieur où au-dessus de la conscience ? »

En d'autres termes : Comment éviter le foisonnement des paradoxes et les recours faciles au sophisme dans l'analyse et l'exposition de ce qui échappe toujours de quelque manière à l'emprise de la conscience ?

L’inconscient n’est-t-il par définition une sorte d’au-delà inaccessible ?

Assagioli fait voir que de la même manière dont nous pouvons prendre conscience de contenus psychiques habituellement existant à l'extérieur de la conscience et qui entrent, à certains moments et dans certaines conditions, dans le champ de la conscience, il est aussi logique d'admettre l'existence d'autres contenus inconscients et de les considérer comme réels, surtout quand il y a tellement de témoignages à leur égard.

Toutefois, Assagioli va plus loin, tout en tenant
compte des états de conscience qui dépassent la conscience ordinaire et qui peuvent se soustraire à une étude scientifique à caractère plutôt positiviste. En effet, pour le théoricien de la psychosynthèse, il y a une activité virtuellement consciente qui peut devenir réellement consciente, mais à un niveau qui dépasse la conscience ordinaire.

Les mots 'conscient' et 'inconscient' ne désignent pas des réalités psychologiques différentes entre elles, mais seulement une condition ou une phase temporaire pendant le cours de la vie psychique.

Sans cesse, des éléments du contenu psychique passent de la zone claire de la conscience aux zones obscures de l'inconscient et réciproquement. 

L'inconscient peut devenir plus ou moins le domaine conscient, comme résultat à la fois d'une quête et d'une révélation !

Ce qui est inconscient maintenant peut auparavant, avoir
été conscient, pouvant encore revenir au champ actuel de la conscience. C’est à noter, en plus, que ce qui fait partie de l’ inconscient pour quelqu’un peut être conscient pour d’autres !

Ida Palombi exprime :

« L'inconscient "est un mot que nous employons pour désigner collectivement une quantité d'éléments et un ensemble psychique de nature différente, dont une grande partie n'arrive jamais à la conscience normale. »

Assagioli identifie : l’inconscient aux éléments ou activités de la psyché qui dans un certain moment ou période se trouvent en dehors de la conscience, mais qui peuvent y entrer et sortir de nouveau. L’inconscient représente tout ce qui agit sur notre processus biopsychique mais qui échappe au champ actuel de notre conscience.

Il ne s'agit pas d'une frontière fixe et moins encore d'une barrière infranchissable, mais seulement d'un domaine, au-dessous, au-dessus, ou à côté, et donc hors de la zone éclairée de la conscience. 

La frontière entre le conscient et l'inconscient n'est donc jamais stable, et le champ de la conscience, de même que les niveaux de conscience, changent constamment.

Pour Assagioli :  

« l'inconscient est un nom collectif : il ne constitue pas une entité psychique singulière » Il s'agit plutôt de la somme de l'activité psychique autonome.

De fait, le conscient et l'inconscient sont des manifestations différentes d'une seule et même entité psychique.

Le domaine de la conscience n'est pas la dimension totale de l'être humain : il est le point de départ de la découverte et de la révélation de la véritable dimension humaine aux niveaux : le plus intime, le plus élevé, le plus fondamental.

Il se peut que l'essentiel de notre conscience soit encore en
exil de notre inconscient. Encore plus intrigant que l’existence de l’inconscient c’est son contenu. 

En quoi consistent les facteurs inconscients ? 

Nous n’en savons rien, car nous ne les percevons que par leurs effets. Nous supposons qu’ils sont d’une nature psychique comparable à celle des contenus conscients, mais nous n’avons aucune certitude à ce sujet. Si nous admettons cette similitude nous ne pouvons guère nous empêcher d’aller plus loin.

1 - Niveaux et contenus

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

À proprement dire, il y a la conscience actuelle, en tant que conscience effective, et en plus la conscience soit endormie, ou potentielle ou virtuelle que l'on nomme l'inconscient !

Celui-ci est ordinairement classé, autant au niveau individuel que collectif, en trois niveaux :

  • Inconscient inférieur, 
  • Inconscient moyen,
  • Inconscient supérieur.

Il ne s'agit pas de dimensions mesurables, ou de zones possibles de localiser dans l'espace, mais d'éléments ou contenus biopsychologiques que l'on considère plus au moins développés et donc plus ou moins à la hauteur de retenir et de pouvoir exprimer les qualités du potentiel humain. 

L'inconscient est le domaine à la fois des archives du passé et des surprises de l'avenir, tout en étant une réalité cachée qui concerne le présent aussi. Il comprend les éléments et activités psychiques qui ne se trouvent pas dans le champ de conscience.

Le domaine psychologique est souvent comparé à un grand iceberg dont la presque totalité submergée est l'inconscient et la petite portion ou couche superficielle exposée représente la conscience.

« La conscience est par nature, une sorte de couche superficielle, d’épiderme flottant sur l’inconscient qui s’étend dans les profondeurs, tel un vaste océan d’une parfaite continuité. » Carl Gustaaf Jung

Assagioli voit dans la conscience la partie psychologique exposée à la lumière; lui-même la compare soit à la pointe de l'iceberg, soit à la fleur du lotus .

Assagioli voit dans la conscience la partie psychologique
exposée à la lumière; lui-même la compare soit à la pointe de l'iceberg, soit à la fleur du lotus !

Toute la partie submergée, fort volumineuse, représente alors la vie inconsciente. Cela porte Jung à indiquer toute une perspective nouvelle par rapport à la psychologie :

« Depuis que les recherches modernes nous on fait connaître que la conscience individuelle est coulée dans le lit d’une psyché inconsciente, indéfiniment étendue, nous devons nécessairement réviser notre préjugé désuet, selon lequel l’homme ne serait rien de plus que son conscient. » Carl Gustaaf Jung

Bien souvent, l'inconscient, en tant que partie de l’iceberg à la fois submergée et cachée, a été considéré comme l'accumulateur de nos problèmes.

Pourtant il s'agit, avant tout, du grand réservoir de nos
potentialités.

Un tel réservoir, loin d’être statique et séparé, à la manière d’un soubassement ou grenier, et moins encore d’être constitué par un dépotoir des déchets de l’activité consciente, révèle un caractère foncièrement dynamique dont les effets affleurent à la vie consciente et nous portent au moins à soupçonner sa portée.

Il s’agit alors de la grande dimension toujours à découvrir. 

Au contraire de la conscience qui a toujours un caractère intermittent, l'inconscient semble se caractériser par la continuité. Avec Carl Gustav Jung : « On peut conclure que notre conscience n'est que l'avant-garde de notre être psychique. »

Comment définir ou au moins clarifier davantage l'inconscient, de façon à ouvrir un peu plus le rideau qui semble nous séparer d’une réalité tellement mystérieuse ? 

« La psyché inconsciente est d'une nature entièrement inconnue; ses produits sont toujours exprimés par la conscience en termes de conscience ! » selon Carl Gustav Jung

Malgré cela, Jung risque la définition suivante : 

« L'inconscient c'est ce qui, d'un moment à l'autre, n'est pas conscient »

Dans le langage commun, on parle des pertes de conscience, comme le sommeil et le coma. En termes psychologiques, et surtout en rapport avec l’inconscient
collectif,
il peut être question de soupçons ou croyances au sujet de présences mystérieuses et d’influences inconnues. On songe alors à une dimension plus universelle autant de la conscience que de l’inconscient, celui-ci étant alors une sorte d’inconscient cosmique.

Au cours du chapitre premier, on a mentionné la conception à la fois philosophique et existentielle de la psychosynthèse, tout en soulignant que son expression existentielle est plus fondamentale que l'abstraction spéculative.

Dans cette perspective, l'inconscient est considéré d'abord comme une affaire d'expérience, indépendamment du fait qu'il puisse être ou non prouvé par la raison ! Le fondamental : comme le remarque Assagioli,
est le fait qu’il y a « des éléments, des activités et des contenus psychologiques qui se trouvent habituellement en dehors de notre connaissance et desquels nous pouvons faire l'expérience consciente lorsqu'en certains moments ou conditions, ils entrent dans le champ de la conscience !
»

L’expression  « le mot m’échappe, mais je l’ai sous la langue! », reliée à un lapsus de mémoire, relève comme tel de la conviction d’une dimension inconsciente prête à affleurer tout en devenant consciente. 

De même qu'en physique : il y a l'infrason et l'ultrason, ainsi en psychologie, il serait légitime de parler de ‘infra-conscience’ et aussi d’‘ultra-conscience’ . Là où il y a des éléments qui nous regardent, comme la télépathie et la prémonition, par exemple, lesquels constituent des activités inconscientes à caractère parapsychologique.

Dans ses premiers écrits, Assagioli, tenant compte de la confusion existante et essayant de clarifier les termes, proposait celui de "subconscient" pour désigner tout ce qui existe et se passe dans notre psyché sans que nous en soyons conscients ! Mais peu à peu, c'est la désignation "inconscient" qu'il adopte.

Le terme "préconscient" s'avère plus apte à éviter une sorte d'opposition. Dans la pratique, ce terme a été adopté pour désigner seulement la partie de l'inconscient qui semble
plus à la portée, pour ainsi dire, du conscient.

Selon Assagioli :

« subconscient et préconscient ce sont des termes équivalents. » Il s’agit d’un « patrimoine mnémonique* plus ou moins à notre disposition. »

*Relatif à la mémoire.

Revenant au diagramme de l’œuf, il y est question de différents niveaux concernant autant la conscience que l’inconscient, y incluant l’inconscient collectif qu’Assagioli considère dans son illustration assez tardivement.

𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶  (partie 3) - (Ouverture à l’inconscient)

Ce diagramme offre une triple distinction au sujet de l'inconscient individuel : les niveaux inférieur, moyen et supérieur. Cela est également valable en ce qui concerne
l'inconscient collectif.

Tous ces niveaux, ici soulignés, sont ainsi illustrés :

Roberto Assagioli - Psychosynthèse -il y est question de différents niveaux concernant autant la conscience que l’inconscient, y incluant l’inconscient collectif
Tout en considérant qu’il y est question de niveaux classés d’inférieur, moyen et supérieur, on ne doit pas être surpris avec des questions, des remarques et le besoin de clarifications au sujet d’une telle terminologie

Il faut bien tenir compte du fait qu'une telle proposition hiérarchique se prête à voir de part cette classification, et ces connotations aux courants d'inspirations infirmés d'un certain élitisme caractéristique des organisations politiques, militaires et religieuses. 

Martha Crampton souligne que surtout la conception de l'inconscient a beaucoup en commun, chez Assagioli, avec les enseignements des traditions ésotériques et spirituelles autant de l'Orient que de l'Occident.

La triple distinction: subconscient, conscient et supraconscient est commune dans la philosophie Hindoue. 

Roberto Assagioli, avec Jung, semble puiser surtout dans « la pensée orientale » les concepts, distinctions et niveaux autant de l'inconscient que de la conscience. Malgré l’ambiguïté des termes, il ne semble pas y avoir de connotation de valeur. 

L'inconscient inférieur n'est pas nécessairement moins important que l'inconscient supérieur.

Comparativement, il n'y a rien de négatif ou inférieur dans l'expression, (comme exemple), ‘aimer du fond de son cœur’

En termes de psychosynthèse la désignation 'inférieur' n'a rien à voir avec un jugement de valeur quelconque et n'a par conséquent une connotation péjorative. Les termes 'inférieur', 'moyen' et 'supérieur' traduisent non pas une évaluation, mais une sorte de mesure ou d'échelle de référence.

Assagioli, fait voir du point de vue scientifique, ces désignations indiquent seulement des degrés ou des stades évolutifs qui n'impliquent aucun jugement moral.

Il explique davantage : supérieur et inférieur peuvent servir, et il en est souvent le cas, pour signifier un stage (stade, niveau) de développement.

Un exemple biologique le démontre clairement. "Un enfant est de taille inférieure par rapport à l’adulte; il se trouve dans un stade de développement inférieur à l’adulte. Mais cela ne veut pas du tout dire que l’adulte, comme tel, est ‘meilleur’ ou ‘supérieur’ à l’enfant."

Tout en essayant de clarifier davantage ce terme ‘inférieur‘, Pier M. Bonacina explique : qu’il s’agit
d’inférieur au sens d’un fondement qui est à la base de la structure psychologique qui soutient l’édifice psychique et il représente et constitue le stade premier et indispensable de l’évolution humaine.

Soulignons que les différents niveaux de l'inconscient ne peuvent jamais être considérés comme séparés. Leur distinction signifie seulement une sorte de localisation temporaire, un état donné des contenus psychologiques.

Toutefois, il ne s'agit pas d'entités différentes destinées à
occuper un espace correspondant, mais tout simplement d'éléments classifiés selon leur état et dont l'essence reste ontologiquement la même. Il n'y existe pas une hiérarchie proprement dite.

Tout en faisant la distinction entre le Soi et l'inconscient, il faut bien noter et souligner aussi que le Soi est toujours également présent dans toutes les dimensions de l'inconscient.

Avant de préciser davantage le sens, les distinctions et les caractéristiques des différents niveaux de l'inconscient, il sera bon de considérer, à l'intérieur de chaque niveau, la distinction entre l'inconscient statique, constitué par
ce qu'Assagioli appelle : "
le patrimoine psychique latent " (souvenirs, attitudes, mœurs, etc.), et " l'inconscient dynamique ", c'est-à-dire l'activité psychique échappant à la conscience ordinaire.

1.1 L'inconscient inférieur

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

L'inconscient inférieur ou primitif est constitué par le niveau psycho-biologique** humain, le siège des fonctions biologiques et des activités psychiques élémentaires dont les activités et la coordination sont indépendantes de la conscience. 

** La bio-psychologie est la science qui étudie la relation entre le fonctionnement du corps humain et du psychisme. Cette discipline part du principe que les phénomènes psychiques ont un impact sur les fonctions corporelles.

Le biologique et le psychologique ne s'excluent pas, tout au contraire, ils vont ensemble !

En psychosynthèse, ‘biologie' et 'psychobiologie' sont considérées comme des termes équivalents. 

La psychosynthèse est toujours 'bio-psychosynthèse'

Il s'agit de fonctions et d'activités, tout à fait merveilleuses, qui président à la coordination des fonctions physiologiques. C’est le monde de la vie instinctive reliée aux expériences et aux résidus du passé tant individuel qu'héréditaire. 

Cela fait de ce niveau de l'inconscient une sorte de creuset des pulsions primaires et des tendances ataviques. C'est à ce niveau qui se trouvent les racines de la plupart des rêves, des mécanismes de défense, ainsi que des manifestations pathologiques à caractère émotif, telles les phobies, les angoisses et les délires. Ce fût l'inconscient inférieur le terrain prédominant de l'analyse freudienne.

L'inconscient inférieur est souvent la région des phantasmes menaçants et des peurs paralysantes et la psychologie traditionnelle s'est souvent limitée à ce niveau de l'inconscient.

Roberto Assagioli le nomme aussi « primitif ! »

Ce niveau correspond de très près à l'inconscient freudien constitué par le monde des instincts, des pulsions et des complexes, tout en étant plus proche encore de ce que Freud nomme le "préconscient".

Cette zone de l'inconscient peut être non seulement la
source de certains rêves nocturnes, mais encore le siège des activités imaginatives les plus élémentaires.

Par l’ouverture à ce niveau, on a souvent la tendance à de perceptions erronées et à de réactions négatives reliées à des illusions, fausses images de soi et des autres, pouvant se manifester par une certaine tendance : 

  • à l’illusion, 
  • à l’anxiété, 
  • à l’isolement, 
  • à la dépression, 
  • à la peur, 
  • à la gêne, 
  • à la culpabilité,
  • au désespoir, 
  • ainsi qu’à la paranoïa 
  • et l’agression...

Il faut cependant éviter de comparer l’inconscient inférieur à la jarre (boîte ?) de Pandore. 

C’est à remarquer que ce niveau, de même que les autres, peuvent démontrer un potentiel surprenant. Assagioli admet la possibilité de certaines manifestations parapsychologiques reliées à l'inconscient inférieur. Dans ce cas, il s'agit de facultés parapsychologiques spontanées et non maîtrisées.

Psychosynthèse - Roberto Assagioli

1.2 L'inconscient moyen

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

Dans le diagramme de l'œuf, l'inconscient moyen est placé au même niveau que l’activité consciente.Il s’agit d’une activité consciente prête à affleurer au niveau de la conscience. 

Effectivement, c'est dans l'inconscient moyen que se situent les éléments psychologiques les plus à la portée de la conscience de veille à laquelle ils ressemblent.

Le conscient est plus proche, et en familiarité plus grande avec cette zone de l'inconscient, dans les méandres et secrets de laquelle il peut plus facilement pénétrer. Ce que la psychosynthèse appelle l'inconscient moyen correspond avec beaucoup d'exactitude au "préconscient" de la psychanalyse de Freud, bien que ce terme, on l’a mentionné, soit en connexion aussi avec l'inconscient inférieur.

Le conscient moyen contient des éléments non conscients dans un moment donné, mais qui sont considérés tout à fait proches de la conscience.

Tout en revenant à l’exemple plus haut mentionné, cette proximité et cette accessibilité sont visées lorsqu'on dit, à propos d'un mot oublié : « Je l'ai sous le bout de la langue, il me reviendra.» 

En effet, l'inconscient moyen est considéré le siège des archives de la mémoire. On peut le comparer à une
sorte de réservoir-dépanneur placé au rez-de-chaussée, c'est-à-dire dans le voisinage immédiat du champ de la conscience. C'est à ce niveau aussi qu'appartient la plus grande partie du travail intellectuel, imaginatif, et de la créativité.

Ce niveau de l'inconscient représente une sorte de conscience
embryonnaire. C'est à ce niveau que l'on peut situer les systèmes de valeur, les croyances, aussi bien que les attitudes qui inspirent la vie ordinaire et qui caractérisent aussi nos rapports sociaux. 

1.3 L'inconscient supérieur

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

Roberto Assagioli a mis en relief non seulement l'importance de l'inconscient supérieur !

Il a aussi dénoncé l'appauvrissement de toute psychologie qui en ferait de l’abstraction : « Outre l'inconscient inférieur et moyen, il existe – remarque-t-il - une autre vaste zone de l'inconscient, une région ou sphère supérieure de notre être. Il faut commencer par en admettre la réalité, car il a été le plus souvent ignoré ou négligé par la psychologie moderne. »

Le père de la psychosynthèse considère cette dimension psychologique comme « la terre ignorée » non seulement par la science en général, mais aussi par la psychologie elle-même.

A ce propos, il offre la réflexion suivante : 

« L'analyse des motifs de cette étrange lacune ferait l'objet d'une étude psychanalytique fort intéressante et mettrait en lumière la psychologie des psychologues ! »

Comment on doit présenter l'inconscient supérieur ? 

Comme pour l'inconscient en général, il est bien difficile d'en proposer une définition notionnelle apte à prendre place dans l'étroitesse de la conscience ordinaire.

Assagioli parle de l'inconscient supérieur comme étant « un espace intérieur ou sphère de vie qui transcende la conscience normale, qui est superconscient »

« Ce monde de la Réalité et des valeurs généralement appelées 'spirituelles' ou encore comme d'un niveau psychique supérieur à l'ordinaire et donc appelé superconscient ou supraconscient. »

Tout en suivant Assagioli, il semble plus adéquat de parler de l'inconscient supérieur ou supraconscient comme le siège d’une potentialité et de vibration énergétique propres d’un niveau psychologique supérieur !

En termes d'énergie : nous pouvons considérer les contenus du supraconscient comme ayant une 'fréquence vibratoire' majeure ou supérieure à celle des autres niveaux.

Au lieu de parler de niveau supérieur, il semble plus adéquat de parler de niveau transpersonnel, lequel peut être considéré à la fois plus haut et plus intime par rapport au niveau personnel. À proprement dire et tout en parlant de potentiel énergétique, il y est question d'une plus grande intensité et non pas de nature différente !

Cette énergie psycho-spirituelle ne doit pas être confondue avec le Soi supérieur ou Soi spirituel. Celui-ci est, selon l'expression de Piero Ferrucci : « le nucléus qui illumine et donne vie au supraconscient ! »

S'agit-il ici d'une découverte de la psychosynthèse ?

Non, cette approche ne fait que mettre en évidence une dimension qui, au cours des âges, avait déjà fait l'objet de plusieurs témoignages et écrits à caractère philosophique, littéraire et surtout mystique !

Roberto Assagioli établit le lien entre les phénomènes
paranormaux et les états de conscience mystique.
Cette façon de considérer l’inconscient prend ses racines dans les traditions mystiques et trouve son inspiration plus directe
chez Carl Gustaaf Jung.

En psychosynthèse, l'inconscient supérieur est souvent désigné par les termes équivalents : 

  • d'inconscient transpersonnel, 
  • de surconscient, 
  • de superconscient, 
  • et de supraconscient. .

Assagioli utilise ces termes l'un pour l'autre, comme des synonymes !

Il semble emprunter le terme 'superconscient' ou 'supraconscient' à Wilhelm Windelband qui fait la
distinction entre "superconscient" (réalité psychique à découvrir) et "subconscient" (contenus psychiques avant conscients et devenus inconscients), tout en donnant sa préférence au terme "supraconscient" pour désigner l'inconscient supérieur :

« Tout ce dont le moi n'est pas conscient peut être appelé 'inconscient', qu'il s'agisse de l'inconscient inférieur, moyen ou supérieur, mais il vaut mieux, lorsque c'est possible, indiquer le niveau dont il s'agit; c'est pourquoi le terme 'supraconscient' convient mieux pour indiquer l'inconscient supérieur. »

Assagioli explique que ce niveau existe : 

« Au-delà du champ de la conscience ordinaire et où se trouvent divers et appréciables énergies psychologiques. »

Le supraconscient reste donc hors et au-dessus du champ de la conscience, ce qui porte Mircea Eliade à le reconnaître sur la désignation de "transconscient", quoique ce terme pourrait bien s’appliquer aussi à d’autres niveaux de l’inconscient.

L'inconscient supérieur est l’accès au dépassement de soi-même. Le niveau supraconscient est une aire de lumière particulièrement destinée à révéler l'être humain à lui-même.

Il s’agit du royaume par excellence d’où proviennent les grandes aspirations, inspirations et intuitions reliées à l’art, à l’éthique, à la religion, à la philosophie et à la science en général, en termes de contemplation, de manifestations...

L’inconscient supérieur est le domaine où se manifestent plus spontanément : 

  • le sens de la bonté, 
  • la beauté, 
  • l’harmonie, 
  • le courage, 
  • la créativité, 
  • la générosité, 
  • la collaboration, 
  • la simplicité, 
  • la sérénité, 
  • la joie, 
  • la sagesse,
  • l’amour...

C'est de ce niveau que proviennent les expressions mystiques, les états d'illumination et d'extase, les grandes créations artistiques, aussi bien que l’élan de l’amour altruiste. 

Selon Assagioli : « la Muse n'est qu'un symbole de l'inconscient supérieur, du superconscient. » Comme potentialité, elle regarde le futur : c’est le domaine supraconscient. En tant que manifestation, elle représente le superconscient : c’est l’actualisation effective du potentiel supraconcient et donc le passage de l’inconscient au domaine de la conscience.

La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

1.4 L'inconscient collectif

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

L'inconscient collectif est formé par l'ensemble des qualités, concepts et instincts que Carl Gustaaf Jung classifie d'archétypes représentant à la fois : « des forces,
des tendances et des modèles, à caractère universel, ancrées dans le genre humain.
»

L'inconscient collectif représente la somme des expériences, des mœurs, des normes et des habitudes collectives sous-jacentes à chaque collectivité et à chaque époque. Il s'agit de l’ancestralité et grand patrimoine de l’humanité, un patrimoine universel et territoire commun, où tous nous sommes enracinés. L’inconscient collectif est patrimoine commun à caractère vital.

Carl Gustaaf  Jung y met en évidence « le monde non-individualisé des archétypes. »

Roberto Assagioli fait à ce propos la remarque suivante

Selon Jung, « il n'y a pas seulement l'inconscient personnel formé soit des traces ataviques héréditaires, soit surtout des impressions de l'enfance, mais la personnalité humaine est dans un rapport et échange continuels avec l'océan psychique
désigné par Jung l' ‘inconscient collectif', ce qui me semble non seulement juste mais déjà amplement prouvé.
»

Carl Gustaaf Jung lui-même témoigne à ce propos : 

« J'ai choisi le terme 'collectif' parce que cette partie de l'inconscient n'est pas personnelle mais universelle. En contraste avec la psyché personnelle, il y a des contenus et teneurs de comportement qui sont plus ou moins les mêmes partout et chez tous les individus ! »

Jung tient compte de la psyché inconsciente, qu’il nomme aussi l’ “extra-conscient”, ayant des contenus d’ordre personnel et d’ordre interpersonnel. C’est l’extra-conscient interpersonnel qui est chez lui synonyme de l’inconscient collectif. 

Roberto Assagioli lui confère cependant une signification quelque peu différente. Tandis que pour Jung, l'inconscient collectif constitue une sorte de bloc archaïque qui conserve les images, les idées et les archétypes, Assagioli y voit une généralisation grave qui manque de précision. Dans une de ses notes personnelles, se trouve le commentaire :

« Cet inconscient collectif est un monde vaste, allant du biologique au spirituel, à l'intérieur duquel il faut faire des distinctions d'origine, de nature, de qualité, de valeur... Certes, Jung ne fait pas ces distinctions. Il parle en gros de l'inconscient collectif, sans distinguer, et en confondant même, ce qu'il désigne comme archaïque provenant de
l'expérience collective humaine millénaire, et ce qui est plutôt supérieur, nous dirons superconscient, c'est-à-dire la sphère plus clairement spirituelle et tous les degrés de conscience supérieure en rapport avec elle - et cela constitue un manque grave !
»

Il y a un caractère à la fois collectif et inconscient autant dans le monde des idées chez Platon que dans le monde des archétypes chez Jung. Édouard Von Harmann a idéalisé l'inconscient comme une sorte d'âme universelle.
Teilhard de Chardin tient compte aussi de ce qu'il nomme la ‘noosphère’ composée de la conscience de l'expérience collective du genre humain...
 

Roberto Assagioli y voit le " monde psychique méta-individuel "

S'inspirant de Charles Baudouin, il tient compte de l'inconscient collectif non seulement comme structure de la psyché, mais aussi comme élément télépathique à l'intérieur
de celle-ci. Souvent, il emploie dans le même sens les expressions : "atmosphère psychologique" et "esprit du temps"

Hermann Keyserling y voit une mémoire collective qu’il nomme la « paléontologie de l’âme. » Et à son tour, Théodule Ribot tient compte de la dimension qu’il nomme « l’inconscient héréditaire ou ancestral.»

Nous pouvons considérer l'inconscient collectif, conformément à la pensée de Jung, comme l'ensemble de toutes les valeurs, modèles culturels et tendances universelles ou archétypes qui forment l'arsenal non conscient de la psyché de l'humanité, sans lui conférer pour autant une connotation tout à fait chaotique et anonyme.

Comme l'observe Bruno Caldironi : « l'inconscient collectif prend racine dans chaque individu ! »

Il s'agit donc d'une dimension à la fois collective et
individuelle
dont l’étendu est incommensurable. Le fait d'en tenir compte donne une perspective tout à fait particulière et originale aux rapports entre psychosynthèse individuelle, sociale et universelle !

À l'intérieur de l'inconscient collectif, on peut distinguer les éléments ancestraux et les éléments héréditaires.

Tandis que les premiers correspondent à une expérience accumulée par toute l'humanité, les seconds sont plus
directement reliés à l'héritage génétique de chacun.

Assagioli tient compte de ce qu’il nomme « hérédité reculée » : 

« Nous sommes le résultat d’une longue évolution ; des éléments ancestraux, ataviques, pullulent dans le bas-fond de la psyché et se manifestent indirectement dans les rêves, les fantaisies, les délires ; mais parfois débordent et emportent. »

Cet héritage ancestral ne se limite pas à une sorte de poids d'influence atavique ou d'archives historiques à identifier. Il constitue plutôt notre atmosphère psychologique douée d'énergie propulsive. Il y a donc un élément vital qui nous englobe, nous remplit, nous mène et nous accompagne. En plus du contact avec notre inconscient individuel qui a seulement l'âge de chaque individu, nous sommes aussi reliés à l'inconscient collectif qui est autant aussi vieux que l'humanité dont il est le dépositaire de l'expérience et de la sagesse. Donc, loin d'y voir seulement une sorte d’archive inerte de l'expérience du passé, on doit en plus y considérer une propulsion de la
sagesse qui nous guide dans le présent vers le futur.

Au début de la vie individuelle, c'est la vie inconsciente qui prédomine de manière plus prégnante. 

Assagioli note combien « l’individu reflète la mentalité collective et la mentalité collective influe sur l’individu. »

Il se peut que soit encore l'inconscient collectif qui ait la prédominance sur la conscience pour ce qui regarde en général l'humanité comme telle. Plus notre conscient se ferme à l'inconscient, plus nous restons étrangers et ignorants par rapport à nous-mêmes et au monde environnant.

Dans l'idéal d'harmonisation entre les forces conscientes et
inconscientes, l'ouverture et l’effort de communication sont fondamentaux pour l'équilibre humain, sous peine de désordres provenant de leur divergence et de leur confrontation. Dans cette communication et harmonisation, il faut également que l'on tienne compte des différents niveaux.

Dans son diagramme de l'œuf, Assagioli s’occupe de la dimension collective de l'inconscient humain seulement à partir des années 1950. Alors, l'ovale n'est plus représenté par une ligne continue qui ferait penser à la monade sans fenêtres de Leibniz, mais par des pointillés indiquant la possibilité et le
fait d'un échange continuel entre l'inconscient individuel et l'inconscient collectif.

Tout loin de limiter notre identité à une sorte de coquille isolée, nous acceptons le fait d’être en contact avec un
champ d’énergie qui nous inclue et nous dépasse.

« Notre psyché n'est pas isolée. Elle se trouve immergée dans l'océan de l'inconscient collectif. » - Piero Ferrucci

Cette perspective donne à la psychosynthèse individuelle
l'ouverture indispensable à l'expression interindividuelle ou sociale aussi bien qu'à l'expression universelle.

Selon Assagioli : « Il y a une psycho-osmose, à tous les niveaux, avec l'inconscient collectif ! » Il fait noter qu’il s’agit d’une communication permanente, tout en remarquant combien « il est très difficile de faire la distinction entre
ce qui est l’inconscient personnel et l’inconscient collectif. »

À l’intérieur de celui-ci, il distingue la partie non différentiée et celle des structures permanentes de chaque archétype. Il fait encore la distinction entre l’inconscient collectif actuel et l’inconscient collectif ancestral. 

Le premier est constitué par l’atmosphère psychique dans laquelle nous sommes trempés ou par laquelle nous sommes empoisonnés, alors que le deuxième constitue, en termes de phylogenèse psychologique, l’ensemble des expériences collectives faites par l’humanité.

Il remarque, en plus, que :

« l’inconscient collectif n’est pas une chose informe, mais une réalité articulée: il y a un inconscient collectif générique, propre du royaume animal, un relatif à chacune des espèces, et après, par la suite, un inconscient supérieur toujours plus spécialisé dans les animaux supérieurs, jusqu’à ce qu’on arrive au seuil de l’auto-conscience individuelle. »

Tel que pointillé, le diagramme de l’œuf porte à considérer la perméabilité psychique à tour les niveaux. Il y a tout un processus d'osmose psychologique, d’abord entre tous les êtres humains, formant comme un grand corps : l'humanité !

L'inconscient est commun à tous les humains à n’importe quel de ses niveaux : « son accès ne doit pas être considéré comme le privilège d'une élite ! »

Selon Assagioli, tous peuvent s'intéresser à l'inconscient et à son étude; cela ne doit pas être réservé qu'à des experts.

Comme, en plus de l'inconscient individuel au
niveau inférieur, moyen et supérieur, la psychosynthèse tient compte de l'inconscient collectif, avec les mêmes niveaux, le considérant comme le grand potentiel et héritage psychologique commun, tous nous sommes appelés à le découvrir, l’accueillir, l’identifier, l’intégrer, l’harmoniser et l’enrichir davantage. L’ouverture à l’inconscient requiert un travail permanent de discernement et d’intégration. 

Psychosynthese-Roberto Assagioli - Pèlerinage intérieur.

2 - Pèlerinage intérieur

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

Comment arriver à faire un peu plus de lumière sur l'inconscient, ou plutôt comment procéder pour contacter et mieux identifier la lumière qui est là ? 

La meilleure voie semble celle d'une praxis** qui met ensemble autant la réflexion que l'action. Telle a été l’attitude d’une pléiade d’auteurs y incluant le fondateur de la psychosynthèse.

**Activité physiologique et principalement psychique, ordonnée à un résultat.

Que faut-il préférer : explorer l'inconscient tout en profitant de ses richesses, ou subir les effets de ses irruptions incontrôlées ?

Roberto Assagioli opte résolument pour la première alternative, en dépit des risques inévitables qu'elle comporte et qui invitent à la prudence, mais jamais à la démission. 

Nous pouvons comparer l'inconscient au barrage d'une centrale électrique, plus grand est le réservoir, plus il faut surveiller les sorties d'eau ! Plus on veut puiser de l'énergie, plus il est nécessaire au préalable de renforcer les câbles conducteurs. Autrement, les câbles prendraient feu et deviendraient inutilisables.  C'est ce qui arrive à ceux qui commettent l'imprudence d'utiliser une drogue pour s"éveiller aux énergies psychologiques supérieures à la capacité d'un état de conscience.

Assagioli fait la remarque suivante :

« Si nous n'avons pas encore le pouvoir de dominer la part consciente de la personnalité, nous serons encore beaucoup moins capables de dominer l'inconscient ! »

À ce propos, il évoque l'allégorie de l'apprenti sorcier qui fait surgir l'eau mais s'avère, par la suite, incapable de contrôler le torrent. Il va même jusqu'à comparer le potentiel de l'inconscient à celui de la bombe atomique !

L’éveil de nouvelles capacités fait appel à une plus grande responsabilité !

Carl Gustaaf Jung voyait dans la schizophrénie l'invasion incontrôlée du moi conscient par les forces anarchiques de l'inconscient. 

Assagioli, quant à lui, parle du danger pour "le moi de se perdre dans le grand océan de l'inconscient."

Dans l'exploration de l'inconscient, on doit, selon Assagioli, éviter de provoquer l'explosion prématurée et incontrôlée des impulsions et des émotions ; éviter d'accentuer la dissociation et la multiplicité portant "le moi à se perdre dans le grand océan de l'inconscient, éviter aussi de trop se préoccuper de soi-même et de s'adonner à une "auto-analyse morbide." Il importe également de ne pas forcer le processus afin d'éviter des états d'exaltation dus à "l'afflux de forces psychologiques trop grandes !

C'est pourquoi Ira Progoff propose à ce sujet une investigation prudente et disciplinée.

L'objectif premier n'est donc pas de rendre conscient tout l'inconscient, mais d'adopter d'abord une attitude de confiance par rapport à son potentiel, ses manifestations, et son langage. Reconnaissant les dangers inhérents à une mauvaise exploration de l'inconscient, Assagioli insiste sur la méthode autant que sur les motivations de cette exploration.

Il recommande de procéder de façon progressive afin que les énergies de l'inconscient n'arrivent pas à la conscience avant que celle-ci ne soit capable de les recevoir, de les maîtriser
et de les utiliser. 

L'énergie physique, dans le corps par exemple, est plus facilement observable au niveau des fonctions et des effets qu'en elle-même. Il en est de même de l'énergie psychique. L'inconscient est le 'lieu' d'élaboration des expériences vécues et l'appareil d'assimilation et de transformation des énergies psychologiques. Assagioli en parle comme d'un centre de véritable "gestation psychologique" conduisant à une sorte de vie nouvelle !

C'est bien l'inconscient qui est le grand réservoir du potentiel humain indispensable à notre accomplissement.

L'homme moyen, ou considéré 'normal', mais n'est pas : un 'produit fini'; il représente plutôt l'atteinte d'un stade auquel peut succéder un autre stade plus évolué. On reconnaît de plus en plus que chaque être humain est doté de pouvoirs psychologiques ou spirituels incalculables qui peuvent être éveillés de la léthargie ou mis en activité.

Ces pouvoirs demeurent dans les niveaux supérieurs du monde intérieur !

Tout en suivant Piero Ferrucci, on peut figurer, dans le temps, les niveaux suivants :

  • L'inconscient inférieur représentant le passé,
  • l'inconscient moyen le présent,
  • et l'inconscient supérieur le futur.

2.1 La 'descente aux enfers'

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli  

Le tréfonds de l'âme humaine a toujours fasciné l'humanité, avant la psychologie, la philosophie et la littérature lui ont consacré bien des œuvres à caractère plus ou moins mythologique.

L' "Hadès", chez Virgile, l' "Enfer" chez Dante en sont des exemples qu'Assagioli évoque à ce propos.

Il relie l'intérêt pour l'inconscient soit à l'expérience de l'éveil spirituel, soit au désir d'une telle expérience. 

Dans un cas comme dans l'autre - remarque-t-il - il s'opère d’abord une prise de conscience de notre nature imparfaite, remplie de faiblesses, d'obscurités, et de manque d'harmonie... Aussi bien que de notre "manque de préparation et de notre incapacité de nous en sortir directement !

Son approche psychologique porte à nous motiver aussi à chercher des recours capables de nous transformer et de contribuer à notre accomplissement, plutôt que de nous laisser envahir par des fantômes qui sont, la plupart du temps, des projections de la conscience mal éclairée !

La psychosynthèse préconise l'ouverture à tous les niveaux de l'inconscient, y incluant donc l'inconscient inférieur.

Assagioli y voit une sorte de travail géologique destiné à identifier les matières premières, à les faire monter à la
surface et à les transformer, comme on le fait pour le pétrole. 

Tandis que la psychanalyse est, à son avis : "seulement un pèlerinage infernal", la psychosynthèse fait de cette descente et de ce pèlerinage un acte rédempteur**.

**Qui rachète (au sens moral ou et religieux)

Pour lui l'exploration de l'inconscient est considérée symboliquement comme la descente aux abîmes de l'être humain [...], la descente du Christ aux enfers pour racheter les habitants par la signification apportée L’enfer (infernus en latin) se réfère à ce qui est situé au plan inférieur, dans les profondeurs les plus obscures. En plus de l’inconnu, il peut bien y avoir le sens d’insécurité et même le refus, face à l'obscurité du désordre manifestés au niveau de la personnalité !

Si la psychanalyse de l'inconscient accorde une grande importance à l'identification d'un potentiel refoulé, la psychosynthèse : mise sur la capacité de régénération et d'intégration inhérente à la nature humaine à laquelle on doit faire confiance. Cela ne doit pas dispenser d'une bonne analyse de l'inconscient inférieur permettant non seulement de démasquer bien des forces de résistance, mais encore de mettre ces forces au service de notre partie consciente.

« Seulement celui qui connaît et sait affronter et maîtriser sans horreur les monstres qui grouillent dans les régions obscures de son propre être peut, à l'abri de leurs pièges, explorer les cimes les plus lumineuses de son âme et étudier les mystères les plus hauts de la vie humaine ! » Roberto Assagioli

La psychosynthèse n'insiste pas trop sur l'inconscient inférieur. 

Au niveau des applications concrètes, la Psychosynthèse consacre cependant un certain nombre d'exercices d'analyse et de thérapie comme : 

  • le rêve-éveillé-dirigé, 
  • l'imagerie mentale, 
  • le cahier ou journal personnel, 
  • l'analyse des rêves, 
  • le dessin libre,
  • l'expression corporelle, 
  • les tests projectifs.

Le potentiel inconscient recèle des forces à caractère anarchique, notamment lors qu'elles sont refoulées.

Selon Assagioli :  « Notre inconscient est capricieux et il devient très salutaire de le constater, ce qui nous donne un sens d'humilité et de réalisme juste ! »

En fait, ces exercices appropriés à l'exploration de l'inconscient ne seraient pas nécessaires si – remarque-t-il -
nous étions les maîtres de notre 'maison psychique' !

2.2 L'avant-cour de la conscience

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli 

Les grandes potentialités humaines, aux niveaux le plus élémentaire que le plus raffiné, se trouvent d’ordinaire en arrière du seuil de la conscience.

En psychosynthèse, l'inconscient moyen est considéré comme le terrain privilégié des grandes manifestations de la personnalité, ainsi que la voie normale d'accès à d'autres niveaux de l'inconscient, notamment le domaine transpersonnel.

Assagioli compare l'exploration de l'inconscient moyen à celle de la surface de la terre.

Il s'agit du terrain où il nous est donné de cultiver chacune de nos fonctions psychologiques en vue de leur fonctionnement normal, et du point de départ pour l'exploration d'autres domaines de l'inconscient.

En psychosynthèse, on tient compte ordinairement de sept fonctions psychologiques : 

  • la sensation, 
  • l'émotion-sentiment, 
  • les impulsions-désirs, 
  • l'imagination, 
  • la pensée,
  • l'intuition, 
  • la volonté.
Elles font l’objet des deux chapitres qui suivent. Chacune de ces fonctions comporte un potentiel considérable d'éléments inconscients ! Plus ou moins déployées au niveau de la conscience, les fonctions psychologiques ont leurs racines cachées dans l'inconscient.

Le sol de l'inconscient moyen, où l'on cultive chacune des fonctions psychologiques, en plus d'être vaste, n'est pas fermé aux autres dimensions de l'inconscient. Proche du champ de la conscience, il se présente cependant comme l'opportunité la plus immédiate de son élargissement.

Par son voisinage avec le domaine conscient, l'inconscient moyen ou préconscient devient alors la zone la plus favorable à l'exploration immédiate du domaine de l'inconscient.

Parmi les exercices et techniques les plus
directement reliés à l'exploration de l'inconscient moyen
:
  • on compte l'observation objective de soi-même, 
  • le travail sur les sous-personnalités, 
  • la technique de désintensification et auto-identification, 
  • et l'exercice du modèle idéal.
Assagioli symbolise les trois niveaux de l'inconscient dans les trois domaines suivants : 
  • celui de la spéléologie (inconscient inférieur), 
  • celui de l'automobilisme (inconscient moyen), 
  • et celui de l'aviation (inconscient supérieur).
Poursuivant sur le terrain de l'allégorie, on quitte le niveau de l'inconscient moyen pour entrer dans l'espace de l'inconscient supérieur dont l'atmosphère et la stratosphère offrent à l'être humain la vision intérieure et extérieure la plus révélatrice, bien qu'à peine imaginable !

Dans ce domaine en particulier, de pair avec la portée de l’ouverture et des fruits de son approche, la psychosynthèse y accentue le fait d’un tâtonnement commun à toutes les
sciences psychologiques.
« La révélation de nous-mêmes à nous-mêmes et l’identification chez nous de la terra incognita (terre inconnue) sont propres au mystère de la métamorphose de la conscience humaine. »
 
2.3 De supraconscient à superconscient
 
Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli

Déjà en 1909, Assagioli concluait un de ses articles par un appel à la reconnaissance du besoin et du droit qu'a la conscience ordinaire d'être guidée dans sa conquête des régions mystérieuses et fascinantes du subconscient et de la conscience spirituelle !

Plus tard, 1967, il parle « de l'exploration et de la conquête d'un 'espace intérieur' ou d'une sphère de vie transcendante qui dépasse la conscience normale et qui est nécessaire à l'intégrité de l'expérience humaine », d'où : le besoin et le devoir de faire de cette sphère du supraconscient et de ces expériences spirituelles l'objet d'une recherche scientifique.
 
L’exploration de cette dimension demande la conviction de son existence :
 
« Ce qui en premier lieu s’impose, est la reconnaissance que le supraconscient existe; c’est à dire que, outre l’inconscient inférieur et moyen, il existe une autre vaste zone de l’inconscient, une région ou sphère supérieure de notre être. »

Le supraconscient, désigné aussi superconscient ou superpersonnel, comprend les aspects transpersonnels de la psyché. Il ne s'agit pas du Soi, mais de données transpersonnelles encore inaccessibles.
 
Si l'on compare le Soi avec le soleil, le supraconscient peut être alors métaphoriquement considéré comme étant l'espace de la face cachée de la lune, encore invisible quoique illuminée.
 
Pour ce qui regarde (observe) le champ de la conscience, on pourrait classifier, en guise de néologisme, d’infraconscient et ultraconscient les domaines respectivement au deçà et au-delà de la conscience actuelle.
 
Cette dimension est considérée par Assagioli comme le siège de l'intuition, des créations scientifiques et artistiques, ainsi que des états à caractère mystique-spirituel !

Il s'agit du domaine et niveau où se trouvent, habituellement à l'état latent, les inspirations géniales, les produits des grandes intuitions, ainsi que les facultés et pouvoirs à caractère supranormal ou parapsychologique les plus élevés.

Cette sphère de l'inconscient est effectivement celle des grandes révélations et des surprises inouïes lesquels peuvent donner à la vie humaine la plénitude de son sens, une fois trouvé et vécu au niveau de la conscience transpersonnelle.

Il faut bien distinguer l'expérience du Soi spirituel de celle en provenance des contenus autant de la conscience que de l'inconscient, y incluant le supraconscient.

Le Soi est la source de la lumière qui nous permet l'accès aux contenus du supraconscient.

La prise de conscience des contenus de l'inconscient supérieur est due soit à l'élévation du centre de conscience (sens ascendant), soit au passage de ces contenus au champ de la
conscience (sens descendant). Dans le premier cas, Assagioli parle :
« d'Alpinisme psychologique »; et dans le second, il parle de « télépathie verticale. »

Dans ses écrits, le théoricien de la psychosynthèse revient souvent à cette « Partie supérieure de l'inconscient » qu’il décrit comme étant le « domaine psycho-spirituel » où se trouvent organisés et développés et d’où pénètrent dans la conscience humaine : 
  • Toutes les inspirations supérieures, 
  • les intuitions philosophiques et scientifiques, 
  • les illuminations spirituelles, 
  • les impressions et prémonitions télépathiques, 
  • les pouvoirs exceptionnels ayant sur le corps des effets guérisseurs, 
  • et les impulsions menant à des œuvres héroïques et d’abnégation (désintéressement, renoncement...).
Il n’est pas question ici d’éléments ou faits surhumains !
 
En effet, il y a chez l’humain, des qualités, des énergies,
des impulsions et des besoins d’un genre et d'un niveau ‘plus élevé** que l’on trouve dans la conscience normale de la moyenne des hommes et femmes.
 
** plus exigeant
 
Ces tendances et énergies, auxquelles on peut appeler ‘superconscient’, ont des rapports et interactions avec la personnalité consciente, toutes curieusement analogues à une octave supérieure à celles des pulsions du sousconscient instinctif.”
 
Le supraconscient s'avère le potentiel le plus important mais le moins connu de l'être humain. Croire à son existence n'est pas la même chose que d'en faire l'expérience !
 
On peut proposer le tableau qui s’en suit, à partir une note personnelle d'Assagioli, Il y est question des manifestations de l'inconscient supérieur ou supraconscient qui donnent ainsi lieu au superconscient.
Psychosynthese-Le supraconscient s'avère le potentiel le plus important mais le moins connu de l'être humain

Il est normal le passage d’éléments de l’inconscient au champ de la conscience et donc d'arriver à un tel degré et état de conscience, alors qu’au moins une partie du supraconscient devient le superconscient. Il y a alors un dépassement de la conscience ordinaire menant à ce qu’on appelle la conscience transpersonnelle. C’est un lien qui relie le normal à l’extraordinaire !

« La voie qui est la Voie n'est pas la voie ordinaire; la paix qui est la Paix n'est pas la paix ordinaire; le silence qui est le Silence n'est pas le silence ordinaire. » Lao-Tsé

Malgré ce paradoxe qui semble ressortir du fait de nous rendre conscient de l'inconscient et encore plus de ses niveaux, on peut y trouver indirectement un sens existentiel qui dépasse la spéculation abstraite.

Comme remarque Viktor Frankl : « La conscience en tant que donnée immanente-psychologique renvoie déjà par elle-même à une transcendance ! »
 
Il y a ce caractère de transcendance dans ce que l'on nomme en psychosynthèse l'inconscient supérieur ou supraconscient. Il y a, en plus, une synthèse existentielle entre immanence et transcendance lorsque ces éléments convergent au niveau du Soi transpersonnel.
 
Ce que distingue la psychosynthèse des autres
concepts
à propos de (sur) l’être humain, - remarque Assagioli - c’est le fait de reconnaître l’existence d’énergies supraconscientes qui sont aussi réelles et authentiques que les forces instinctuelles si amplement décrites par Freud et d’autres psychanalystes !
 
L'inconscient supérieur fait appel à l'actualisation de soi au niveau du Soi !
 
L'inconscient supérieur intègre dans le présent toutes les expériences du passé et toutes les potentialités du futur, par rapport autant à chaque individu qu'à l'humanité tout entière. Il est le 'lieu' par excellence des grandes révélations, de la créativité et de l'évolution.

Celui-ci n’est pas un synonyme de pouvoirs surhumains et moins encore d’omniscience, mais tout simplement le domaine des grandes potentialités humaines peu encore ou pas du tout actualisées.

Au niveau du moi, autant personnel que collectif, il faut bien
tenir compte de la composante temps, avant que les données du supraconscient deviennent effectivement conscientes, donnant ainsi lieu au superconscient.

Les états de conscience nommés extases ou « expériences du sommet » constituent des manifestations du supraconscient relativement rares. 
 
Elles sont caractérisées par : 
  • un sens en même temps de plénitude, 
  • d'harmonie, 
  • de beauté,
  • d'admiration, 
  • de joie, 
  • de confiance, 
  • de sérénité, 
  • de liberté, 
  • d'énergie, 
  • de créativité, 
  • de gratitude, 
  • de compassion... 
Les expériences conscientes les plus ordinaires ne sont ni
moins réelles ni secondaires et encore moins négatives ou pathologiques par elles-mêmes.

Le superconscient les accepte et les valorise. Par contre, la survalorisation du superconscient aux dépens de la conscience ordinaire constitue une manifestation pathologique faisant preuve de l’inacceptation de nos limites** et conduisant à la recherche obsessionnelle d’un refuge à caractère transcendant.
 
** vos forces / vos faiblesses

Telle sorte de refuge est plutôt une prison, dans la mesure où il y a une projection de la personnalité et non pas l’expression du Soi. Autant les états de conscience ordinaires que les manifestations supraconscientes font partie intégrante de l’actualisation et la réalisation de soi. En réalité le Soi est à l’œuvre en toutes les dimensions conscientes et inconscientes, cela dans une relation simultanée d’immanence et de transcendance par rapport autant à la conscience ordinaire qu’au supraconscient.
 
Le supraconscient reste toujours le défi d’un mystère seulement la partie révélée devenant alors le superconscient. Une fois en contact avec les contenus du supraconscient, il y a des changements des états de la conscience. 

Roberto Assagioli en nomme 13 :
  • Le sens d'approfondissement,
  • Le sens d'intériorisation,
  • Le sens d'élévation,
  • le sens de cheminement,
  • le sens d'expansion,
  • le sens de développement,
  • le sens de potentialité,
  • le sens de réveil (s'éveiller à...),
  • le sens d'illumination,
  • le sens de joie,
  • le sens de renouvellement,
  • le sens de résurrection,
  • le sens de libération (se libérer de...) 
Telles manifestations font preuve d’ouverture à l’inconscient au niveau supraconscient donnant lieu au superconscient. 
 
Cependant, ce n’est pas nécessairement le royaume des solutions faciles, mais c'est un niveau de conscience où les difficultés ne signifient pas, qu'il n'y aura plus des obstacles semblant insurmontables mais plutôt des défis révélateurs. Le bien expérimenté n’est pas le synonyme de la vertu morale. La liberté y reste une possibilité d’un choix où d'une erreur, la mauvaise option/ solution sont tout à fait possibles !

La superconscience représente en même temps plus de capacité et plus de responsabilité. La conscience individuelle reste toujours la dernière instance en matière de décision, ce qui est un privilège par rapport à n’importe quelle autorité extérieure.

La moralité ne peut pas donc se dispenser des donnés psychologiques de même que la psychologie doit faire appel à une conscience morale. Celle-ci aura beaucoup à profiter en termes de pertinence, lorsqu’on est en mesure d’utiliser le miroir psychologique. Au dire de Khalil Gibran :

« Celui qui ne porte sa moralité comme son meilleur
vêtement, il vaudrait mieux qu’il fût nu. »

Cette nudité est celle de la morale pré-conventionnelle, et le vêtement correspond aux normes extérieures de la morale conventionnelle, alors que la morale dite post-conventionnelle à mieux dire authentique - est celle de la transparence fruit d’une synthèse de la liberté et de la responsabilité pleinement assumées, y considérant l’intentionnalité adressée autant à la dignité qu’au bien de tout et de tous.

Tout en reconnaissant la grande importance de l'exploration de l'inconscient, il est bon de noter que la découverte et l'intégration de ses énergies ne dépendent pas nécessairement d'un travail ou d'un effort personnel !

Il reste impossible d'atteindre l'inconscient par l'introspection.
On aurait la contradiction d'inconscient conscient. Dans certains cas, la conscience se manifeste spontanément à un niveau plus haut que celui de la conscience ordinaire.

Dans d'autres cas, les énergies supérieures descendent au niveau personnel du champ de la conscience. L'exemple caractéristique de cette spontanéité est le cas des surdoués ou des génies, qui a retenu particulièrement l'attention d’Assagioli. Il y distingue les génies universels des génies particuliers. Au nombre des premiers, qui sont les plus rares, il range Pythagore, Platon, Dante, Leonardo de Vinci... 
 
Dans le cas des génies particuliers, le champ de la conscience reste au niveau de l'inconscient moyen et souvent, le génie peut s’avérer moins doué que les autres dans d'autres (et certains) domaines. Il ne faut pas conclure que l'objectif de la psychosynthèse serait de conduire à des manifestations extraordinaires à caractère génial. Mais il ne faut pas non plus couper l'être humain de son potentiel latent et de la jouissance de l'expérience mystique propre à la nature humaine et qui peut prendre la voie de l'expression(s)  artistique, contemplative, religieuse ou autre... Comme le remarque Roberto Assagioli, les expériences de l'inconscient supérieur ne sont pas toujours reliées à
la dimension où à la connotation religieuse !

La psychosynthèse accepte comme un fait possible et fréquent, d'un refoulement des énergies de l'inconscient inférieur mis en évidence par les analyses de Freud.

Pour y arriver, il y a cependant un bout de chemin à
faire, sous peine d’effets négatifs. 
 
Assagioli considère : « La nécessité de fortifier d’abord la personnalité consciente, afin qu’elle puisse assimiler convenablement les aspects inconscients, car il y a un danger dans l’irruption prématurée des forces inconscientes dans une personnalité non préparée et non intégrée ! »
 
Le superconscient représente un niveau en même temps supérieur et plus intime de la conscience que l'on peut considérer la plus proche de la lumière du Soi.
 
Il n'est ni la source de lumière ni le fondement de notre
identification. Il n'est pas non plus le terme de la démarche de
l'accomplissement humain. 

Faisant la comparaison avec l'inconscient
inférieur,
Assagioli écrit:
« C'est le ciel et non pas la mer ! »

Mais un tel ciel représente le firmament qui n’est pas synonyme du paradis. La lumière du Soi on peut révéler autant les potentialités que les (prises de) risques. Dans
le ciel de la conscience, il a lieu (place pour) aussi pour des nuages et des orages, avec la possibilité de vraies tempêtes (tsunamis) existentielles.

L'attirance pour les hauteurs du supraconscient provient de l'instinct de croissance allié au besoin d'épanouissement. Il y a un appel au potentiel humain qui se fait accompagner d'un avertissement à la prudence.
 
Tout en reconnaissant un potentiel immense allié à des conséquences pratiques incalculables dans la découverte de cette sphère immensurable de la vie qui est en chacun de
nous, de telle façon que tous les problèmes de la connaissance et de la maîtrise de soi sont vus sous une lumière nouvelle, Assagioli reconnaît aussi qu’une foule de nouveaux problèmes inattendus se présenteront !

« La vie n'est pas un long fleuve tranquille ! » 
Eddy Vonck

Une conscience éclairée n'est pas synonyme d'une immunisation contre l'erreur** (incluant les déviances et les abus de la liberté !)

** « Toutes erreurs, restent une expérience, et c'est par l'expérience, qu'on apprend à évoluer par l'apprentissage jours après jours dans la vie ! » 
 Eddy Vonck

Pourtant, au niveau du superconscient, il est possible non seulement de mieux connaître, d'accepter et de transformer les instincts inférieurs, mais aussi de prendre conscience des instincts supérieurs à caractère transcendant qui sont différents des instincts inférieurs parfois sublimés.

Dans les notes personnelles d'Assagioli, on trouve au moins une référence à ce qu'il nomme « l'instinct de transcendance » qui passe en même temps par l'amour (dans son expression "horizontale") et par « la mort résurrection » (au plan "vertical.) Cet instinct de
transcendance, que nous pouvons considérer comme présent dans tout l'univers, est un mobile inconscient qui est à l'origine du processus évolutif.

 
L'être humain est appelé à devenir conscient et responsable de cet instinct comme de tous les autres !

Carl Gustaaf Jung fait la remarque : « Bien plus que l’on peut attendre, il y a du monde qui a peur de l’inconscient ! »

Il n’y est pas nécessairement question d’une image négative, bien au contraire, il s’agit de l’inhibition (l'ignorance) de nos capacités réelles et potentielles souvent les plus élevées et les plus prometteuses. C’est dans ce sens qu’Abraham Maslow inclut dans sa psychologie la notion « du complexe de Jonas » se référant à la peur panique de l'être humain devant la grandeur de ses possibilités et de sa mission, et qui cherche à se soustraire à la responsabilité personnelle face aux appels de l'âme !

Robert Desoille a mis en évidence les frustrations humaines généralisées provenant de ce qu'il nomme : « la répression du sublime ! »

Assagioli tient également compte du fait de la répression des « instincts supérieurs » et de ses conséquences : 
 
« Il y a une répression claire des impulsions supérieures, répression qui est tout à fait semblable à celle des instincts inférieurs découverte par la psychanalyse.»
 
Notre démon est d'abord l'ange qui semble bon intérieurement et qui antérieurement est refoulé. Ce démon qui affleure à la conscience prend ses racines dans un refoulement plutôt inconscient et difficile à identifier.
 
Au niveau de l’inconscient supérieur ou supraconscient, la mythologie offre l’image de la maîtrise du Dragon sous l’empire de l’archange Saint Michel !

Cette maîtrise doit être comprise en termes d’intégration et de synthèse et jamais en forme de destruction. 
 
L'exploration de l'inconscient doit toujours se faire dans un esprit d'un pèlerinage et non pas une croisade. 
 
Notre inconscient est, pour ainsi dire, un sanctuaire intérieur à découvrir plutôt qu'un monde à convertir.
 
3 - Accueil et discernement
 
Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
 
On pourra encore s’attendre à l’objection : À quoi bon l'inconscient ? 
 
C'est quelque chose qui m'est étranger à moi-même, de sorte qu'entre le conscient et l'inconscient, seul un dialogue de sourds semble possible. En outre, l'inconscient n'est-il pas un chaos à éviter ? Si l'on peut si bien se passer de lui, alors pourquoi donc s'en occuper ?
 
Il ne faut pas trop reculer dans le temps pour vérifier l'ignorance ou le peu d'attention dispensé à la dimension inconsciente de la psyché humaine.

Toute la philosophie cartésienne de notre identification,
« le cogito ergo sum » : « Je pense, donc j'existe ! » est basée sur le fait conscient.

L'inconscient y peut rester réduit à simples mécanismes physiologiques.

Par après, il y a cependant une attention de plus en plus dispensée à cette dimension psychologique, surtout à partir de l'École de Salpêtrière au dix-neuvième siècle. De Mesmer à Carus, tout en passant par Charcot, Coué, Leibniz et Schopenhauer, et encore par Schelling, Spinoza et Hegel...
 
La philosophie et la psychologie prennent, chez ces auteurs et bien d'autres, des positions à cet égard qui vont du physiologisme à la métaphysique, tout en passant, entre autres, par les extrêmes soit du pessimisme d'un pan inconscient déterministe, soit de l'optimisme de se confier à la volonté révélatrice d'un inconscient infaillible.

Conscient et inconscient se trouvent en échange continuelle et se manifestent en interaction complémentaire. Ils ne sont jamais appelés à se contredire ou neutraliser
 
En termes d'instinct, l'inconscient prend le rôle de pilote automatique. En réalité il est bien plus qu'un guide supplémentaire destiné à remplacer la conscience.

3.1 Héritage commun

Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
 
L'inconscient personnel se trouve immergé dans l'inconscient collectif, et souvent submergé par lui. 
 
En d’autres termes, il tient que notre inconscient absorbe continuellement des éléments venus de l'environnement psychologique mais il n'oublie pas, pour autant, que les poisons de cet environnement prennent naissance à l'intérieur de chacun. Roberto Assagioli

 
 
Entre l'un et l'autre, il y a non seulement rapport mais aussi échange continuel d'énergie, comme le remarque Assagioli :
« L'inconscient personnel est dans une interaction continuelle (je dirais 'psycho-osmose'), à tous les niveaux, avec l'inconscient collectif.
»
 
En d’autres termes, il tient que notre inconscient absorbe continuellement des éléments venus de l'environnement psychologique mais il n'oublie pas, pour autant, que les poisons de cet environnement prennent naissance à l'intérieur de chacun.

Il faut donc être attentif aussi à toutes les manifestations à caractère égoïste plus ou moins enracinées dans l’inconscient, notamment : 
  • l'agressivité qui conduit à la violence, 
  • l'avidité qui mène à l'exploitation, 
  • la peur qui est source d'insécurité et conduit au pessimisme et à la dépression.
Face à ces miasmes, lesquels peuvent envahir l'atmosphère psychologique autant de l'intérieur que de l'extérieur de nous-mêmes. Assagioli propose de développer ce qu'il nomme la « conscience psycho-écologique. » Il plaide alors pour la promotion d’une écologie psychologique !
 
L'inconscient collectif est devenu pour le père de la psychosynthèse, l'objet d'une sorte de profession de foi
« Je crois à l'inconscient collectif ainsi qu'au flot du smog collectif ! »
 
Ce n'est que dans les années 1950 qu'Assagioli réfère à cette dimension de l’inconscient. Pour en parler, il recourt aussi aux expressions « psyché de groupe » et « psyché de masse. »
 
Qui peuvent faire penser à la fois à l'état de dépendance de l'individuel par rapport au collectif, et à l'importance de préserver les acquis d'un héritage commun. Il trouve cependant que l’idée d'inconscient collectif est devenue chez Carl Gustaaf Jung trop dominante : 
 
« À mon avis, on peut dire, sans irrévérence, que Jung s'est laissé lui-même dominer par le pouvoir fascinant de l'inconscient collectif contre lequel il mettait en garde précisément ses propres patients ! »
 
L'inconscient collectif doit être comparé à l'air que l'on respire plutôt qu'à une sorte d'océan qui nous engloutit malgré nous !
De même que l'oxygène que l'on inhale, il sert à nous revitaliser plus que de nous en défendre, il faut le cultiver et en prendre soin, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nous-mêmes.
 
L'éducation psychosynthétique s'attache d'abord à cultiver l'atmosphère psychologique au plan personnel.
 
Comme le remarque Piero Ferrucci :
 
« Chaque contenu de notre psyché peut être effectivement dégradé : la compassion universelle peut devenir pitié pour soi-même**; la joie peut devenir exaltation; la paix peut devenir inertie; l'humour peut devenir sarcasme; l'intelligence peut devenir ruse. »
 
Mais, ajoute-t-il : 

« Le contraire est également vrai : les contenus de la conscience peuvent être élevés; la pitié pour soi peut devenir compassion universelle; l'exaltation peut devenir joie, et ainsi de suite ! »
 
** pour soi-même et même parfois trop pour les autres ! 
 
La prise de conscience des contenus de l'inconscient collectif va de pair avec le niveau de la psychosynthèse individuelle !
 
Plus nous sommes ouverts à l’inconscient personnel, plus il y a chance de profiter de l'inconscient collectif !
 
Celui-ci est d'abord le grand trésor et l'héritage psychologique de l'humanité que nous sommes appelés à identifier, à intégrer et à enrichir.
 
Mais il y a aussi cette sorte de "smog" psychologique que l'on vient de mentionner. Assagioli insiste à plusieurs reprises sur l'influence des médias, en particulier les audiovisuels, qui sont hélas trop souvent de véritables poisons psychologiques, et à son avis, "plus néfastes que les poisons chimiques !

De nos jours, on commence à parler du brouillard électronique (electrosmog), face à la prolifération des radiations nocives en provenance des outils multimédias, électroniques de communications, tels que le téléphone portable, internet et son flux, et l’ordinateur entre autres...

En guise de prévention, Roberto Assagioli prescrit des « désinfections psychologiques », et notamment le recours à des mots évocateurs et à des pensées brèves et incisives aptes à éveiller l'état d'esprit désiré et pouvant avoir des effets remarquables sur l'inconscient !

Il suggère en outre que l'on fasse chaque matin « sa toilette psychologique » et que l'on prenne le soir « un bain psycho-spirituel » pour purifier l'inconscient des impressions négatives de la journée et les remplacer par des éléments positifs !

Les racines de la psychosynthèse plongent toujours dans l’inconscient autant individuel que collectif.

Le but de cette approche psychologique, pour ce qui regarde l'inconscient, est de favoriser une attitude d’accueil à tel égard, et de promouvoir un processus éducatif en vue de l’identification et de l’intégration des éléments qui affleurent à la conscience. 
 
Avec Ignace Lepp, nous pouvons dire que : 
 
« La conquête progressive de la conscience sur l’inconscient est la voie normale de la croissance et de la maturation psychiques ! »
 
L’inconscient reste, par définition, l’inconnu, mais il ne doit pas être associé à l’inaccessible, d’où la convenance d’insister avec Assagioli sur « l'importance d'admettre l'existence de l'inconscient et de le connaître. »
 
3.2 Du connu à l’inconnu 
 
Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
 
L’inconscient reste, par définition, l’inconnu, mais il ne doit pas être associé à l’inaccessible, d’où la convenance d’insister avec Assagioli sur « l'importance d'admettre l'existence de l'inconscient et de le connaître. »
 
Celui-ci offre toujours des révélations, tout en gardant aussi, à jamais, son caractère mystérieux au niveau de ce que Carus appelle l'inconscient absolu, représentant le potentiel jamais arrivé à la portée de la conscience.
 
Il y a une source inépuisable d'information ouverte à tout le monde. Les génies y puisent leurs révélations. On peut considérer les grandes découvertes comme étant le fruit d'une rumination consciente, et surtout d'une gestation inconsciente.
 
Alors que la psychanalyse débute généralement par l'exploration de l'inconscient, la psychosynthèse se fait à partir du conscient, en conformité avec le principe psychologique selon lequel il importe d'aller du connu à l'inconnu.
 
Ici l'inconnu est l'inconscient qui offre à la conscience des possibilités insoupçonnables d'approfondissement, d'ascension et d'élargissement de ses frontières. 

Avec la psychanalyse, l'inconscient a été plutôt associé à du matériel psychologique primaire, refoulé et négatif, sans l'attention nécessaire au potentiel latent.

La psychosynthèse le conçoit non seulement comme un siège de mémoire individuelle et d'archétypes plutôt à caractère problématique, mais aussi et surtout comme un potentiel créateur de nature spirituelle et transcendante.

Tout en reconnaissant les difficultés et les exigences concernant les recherches sur l'inconscient, Assagioli n'accepte pas qu’il soit un domaine réservé aux experts.

Selon lui, au contraire, tout le monde doit s'en occuper
avec attention et sérénité, y considérant toutes les dimensions.

L’appel à la réception de données venant de l’inconscient, inclut d’abord le sens de rester ouvert et préparé pour ses manifestations. Qu'il soit ou non l'objet d'une exploration, l'inconscient reste toujours l'agent de ses propres manifestations qui échappent à la décision et au contrôle directs de la conscience.

Bien plus qu'une conquête, l'exploration de l'inconscient doit susciter de la part de la conscience, un accueil de ses manifestations.

La vie consciente reste sous l'influence permanente et soutenue même par l'inconscient où elle se trouve enracinée. En arrière du miroir de notre vie consciente il y a la main invisible de l'inconscient qui le soutient.

Nos actes, même les plus conscients, sont le fruit de motivations ou impulsions en partie inconscientes.

L'ouverture du conscient à l'inconscient va de pair avec l'exploration, l'identification et l'intégration de son potentiel, tout en produisant l'élargissement de la conscience dont les divers aspects ont été analysés au chapitre précédent.

Alors, plus nous sommes conscients, mieux nous comprenons que l'inconscient est toujours là aussi comme une réalité qui nous concerne et qui dépasse les paramètres actuels du champ de notre conscience.

Le monde de l'inconscient nous offre ainsi, en permanence, les défis de ses mystères et les opportunités de ses révélations. L'ignorance à cet égard devient un obstacle à l'affleurement et à l’accueil des contenus inconscients.

Le fait de prêter attention à l’inconscient nous rend éventuellement plus conscients de sa consubstantialité avec le conscient et de son influence sur toutes les actions et décisions de la vie.

L’attitude que l’on prend par rapport à cette dimension de la vie dépend de la conviction face à la réalité et forces inconscientes.

Selon Jung, « il règne sur la valeur et la signification des contenus inconscients les conceptions les plus fausses : l'école freudienne, on le sait, voit l'inconscient sous un jour des plus négatifs, de même qu'elle tient l'homme primitif pour un monstre [...]. L'inconscient n'est pas un monstre démoniaque; c'est un organisme naturel, indifférent au point de vue moral, esthétique et intellectuel, qui ne devient réellement dangereux que lorsque notre attitude consciente à son égard est désespérément fausse. »
 
Tout en tenant compte à cet égard de l’optimisme jungien et du pessimisme freudien, Erich Fromm se croit plus réaliste en considérant l’inconscient : 
 
« non pas comme un Dieu que nous devons adorer ni comme un dragon que nous devons tuer, mais avec humilité et avec un sens profond d’humour. » 

En mettant en garde contre l’emphase négative de type freudien, sur l'inconscient refoulé, Ira Progoff, tout en considérant la spécificité de l’approche psychosynthétique, insiste sur l'inconscient en tant que dimension de la nature humaine; dimension qui est inconsciente non pas parce qu'elle a été refoulée, mais parce qu'elle n'a pas été vécue.

Toujours selon Progoff, les contenus principaux de l'inconscient ne sont pas les répressions de l'enfance soulignées par Freud, mais les potentialités incroyables de vie qui se trouvent à l'état latent dans la personnalité, en attendant leur expression vitale.

L'exploration de l'inconscient mène, en fin de compte, à l'identification d'une partie importante de nous-mêmes.

Elle fait appel à une attitude réaliste et positive qui est certainement incompatible autant avec l'ignorance qu'avec les préjugés, ou encore le réductionnisme assez pessimiste de la perspective axée sur le pathologique.

Tel que plus haut soutenu, le conscient et l'inconscient ne sont pas deux entités séparées mais plutôt, et au dire d’Assagioli : des conditions temporaires d'un fait psychique.
 
En réalité, il s'agit d'une seule entité dont une partie est plus ou moins exposée et l'autre, la plus grande, submergée, à l'image de l'iceberg.
 
Ira Progoff compare l'être humain à un arbre dont les racines seraient précisément l'inconscient.
 
Un arbre, nous le savons, peut survivre à sa défoliation, mais jamais s'il est déraciné. De même, un être humain peut se couper de sa partie consciente, mais jamais de son inconscient. L'osmose psychique entre le champ de la conscience et le domaine de l'inconscient est en même temps un fait réel et un besoin fondamental. 

Prétendre épuiser les mystères de l'inconscient par le seul fait de plonger dans son océan serait utopique.

Ignorer l'inconscient ou s’en dispenser c’est un attachement appauvrissant du potentiel humain. 
 
Comme l'observe Assagioli dans une de ses notes personnelles : 
 
« notre grande erreur est de vouloir tout faire avec les minces énergies conscientes, au lieu d'utiliser celles, inépuisables, de l'inconscient. »
 
Comment procède-t-on, en psychosynthèse, à l'exploration et à l'identification de l'inconscient ? 

En plus des exercices déjà indiqués, bien d'autres exercices peuvent être utilisés, notamment ceux de la désidentification et auto-identification, de l'invocation et de l'imagerie mentale.

Tout en soulignant que l'inconscient s'exprime surtout par le biais des symboles, Assagioli recommande l'exercice du dessin spontané comme moyen à la fois très simple et très efficace pour que les contenus de l'inconscient se manifestent et puissent être saisis par la conscience : 
 
Assagioli recommande l'exercice du dessin spontané comme moyen à la fois très simple et très efficace pour que les contenus de l'inconscient se manifestent et puissent être saisis par la conscience

c'est là, dit-il : « un moyen excellent pour l'affleurement de l'inconscient et pour les messages de l'inconscient supérieur. »
 
 
En vue de nous familiariser avec l'inconscient, il valorise " l'utilisation des symboles, des formes, des couleurs et de la musique."
  • Le silence, 
  • la méditation; 
  • les mots évocateurs, 
  • le dessin libre, (un conseil perso, un cahier de mandalas à colorier est un premier pas, tout dépend votre niveau de créativité ?)
  • le journal intime, 
  • l’analyse des rêves, 
  • et l’évocation symbolique 
s’avèrent spécialement adéquats à favoriser l’ouverture à l’inconscient et à l’intégration des données devenues conscientes. 

En tenant compte de l’universalité autant de l’expérience du rêve que de l’utilisation des symboles, on passe à considérer d'abord l’activité onirique et après la clé du symbole.

Tous les deux se trouvent étroitement reliés aux manifestations de l’inconscient par l’affleurement de ses contenus.
 
Le rêve constitue l'expérience la plus fréquente et la plus commune d'une activité dite inconsciente, à caractère imaginatif, qui se déroule pendant le sommeil et où il y a des éléments qui peuvent affleurer à la conscience.

3.3 L’activité onirique
 
Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
 
Le rêve constitue l'expérience la plus fréquente et la plus commune d'une activité dite inconsciente, à caractère imaginatif, qui se déroule pendant le sommeil et où il y a des éléments qui peuvent affleurer à la conscience. 

En effet, il s’agit plutôt d’un état de conscience hors de l’ordinaire, dont la conscience ordinaire est plus ou moins inconsciente.

Face à une telle expérience aussi commune et en même temps étrange, il y a eu toujours une curiosité et un intérêt assez universels concernant le fait et la signification onirique.

Les rêves peuvent nous frapper autant par l'inédit et portée de l'expérience que par l'incohérence, au moins apparente, et par le chaos de leurs contenus, tels que perçus au niveau de la conscience. 
 
Il y a cependant une logique particulière et un sens vital à considérer, comme l'on relèvent surtout Freud et Jung, de même qu’Alfred Adler, Maine de Biran, Théodule Ribot, De Santis et Pierre Janet parmi bien d'autres.

L’attention aux rêves est commune à toutes les cultures, et il remonte à la nuit des temps l'intérêt et le souci de leur interprétation.
 
L’attention aux rêves est commune à toutes les cultures, et il remonte à la nuit des temps l'intérêt et le souci de leur interprétation.


Dès la plus haute antiquité, comme le prouve le mythe mésopotamien du héros Gilgamesh, et jusqu’à nos jours...
 
On constate combien il a eu toute une attention et considération remarquables concernant les rêves, tout en y voyant une source de messages, d’inspiration et d’expériences transpersonnelles.
 
Les traditions hermétique et kabbalistique ont prêté une attention particulière à ce sujet. Cicéron lui a consacré tout un livre. 
 
Dans le domaine de la médecine, Hippocrate et nombreux successeurs avant Freud se sont consacrés à l'étude des rêves, en tant qu'éléments thérapeutiques et éducatifs. Jung y voit une fonction compensatoire pour le bon fonctionnement de la psyché.
 
Déjà, dans la Grèce ancienne, le temple d’Asclépios, le dieu de la médicine, était fréquenté pour implorer des rêves guérisseurs. Aristote s’est intéressé à leur interprétation. Hippocrate les a utilisés comme diagnostique. Descartes, Kant, Berkeley et Schopenhauer, entre autres, ont médité à leur tour sur la dimension onirique de l'être humain. 

Dans les cultures shamaniques le shaman fait de ses propres rêves un outil de guérison. Certaines écoles du yoga associent les rêves à des messages divines, jusqu’à les valoriser plus que les perceptions en état de veille.

Dans certaines sociétés, nommément chez les algonquins de l’Amérique du Nord, les rêves ont constitué le thème central de leurs réunions tenues au commencement du jour, au point que les premiers missionnaires européens qui les ont contactés identifièrent leur religion comme étant la religion des rêves.

Le rêve devient un guide auquel on peut faire confiance. En psychologie, il fait l'objet d'innombrables études, mais peu nombreuses sont celles qui traitent de leur interprétation. 
 
Jung en explique la raison :  c’est qu’il s’agit d’une 
 
« entreprise extrêmement scabreuse et risquée ! »
 
Freud, qui pour les temps modernes fut, à la suite de Maury et de De Sanctis, un pionnier dans l'étude de l'activité onirique, considérait le rêve comme « la voie royale de l'inconscient. » Pourtant, cette voie privilégiée semble bien dépasser l'étroitesse créée par les murs du matérialisme et déterminisme freudiens.
 
Comment définir le rêve ?
 
Jung le considère comme 
« le résidu d'une curieuse activité psychique s'exerçant durant le sommeil. »
 
Il y voit une activité normale qui arrive quand la conscience et la volonté sont plus ou moins éteintes. L’activité onirique lui paraît, « une porte étroite, dissimulée dans ce que l'âme a de plus obscur et de plus intime. »
 
Adler compare les rêves à la fumée qui nous mène à conclure qu'il y a un feu et encore nous permettant en plus d'aller jusqu'à identifier quel est le bois qui brûle ?!

Selon Assagioli, il s'agit : 
 
d'un phénomène qui se produit dans une conscience différente sous plusieurs aspects de la conscience ordinaire de veille, et qui est captée par celle-ci de façon plus ou moins déformée et incomplète, seulement par le biais de la mémoire.

Il présente le rêve comme étant une activité psychique qui se déroule quand notre personnalité consciente n'est pas en fonction et se trouve comme annulée.

Il faut bien noter que le rêve constitue en lui-même une saisie immédiate d'une réalité, 
 
alors que l'après-rêve devient complémentaire concernant : 
  • la mémoire, 
  • l'accueil,
  • l'interprétation,
  • et l'intégration de l'expérience onirique.
Il se peut que le rêve soit une activité permanente de l'inconscient, même à l'état de veille, parallèle à l'activité consciente, tout en étant à la fois continuelle, multiple et indépendante.

Le rêve est le produit spontané d'une activité biopsychique donnant lieu à une expérience qui arrive dans l'état de sommeil, hors du contrôle direct et de la participation de la volonté consciente, cette expérience peut affleurer plus ou moins la conscience de veille.

Il y a, alors, une irruption d'éléments inconscients faisant une sorte de transaction entre l'inconscient et le conscient, d'où son importance comme voie d'accès à la partie inconsciente.

Chaque rêve peut être compris comme un message de l'inconscient adressé à la conscience, comme un code original toujours à déchiffrer. Mais la réalité et le sens du rêve restent à jamais inséparables du rêveur.

La désignation de «conscience illusoire» parfois attribuée à l’état de rêve ne semble pas appropriée. En soi-même, le rêve n'est pas une illusion ! Il est pourvu de réalité. 
 
En fait, la trace d’un rêve n’est pas moins ‘réelle’ que celle d’un pas ou sillon d’une charrue dans la terre.  L’imagination est là, mais cet imaginaire a autant de réalité que de réel.

Jung en parle en termes semblables : 
 
« Un rêve ou une vision sont exactement ce qu’ils paraissent être. Ils ne sont pas le déguisement d’autre chose. Ils sont un produit de la nature, c’est-à-dire une chose en soi, sans motif extérieur à elle-même. »

Le rêve n'est pas non plus dépourvu de sens. Il n'est pas irrationnel, mais supra-rationnel.

Chaque rêve ajoute ainsi un sens nouveau à la vie, lequel il faut trouver dans le langage de l'inconscient, plutôt que traduire et réduire en termes de la saisie consciente. L’activité onirique ne signifie pas une diminution, mais une expansion existentielle !
 
Les rêves constituent un pont pour les transactions entre l'inconscient et la conscience, entre l'individuel et le collectif, entre le connu et l'inédit. Ils sont l'expression aussi d'une volonté autre que la volonté consciente et le fruit d'une activité autonome.
 
Chaque rêve fait partie d'un film dont nous-mêmes sommes inconsciemment l'auteur, l'acteur et le spectateur ! 
 
La théorie et la pratique du « rêve lucide » se proposent de séparer et de faire la distinction, aussi bien que le lien, entre l'acteur inconscient et le spectateur conscient à l'intérieur du rêve, de telle façon que lorsqu'on rêve, on a la conscience de rêver et encore la possibilité d'une intervention au point d'ajouter à l'acteur inconscient une intervention consciente.
 
Dans cette observation, faite par le truchement de la mémoire, il y a un détachement plus ou moins effectif de la conscience par rapport à l'inconscient.
 
Pendant l'éveil, cette sorte de désidentification peut passer par une phase de confusion. Chez les enfants, la distinction peut ne pas arriver, de telle façon qu'ils donnent aux scènes du rêve la même crédibilité qu'aux évènements observés en état de veille. 

Comment s’intéresser, interpréter et utiliser les rêves ?
 
Voilà des questions qui se posent souvent et dont les réponses ne sont pas toujours ni faciles ni très convaincantes. 

D’abord il y est question d’une attitude adéquate face à telles manifestations qui sont une expression de la vie inconsciente.

Autant les fausses identifications que les interprétations faciles peuvent être des obstacles.

Carl Jung est porté à regarder les rêves comme étant :
 
« les instruments les plus propres à l'étude de l'essence même de l'homme. »
 
Il remarque que :  
 
« le rêve est le théâtre où le rêveur est à la fois la scène, l'acteur, le souffleur, le régisseur, l'auteur et le critique. »
 
Pier Bonacina considère que : 
 
« l’homme a un besoin absolu de rêver ! »
 
Et il ajoute : 
 
« Tout le monde rêve, même ceux qui le nient ou ne s’en souviennent pas ! » 

Tout en partant de la conscience de veille, il compare l’activité onirique à : 
 
« un ascenseur qui recueille des événements symboliques aux différents étages de l’édifice psychique, qui s’arrête dans différents niveaux de l’inconscient et qui réunit ces événements dans le souvenir matinal. »
 
Certes, tout le monde rêve, et l’on rêve tout au cours de la vie, tout en commençant dans la vie utérine. Mais tout le monde n’est pas conscient de leurs rêves, ni de l’utilité de l’activité onirique. 

Avant tout, l’intégration des contenus oniriques fait appel à un processus de désidentification-identification concernant nos propres rêves.

La désidentification initiale concerne autant les préjugés et superstitions que la naïveté et aussi la passivité face aux rêves.

Pour la désidentification on pourra utiliser la formule suivante: J’ai des rêves, mais je ne suis pas mes rêves. Cela favorise une certaine distance, permettant une distance et des fausses identifications plus au moins reliées à des préjugés.

Par la suite, il y aura des conditions pour le processus d’auto-identification relié à une formule différente :

« Je suis mes rêves, mais je suis plus que mes rêves. »
 
Cette identification dépasse l’avoir pour atteindre les racines de l’être. Le rêve fait alors partie du rêveur. Il devient à la fois expression et révélation de nous-mêmes.
 
C’est dans ce sens que Fritz Perls propose la méthode de l’identification symbolique menant le rêveur à s’identifier aux personnages de son rêve.
 
Beaucoup se contentent cependant d'enregistrer passivement les souvenirs de leurs rêves, souvent faits d'images sans suite ni censure. Pourtant, nous sommes bel et bien les auteurs de nos propres rêves et de toutes les interventions à caractère onirique.
 
C'est nous qui rêvons ! Nos rêves nous appartiennent et en même temps nous leur appartenons !
 
Non seulement nous avons des rêves, mais nous sommes nos rêves aussi. Avec le Prospero de Shakespeare, nous pouvons affirmer que : 
 
 « nous sommes faits de la même matière que les rêves. »
 
C’est dans cette même perspective que l’approche Gestalt assume que les éléments du rêve font partie du sujet qui rêve, tout en y rendant identiques le sujet et le prédicat.
 
On peut dire que les rêves dont nous gardons le souvenir sont des ondes de l’océan de l'inconscient qui atteignent les plages de la conscience. L’activité onirique est non seulement un pont entre l'inconscient et la conscience, entre l'individuel et le collectif, mais aussi un facteur d'harmonisation entre eux. 
 
Il est fondamental de favoriser en même temps l’accueil et le discernement qui doivent accompagner autant l’interprétation que l’utilisation conscientes de données toujours nouvelles arrivées au champ de la conscience par le biais de l’activité onirique !

Chaque rêve devient alors un pont et non pas un gouffre entre les domaines conscient et inconscient de notre vie biopsychique.

Par le biais du rêve, l’inconscient peut nous faire autant reculer qu’avancer par rapport au présent.

Il sélectionne le matériel dont nous avons besoin et le présente de façon symbolique en fonction de besoins autant actuels que futurs. Le rêve n'est pas donc seulement quelque chose qui s'est passé. Il est aussi quelque chose qui demeure dans le présent et l'indicatif de ce qui peut encore arriver. L’activité onirique reste un potentiel d'information, d'inspiration et de créativité.

Chaque rêve constitue un lien particulier entre l’inconscient et la conscience, un élément d’intégration, un agent de compensation conduisant à l’équilibre psychologique. 
 
Il y a des rêves agréables et d'autres pas, mais il n’y a pas de mauvais rêves !
 
Le cauchemar peut être accepté comme une thérapie de choc dictée par l’inconscient. Ils ont tous les deux, une fonction.

Tout en ayant l’apparence de fragmentation et de réalité étrangère, le rêve est fondamentalement un facteur d’unité et d’auto-identification. Le moi personnel tend à s'identifier à la partie consciente et à rendre conscient le domaine inconscient par la voie du contrôle, tandis qu'au niveau du Soi transpersonnel il n’est pas question de séparation par rapport à l’inconscient et moins encore de nous limiter à la dimension consciente !

Définir le Soi comme le centre de conscience reste encore une limitation et preuve que l'on ne peut pas définir l'indéfinissable. 
 
C’est au niveau du Soi que l’on doit chercher le sens d'une synthèse vitale au-delà des polarités conscient-inconscient.

De nos jours, surtout au niveau des approches psychologiques, il y a grand nombre de cours et de publications en rapport avec les manifestations et sens de l’activité onirique.

L'oniocritique se présente comme une branche scientifique dont le but est, en gros, la compréhension, l'interprétation et l'intégration des rêves.
 
Le sens total du rêve surpasse toujours notre pouvoir d'interprétation. 
 
C'est pourquoi le sage de Khalil Gibran intervient à propos en disant : 
 
« Je te donnerai le sens de tes rêves en état de veille, mais les rêves de ton sommeil, n'appartiennent ni à ma sagesse ni à ton imagination. »
 
La complexité et la portée des rêves ne justifient pas cependant que l’on méprise l’intérêt et l’effort dispensés à leur classification et à leur interprétation.

Tout en simplifiant celle-ci, on peut accepter la suggestion de Ken Wilber en soumettant nos propres rêves à une sorte de teste, de façon à vérifier quel est le sens qu’ils évoquent en nous, et ceci à commencer par le niveau physique, tout en passant par les niveaux émotionnel et mental, et en finissant par le niveau spirituel.

Tout en voyant dans les rêves une des sources de l'inspiration, Assagioli a accordé à l'activité onirique inconsciente une attention permanente.

Il s'intéresse à l’analyse des rêves comme étant une des techniques les plus connues et les plus employées pour l'exploration de l'inconscient et il insiste sur l'intérêt de découvrir la signification possible de la symbolique du rêve.

Assagioli voit un auxiliaire important de la psychothérapie et une méthode féconde de recherche psychologique.
 
Dans la vie onirique, il faut bien tenir compte, en plus du contenu manifeste, du contenu latent aussi. Celui-ci s'avère le plus riche, d'où l'importance accordée à l'analyse et l'interprétation des rêves. 

Assagioli valorise et en même temps relativise l’interprétation des rêves, tout en remarquant la complexité à ce sujet qui ne permet pas de généraliser la signification des symboles oniriques.

Il propose "une classification scientifique" et il appelle de ses vœux à une vaste étude différentielle constituant des travaux nécessaires pour connaître de façon plus profonde et sûre l'étrange, complexe et fascinant monde des rêves.

Il y faut considérer la particularité non seulement de chaque individu, mais aussi de chaque rêve qui contient un message différemment codifié et à déchiffrer.

Un premier pas à tenir compte dans l’oniocritique consiste dans la familiarité avec le rêve et son langage, tout en considérant qu’il est en même temps le messager et le message dont nous sommes l'origine et le destinataire, et qui utilise un langage universel celui du symbole.

Le rêve fait du symbolique le langage de la psyché au niveau inconscient.

En plus de l'acceptation inconditionnelle du rêve comme expression vitale et nécessaire, on peut essayer le dialogue avec l'inconscient, en confiant que par la voie onirique l’on va recevoir une réponse adéquate à nos besoins réels, y incluant de l'inspiration et parfois la solution des problèmes conscients.

C’est important de parler à nos rêves tout en les considérant des personnages réels qui composent notre identité. Nous pouvons alors les saluer, les questionner, les remercier, et avant tout les respecter et en avoir confiance. 
 
Chaque rêve a un sens et un message lesquels, au prime abord, échappent à la conscience ordinaire. 
 
Il peut cependant y avoir le pilier d’un pont fort important pour l’échange et l’unification entre la vie inconsciente et la vie consciente.
  • Une forme à la fois simple et efficace d'accueillir les rêves est de les écrire tels qu'ils sont retenus par la mémoire, et le plus tôt possible, afin de ne pas les oublier !
L'objectif de cet exercice est de maintenir le dialogue avec l'inconscient et de rester attentif à son langage symbolique.

Face à l'énigme du message, il est préférable d'adresser la question du sens au centre de conscience, le Soi transpersonnel, et d'attendre sa réponse éventuelle, 
  • soit sous la forme d'un autre rêve plus clair, 
  • soit par une inspiration ou une intuition susceptible d'illuminer et d'élargir le champ de la conscience.
Le fait d'écrire nos rêves, ou d’en parler, et d'observer nos réactions venant de leurs souvenirs, ainsi que les associations spontanées, tout cela sert à intégrer le matériel inconscient.

« Un rêve non interprété est comme une lettre qui reste fermée ! »
 
Mieux que nous forcer en vue de leur projection sur l'écran de la vie consciente, il devient important de leur consacrer consciemment un accueil bienveillant, en tant que processus inconscient de vie et de croissance.
 
Comme il a été référé, il y a l'appel au processus de désidentification qui doit précéder la vraie auto-identification concernant tout ce qui a trait avec l’expérience onirique.
 
En plus de l'attention qu'ils méritent, les rêves doivent faire l'objet d'un discernement. C'est dans ce sens que l'on doit associer l'intelligence à la prudence, d’où l’insistance du créateur et promoteur de l’approche psychosynthétique :

« Il faut être très prudent et avoir un sens critique très sain dans l'œuvre ardue de l'interprétation des rêves ! »
 
L’attention aux rêves constitue une preuve de l’attention à nous-mêmes. Au dire de John Sanford : 
 
« nos pensées conscientes ne sont pas les seuls habitants du logis ! »
 
Nous partageons nos demeures avec un autre genre de réalité psychique, laquelle nous appelons l’inconscient puisque ordinairement en sommes inconscients. 

C’est cette source inconsciente de nos rêves qui compense nos points de vue conscients, tout en nous apportant des communications et représentations impossibles à connaître par le biais de la conscience.

L'inconscient est le domaine de l'intuition, tandis que la raison tend à valoriser et survaloriser la conscience. 
 
La rationalisation peut devenir un obstacle à l'intégration des rêves, dans la mesure où elle privilégie la démonstration logique. Le rêve est une communication immédiate à caractère intuitif dont la valeur provient d'abord de l'expérience onirique comme telle.

Contrairement aux fonctions psychologiques qui, tout en ayant leurs racines au niveau inconscient, semblent avoir leur siège dans la partie consciente, l’activité onirique a son siège permanent dans l'inconscient. 
 
Elle devient l'outil privilégié qui établit la communication entre les parties consciente et inconsciente.

Il s'agit d'un pont de communication entre la conscience et l'inconscient, de telle façon que l'on garde des deux côtés, quoique à des degrés différents, les mêmes fonctions bio-psychologiques de réaction, action, raisonnement, volonté et mémoire, entre autres. 
 
Un apport tout particulier de la psychosynthèse dans ce domaine provient du fait que le rêve ne se limite pas à apporter des données, voire des monstres en provenance de l’inconscient inférieur, mais aussi des illuminations et des révélations en provenance du supraconscient.

L'importance du rêve une fois acceptée, comment s'ouvrir à ses apports ?

En plus de l'intérêt pour notre activité onirique, il nous faut, en fin de compte, un certain critère d'interprétation !

Pour bénéficier des messages de l'inconscient transmises dans les rêves, l'attitude fondamentale est celle de l'accueil bienveillant, sans préjugés, ni jugements, sans mépris ni scepticisme, sans naïveté non plus. (de votre part !)

Selon Assagioli
 
Il s'agit d'indications précieuses de notre inconscient en tant que produit de notre propre psyché peut avoir une signification psychologique.

C’est à l’intuition, plus qu’à la raison, que l’on doive confier l’interprétation des rêves. 
 
Il y a une sorte d'acte de foi par rapport à nos rêves qui est fondamentalement l'acte de foi en nous-mêmes.
 
Il n'y a pas de 'mauvais' rêves en soi, mais il peut y avoir de mauvaises attitudes et de mauvaises interprétations à leur égard.
 
Pour le conscient, l'inconscient est toujours mystérieux. Il est plus important de l'accueillir en toute ouverture et simplicité que de le saisir par la compréhension mentale.

En plus d'une attitude bienveillante, les rêves méritent une attitude intelligente permettant leur différenciation. Tous les rêves ne méritent pas la même attention !

Le rêve devient une activité de l’inconscient qui manifeste ses contenus soient-ils considérés élevés ou non, comme une nécessaire et libre expression de la vie.

Assagioli admet qu'il y a une différence évidente, tant d'expérience que de signification, entre un cauchemar et une vision prémonitoire à caractère surnaturel. 
 
Puisqu'il y a, au niveau de la perception consciente, des rêves clairs et confus, logiques et absurdes, agréables et pénibles, à caractère non seulement symbolique mais parfois aussi nettement surnaturel ! Alors, à son avis, "il n'est ni juste ni scientifique de négliger une telle différence et de prétendre expliquer avec une formule unique toutes sortes de rêves.

Il souligne en particulier l'importance des rêves caractérisés par une certaine structure et cohérence ayant leur source au niveau de l'inconscient supérieur. 
 
Quant aux rêves ordinaires, il croit que dans la plupart des cas, ils n'ont pas un intérêt particulier et constituent tout simplement une dramatisation d'états bio-psychologiques et de souvenirs quotidiens.

Les premiers peuvent être considérés comme des messages provenant de la sphère supérieure de l'inconscient.

A ce titre, ils méritent toute l’attention et un accueil particulier. Aucun rêve doit être classifié comme mauvais. Au cauchemar même on peut attribuer, tel que référé, un effet thérapeutique.

Les approches qui s’avèrent les plus sophistiquées concernant la maîtrise et l’utilisation des rêves sont en Orient le “Yoga du Rêve”, et en Occident la technique du " Rêve lucide”, celle-ci alliée au propos et fait de synchroniser l’activité onirique avec un état conscient.

Le rêve se présente comme un fait individuel, mais ses racines plongent aussi dans l’inconscient collectif. Il y a une dimension para-individuelle qui invite à le partager pour mieux l’interpréter et l'apprécier.

Il faut considérer, en plus, que l’activité onirique ne constitue pas l'unique manifestation de l'inconscient.

La psychosynthèse est particulièrement attentive à d'autres manifestations, surtout en provenance de l'inconscient supérieur, telles les inspirations, les visions à caractère intuitif, et les états d'illumination et d'extase. 
 
Mais l'expérience du rêve est la plus courante pour quiconque. Il en est de même pour le langage du symbole qui nous interpelle constamment en tant qu'expression de l'inconscient individuel et aussi de l'inconscient collectif.

3.4 La clé du symbole
 
Sources : Joao D'Alcor - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
 
Source inépuisable au carrefour de la magie, de la religion, de la philosophie, de la psychologie, de l'anthropologie, de la littérature, et des beaux-arts, le symbole séduit toujours par sa transparence et par son mystère !
 
Quelle est l'attitude de la psychologie face au symbole ?
 
Si l'on pense aux tendances béhavioristes qui depuis longtemps ont marqué cette discipline, on ne voit pas très bien quelle place peut tenir un objet aussi fuyant. 
 
Mais il y a eu toujours des exceptions, et aujourd'hui, comme le remarque Sebastiano Tilli :
 
« La psychologie commence à s'ouvrir à de nouveaux horizons et à se servir du mètre du symbolique pour exprimer des choses qui ne pourraient pas être considérées autrement. »
 
Alors que le langage particulier du symbole renvoie à l'expérience individuelle, son langage universel est relié à l'expérience de l'humanité en général désignée par Carl Jung sous le nom d' "archétype", terme emprunté à Plotin.
 
Alors que le langage particulier du symbole renvoie à l'expérience individuelle, son langage universel est relié à l'expérience de l'humanité en général désignée par Carl Jung sous le nom d' "archétype", terme emprunté à Plotin.
 
Chaque symbole s'enracine profondément dans l'inconscient, soit-il l’inconscient individuel ou collectif. 
 
Tandis que Jung semble survaloriser globalement l'archétype à caractère universel, Assagioli souligne également le caractère individuel de chaque symbole. 
 
Tout en tenant compte de l'universalité du symbole, il remarque qu'il y a aussi le "symbole individuel" et donc qu'il est donc nécessaire de toujours nous référer à l'expérience individuelle du sujet.
 
Il ne s'agit pas d'une abstraction. La symbolique a un langage propre à caractère hautement suggestif qui s'adresse à la conscience, pouvant produire des effets réels.

Chaque symbole offre une grille de lecture de la réalité !
Nous vivons dans un monde de symbolisme. Assagioli va jusqu'à s'approprier l'expression de Goethe : 

« Tout ce qui est passager n’est qu’un symbole »

Dans un certain sens, tout est symbolique : tout le langage est symbolique, autant que "chaque inconscient a son langage symbolique",ce qui fait du "symbolisme un thème complexe et profond !

Le fondateur de la psychosynthèse est de l'opinion que les symboles dûment reconnus et compris ont une grande valeur :

ils évoquent et suscitent la compréhension intuitive directe, la symbolique est le langage de l'esprit, alors que le rationnel se limite au langage de l'intellect !

Le langage symbolique de l'inconscient est considéré comme supérieur à l'expression verbale au moyen de son caractère synthétique, alors que cette dernière est avant tout analytique. 

Le symbole est représentation par laquelle l’inconscient se manifeste, dans un langage universel à décoder individuellement par le truchement de toutes les fonctions psychologiques.

La culture moderne, en particulier celle de l'Occident, a tellement fait de la science une activité mentale, qu'elle court le risque de perdre le sens du symbole, ou alors de vouloir l'enfermer dans les bornes du rationnel.

Pourtant, le symbole débordera toujours ces limites, car il invite à l'expansion, jamais au réductionnisme. 

Sur ce point, Assagioli se démarque nettement de Freud dont l'interprétation du symbole est prise tout entière dans l'illusion quant aux processus explicatifs de la raison.

C'est au-delà de la rationalité que le symbole nous invite à chercher le sens le plus profond de la vie et de l'univers. 

Son caractère synthétique dépasse le morcellement conceptuel de n’importe quelle analyse. Plus on le décrit et le définit, moins il reste un symbole. Tout en faisant appel à l’intuition, le symbole échappe à une définition.

Le mot ‘symbole’ provient étymologiquement du verbe grec synbalein, que l’on peut traduire : pour réunir, mettre ensemble, unifier. 

Il y a l’inclusion, la simplification, la co-identification et la synthèse du conscient et de l’inconscient, du rationnel et du trans rationnel, de l’individuel et de l’universel. 

Originairement il s’agissait d’un objet (pièce en bois, céramique ou autre matériel) coupé et dont les parties étaient données aux gens qui allaient se séparer.

Ces mêmes parties étaient destinées à être mis ensemble lors d’une nouvelle rencontre des mêmes personnes pour confirmer leur identité et donc l’authenticité de leurs liens de parenté, amitié ou autres. Du sens originel concret on est passé à la généralité des significations les plus évocatrices et abstraites.

Il va sans dire que le symbole existe indépendamment de cette désignation. Ils sont innombrables et chacun peut suggérer une multitude de sens y incluant des significations opposées, pouvant varier selon les civilisations, d’une époque à l’autre et encore selon les personnes. 

Toutefois le terme continue d’évoquer le sens primordial d’une mise ensemble alliée à une identification et à une synthèse toujours à découvrir et à compléter par l’intégration des nouvelles situations et données.

Dans le sens le plus large du terme, n'importe quoi ou qui peut devenir un symbole; ou alors être pris comme tel !

Au dire de Roberto Assagioli :

« Le symbole est le langage originel ! »

Dans un sens plus strict, le symbole est relié à quelque chose ou quelqu'un qui a un caractère révélateur par rapport à des contenus, plus ou moins inconscients. 

Il plonge ses racines dans le domaine de l'inconscient autant individuel que collectif. 

Les symboles sont à la fois historique et mythologique profondément encrées dans chaque individu et dans la collectivité tout entière !

 

Les symboles sont à la fois historique et mythologique profondément encrées dans chaque individu et dans la collectivité tout entière !     En plus d'un langage propre, il y a un contenu et un message à la fois particulier et universel, pour tous les gens et pour touts les temps.

En plus d'un langage propre, il y a un contenu et un message à la fois particulier et universel, pour tous les gens et pour touts les temps. 

Ils se trouvent reliés à toutes les philosophies et à toutes les croyances. 

Comme remarque le fondateur de la psychosynthèse, 

« les symboles ont été un moyen d’instruction dans toutes les cultures et dans toutes les religions ! »

Le même symbole peut contenir plusieurs évocations et significations selon les personnes, les temps et les circonstances !

Toute signification qu'on puisse dégager du symbole n'est jamais ni unique ni définitive. 

Selon Assagioli :

une des caractéristiques du symbole, comme d'ailleurs une des caractéristiques de l'art, est celle d'avoir plusieurs significations.

Avec Dante, il lui attribue quatre significations : 

  • littérale, 
  • allégorique, 
  • morale 
  • et anagogique,  
À caractère spirituel, orientée vers des réalités d'ordre supérieur. 

Chaque symbole est donc toujours bien plus qu'une simple allégorie. Il constitue un pont reliant la perception à l’évocation, autant au niveau personnel que transpersonnel.

On peut se demander dans quelle mesure on est conscient de l'existence du symbole, ainsi que de son langage et de la tâche concernant son décodage ?

L'interprétation des symboles fait appel à l'intuition plutôt qu'à la raison. 

Sans s'opposer à la raison, le symbole éveille et fait appel à la fonction intuitive. 

Il a la fonction de dévoiler le sens de la réalité, tout en dissimulant ce sens dans une sorte d'énigme ou de labyrinthe toujours mystérieux pour la logique rationnelle.

Comme le remarque Mircea Eliade :

le symbole révèle certains aspects de la réalité - les plus profonds - qui défient tout autre moyen de connaissance.

Tout en soulignant que les symboles sont d'une grande efficacité, Assagioli regrette que celle-ci ne soit pas encore assez reconnue, ni assez développées !

« Avec le développement du mental nous avons perdu le sens du symbole, mais l'inconscient continue d'être relié au symbole ! » Exprime Assagioli  

Convaincu que le symbolisme est pour la vie psychique d'une importance extraordinaire, il valorise l'interprétation du symbole faisant appel à la méthode associative dont la clé principale doit être celle de l'intuition.

Au contraire de l’image qui représente directement quelqu’un ou quelque chose, le symbole ne les représente qu’indirectement.

Sa signification est souvent pluridimensionnelle, ambivalente et paradoxale, étant donné qu'elle varie selon les niveaux et perspectives de la conscience. 

Un même symbole peut en effet, selon les circonstances, receler deux significations opposées :

  • l'une supérieure, positive, 
  • et l'autre inférieure, négative. 

Il peut avoir en outre plusieurs significations simultanées !

Face à la complexité d'un tel langage, il faut éviter le découragement et se garder des explications faciles.

Alors que la psychanalyse met l'accent sur l'interprétation des symboles, et la psychologie analytique de Jung le met sur leur action spontanée, la psychosynthèse s'en sert activement.

Parmi les moyens particulièrement appropriés à l'utilisation des symboles, Assagioli suggère les suivants : 

  • la visualisation de tel ou tel symbole, 
  • la réflexion sur les symboles provenant spontanément des rêves ou du dessin libre (selon la méthode inspirée par Jung), 
  • la technique du "rêve-éveillé-dirigé" de Robert Desoille, 
  • ou encore ses variantes, telles que la méthode GAI ("Guided Affective Imagery") de Virel et Fretigny.

Il tient compte aussi de certains tests psychologiques

  • "Thematic Apperception Test" (TAT), 
  • test musical ("Musical Rêverie Test"), 
  • test de mouvement (danse spontanée), 
  • test cosmique (rapport avec l'univers).
C'est donc dans la pratique et pour chaque cas en particulier qu'il faut considérer l'opportunité, ou encore d'éventuelles contre-indications, concernant le recours à la symbolique en tant que moyen d'expression, de contact et d'intégration du potentiel de l'inconscient
 
Assagioli accordé une attention particulière aux symboles de la nature. Il convient de noter que dans toutes les cultures, le symbole de la montagne semble relié à des manifestations que la psychosynthèse place au niveau de l'inconscient supérieur tant individuel que collectif.

Le symbole humain du "vieux sage" est aussi beaucoup utilisé en psychosynthèse, mais il y en a bien d'autres qui peuvent être considérés comme particulièrement signifiants.

Assagioli en nomme au-delà d'une centaine.

Il tient que l’emploi conscient des symboles par la visualisation, apporte l’intégration des éléments conscients et inconscients, de l’esprit logique et des fonctions irrationnelles et supra-rationnelles.
 
Comparant l'énergie psychique à l'énergie électrique, il considère dans le symbole les fonctions à la fois d'accumulateur, de transformateur, de conducteur et d'intégrateur de l'énergie psychique de notre monde intérieur.

Chaque symbole reste une sorte de pont entre la conscience et l'inconscient, entre l'individuel et l'universel.

En plus du discernement quant à l'efficacité de chaque symbole, il faut tenir compte des objectifs d'évocation.

C'est d'utiliser les symboles pour favoriser l'accès aux trésors de l'inconscient !

L'utilisation du symbole doit échapper à une double tentation : 
  • la fascination passive,
  • et l'utilitarisme.
Le risque de voir dans le symbole une sorte de magie déterministe; le deuxième peut faire tomber facilement dans l'illusion de l'avoir apprivoisé et soumis aux simples formes de la représentation !

Des symboles tels que ceux
  • de la lumière, 
  • du bijou, 
  • du sage, 
peuvent servir, mais en tant que moyens, comme des symboles tout court.

Assagioli observe que le symbole peut nous aider à la condition qu'il soit considéré seulement en tant que symbole. 
 
Un symbole peut révéler ou cacher, et il y a le danger d'être trop motivé / abusé par les symboles.
 
C’est fondamental de les « reconnaître comme un moyen, un symbole, et non pas comme la réalité. » 
 
En effet, conclut-il : La véritable expérience est sans forme !

Le symbolisme constitue un défi d'abord adressé à notre capacité de vie. Plus qu'un refuge ou un obstacle, le symbole est un moyen au service de l'être humain !

Comme l'explique Assagioli dans une entrevue :
 
les symboles peuvent soit nous conduire à la réalité, soit constituer un refuge entre la conscience et la réalité.

Prenons garde : il faut utiliser les symboles et d'autres moyens, mais en restant toujours leurs maîtres. ** une petite contradiction, face à tous concepts, vous devez rester le maître dans toutes situations expérimentales.
 

Les symboles étant évocateurs concernant les situations existentielles, il faut alors tenir compte du vécu personnel dans leur interprétation, mais aussi d'éléments qui le dépassent.

L’auteur du système psychosynthétique croit que la psychologie du futur mettra plus d'emphase sur l'utilisation des symboles, surtout en rapport avec les fonctions psychologiques supérieures comme l'intuition, en vue
d'une meilleure utilisation des énergies psycho-spirituelles.

Il y a diverses méthodes pour promouvoir et favoriser la descente des éléments transpersonnels au niveau de la conscience de veille ! (voir plus haut)

La classification assagiolienne des symboles comprend six groupes, y considérant leur provenance : 
  • symboles de la nature, 
  • symboles animaux,
  • symboles humains, 
  • symboles de choses créées par l'homme, 
  • symboles religieux et mythologiques, 
  • symboles abstraits.
Pour ce qui concerne leurs effets, Assagioli classe les symboles en 14 catégories :
  • introversion, 
  • descente en profondeur, 
  • élévation-montée, 
  • élargissement-expansion, 
  • éveil, 
  • lumière-illumination, 
  • feu, 
  • développement, 
  • renforcement-intensification, 
  • amour, 
  • chemin-voie-pèlerinage, 
  • transformation-sublimation,
    renaissance-régénération, 
  • libération.
De même que pour l'expérience des rêves, il peut y avoir, au sujet du langage symbolique, bien des attitudes différentes et opposées
  • indifférence,
    questionnement, 
  • rébellion, 
  • motivation, 
  • abdication, 
  • persévérance.
Cependant, l'attitude fondamentale est celle de l'attention à maintenir jusqu'au moment où advient une sorte de révélation spontanée d'un sens jusque-là caché. 
 
Une telle attitude suppose une sorte d'acte de foi dans la signification et la révélation permanente de la symbolique partout présente, même dans le langage ordinaire.

En d'autres mots, tant que quelqu'un se trouve coupé de son inconscient, il ne prête pas attention à son langage exprimé par le truchement du symbole.

En fait, selon Assagioli : l'inconscient pense, réagit et s'exprime naturellement par le symbole !

Dans l'inconscient, de même que dans notre partie consciente, il y a des forces opposées; d'où le nécessaire travail de régénération et de synthèse.

Ce travail fait appel à une collaboration consciente nommément en tenant compte du recours à la symbolique.

Le symbole a effectivement, comme le souligne Assagioli :

la fonction paradoxale de "cacher ou de révéler !" 

Aucune formule doctrinaire et loi religieuse peuvent apprivoiser le symbole en termes de signification précise ou globale, étant donné que son sens échappe à leur contrôle.

La psychosynthèse peut servir à mieux nous apprendre que la voie qui conduit à l'expérience des grandes révélations autant du Soi humain que du Soi divin, ne peut jamais éviter de longer et de traverser les domaines mystérieux de l'inconscient. 

Avec Assagioli, on doit souligner le fait universel de l’utilisation des symboles à des fins éducatives dans toutes les cultures et dans toutes les religion !

Il se peut que , par exemple dans l’imagerie mentale, advienne un symbole à caractère négatif, comme une sorte de danger ou tentation. Dans le cas échéant, il n’y est pas question de le rejeter, mais de le transformer !

En plus et avant toute utilisation de la symbolique, il convient de tenir compte, encore une fois, du fait que le symbole est en soi-même une source de synthèse, comme son sens étymologique l'indique. Il fait appel à toutes les fonctions psychologiques et dépasse toujours leur capacité dans l’appréhension (compréhension) de son sens.

Il est continuelle de quelque chose et une révélation permanente de nous-mêmes.

Une fois considérés en particulier la activité onirique et le langage du symbole, revenons à l'inconscient comme tel.

C'est un appauvrissement majeur pour tout être humain, quel qu'il en soit, de faire l’abstraction de son potentiel inconscient, et pire encore de minimiser cette dimension humaine !

Nous réfugier dans l'espace conscient, c'est devenir substantiellement coupés de nous-mêmes.

Il peut arriver que quelqu'un soit fondamentalement très ouvert à l'inspiration artistique, religieuse ou scientifique, par exemple, tout en croyant consciemment le contraire.

« L'inconscient, comme on l'appelle, est beaucoup plus 'poétique ! » Martha Eliade

« Notre vie, qu'elle soit consciente et inconsciente à la fois, reste souvent une énigme expérimentale qui peut paraître à soi et aux autres très mystérieuse ! » Eddy Vonck

Avec Assagioli, soulignons encore une fois que la pratique de la psychosynthèse exige avant tout la connaissance de nous-mêmes, de la totalité de nous-mêmes, et donc aussi de notre inconscient !

 

« Nous ne devons pas croire que le champ de recherche de  l'inconscient est un champ exclusivement réservé aux experts. Tout le monde doit commencer à l'étudier, et dans cette étude, nous devons nous tourner aussi vers le haut et vers le bas de notre être, toujours dans une attitude sereine d'observateurs. »

« Nous ne devons pas croire que le champ de recherche de l'inconscient est un champ exclusivement réservé aux experts. Tout le monde doit commencer à l'étudier, et dans cette étude, nous devons nous tourner aussi vers le haut et vers le bas de notre être, toujours dans une attitude sereine d'observateurs. »

Une telle intégralité ou globalité inclut l'inconscient dans toutes ses dimensions. 

Comme le remarque le fondateur de la psychosynthèse :

« Il n'y a pas encore longtemps, la recherche de l'inconscient s'adressait presque exclusivement à ses aspects inférieurs, les impulsions instinctives, les conflits existants, et les troubles nerveux et psychologiques qui s'ensuivent. Seulement de nos jours, l'attention s'est portée aussi sur les aspects supérieurs de l'inconscient. »

« Il n'y a pas encore longtemps, la recherche de l'inconscient s'adressait presque exclusivement à ses aspects inférieurs, les impulsions instinctives, les conflits existants, et les troubles nerveux et psychologiques qui s'ensuivent. Seulement de nos jours, l'attention s'est portée aussi sur les aspects supérieurs de l'inconscient. »  L’inconscient devient de moins en moins la caverne des monstres et de plus en plus la surprise et le charme d’une maison familiale où il y a toujours les défis des étages à atteindre, l’émoi des recoins avec des trésors à découvrir, et le prix d’y être l’habitation et l’habité.

L’inconscient devient de moins en moins la caverne des monstres et de plus en plus la surprise et le charme d’une maison familiale où il y a toujours les défis des étages à atteindre, l’émoi des recoins avec des trésors à découvrir, et le prix d’y être l’habitation et l’habité !

Il y a un bon/ bien et beau chez nous que ne doit pas être considéré étrange et moins encore étranger. 

En fait, notre nature elle-même nous impose de passer une grande partie de la vie dans les domaines de l’inconscient.

Cela arrive grâce au sommeil lequel représente un acte d'abandon où le conscient se remet et donne place à l'inconscient, tout en passant par une triple expérience qui fait penser : 

  • à la mort (perte de conscience), 
  • à l'éternité (absence psychologique du temps), 
  • et à la résurrection (réveil et régénération vitale.) 

Le sommeil profond, à distinguer du rêve où il y a un état différent de conscience, constitue le vrai passage de la conscience ordinaire à l’inconscient par rapport à nous-mêmes et par rapport a la durée du temps.

“Je dors, mais mon esprit veille.”

En plus de constituer une partie intégrante de nous-mêmes, les énergies de l’inconscient sont indispensables à notre équilibre psychologique.

Comment donc se comporter consciemment envers l'inconscient ?

Il faut bien croire qu'il existe ! 

  • S'y intéresser, 
  • l'étudier et étudier avec lui, 
  • accueillir ses manifestations tant au niveau individuel que collectif, 
  • utiliser ses énergies, 
  • lui faire confiance, 
  • s'abandonner à lui et lui communiquer nos problèmes et nos aspirations; 

en bref, faire des domaines conscients et inconscients une vraie synthèse existentielle !

Les fonctions psychologiques, à considérer dans les deux chapitres qui suivront, constituent nos outils de travail à cet égard :

  • soit comme sujet de découverte, 
  • soit comme objet d'intégration, 

cela dans un rapport étroit entre le champ de la conscience et le domaine de l’inconscient.

À SUIVRE ! 

Fin de la retranscription de la partie 3, la partie 4 suivra mais patience...

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Eddy Vonck - Fondateur du Blog Psycho'Logiques

Eddy Vonck - Fondateur du Blog Psycho'Logiques

 

 

 

 

 

 

  
 












 
 


 
 
 






 


 
 
 
 
 
 
 
 
 


 

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