𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶 (partie 8) - ( la maîtrise de soi)
𝗣𝗮𝗿𝗮𝗺𝗲̀𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗲𝗻 𝗣𝘀𝘆𝗰𝗵𝗼𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝗯𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗔𝘀𝘀𝗮𝗴𝗶𝗼𝗹𝗶
(partie 8) ( la maîtrise de soi)
🚫 avant de lire cette partie 8, il est impératif que vous lisiez à votre aise, les chapitres précédent 1&2&3&4&5&6&7 Eddy
📌(partie 2) - (niveaux de conscience / sur la voie du centre)
📌(partie 3) - (Ouverture à l’inconscient)
📌(partie 4) - (Fonctions psychologiques.)
📌(partie 5) - (Rôle de la Volonté)
📌 (partie 6) - (Cadre Systématique)
📌 (partie 7) - (Connaissance de soi)
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Psychosynthèse : Bien plus fondamental que la découverte de l'espace cosmique est celle de notre identification et potentiel, donnant lieu à l'élargissement de la conscience.
Le présent chapitre concerne directement les items quatre, cinq et six du diagramme de l'œuf présenté, c’est-à-dire le champ de la conscience et ses niveaux, et le centre même de cette conscience nommé le moi personnel ou alors le Soi transpersonnel, y considérant respectivement les domaines personnel et transpersonnel.
4. Le champ de la conscience
5. Le moi conscient ou soi personnel
6. Le Soi supérieur, spirituel ou transpersonnel
les autres items sont
1. L'inconscient inférieur
2. L'inconscient moyen
3. L'inconscient supérieur ou supraconscient
7. L'inconscient collectif
📌 Le classement et les nomenclatures des niveaux de conscience varient selon les différentes écoles et auteurs en Psychosynthèse.
La référence à des niveaux ou stades de conscience ne doit pas être comprise dans le sens linéaire du terme. Il ne s'agit pas d'une localisation à proprement dite. On peut cependant imaginer le domaine conscient comme un spectre dont le rayonnement se présente avec des couleurs et intensités différentes !
C'est dans cette perspective que l'on doit considérer les niveaux distinctement identifiés en psychosynthèse par le biais du diagramme de l'œuf où il est question des domaines conscient et inconscient à des niveaux et dimensions distincts.
Le fait de considérer différentes prises de conscience plus ou moins amples ou et intenses et toujours passibles de modification ! Il y a, chez n’importe qui, possède des domaines ou stades plus ou moins conscients dont on doit tenir compte. Mais il ne serait pas correcte d'exprimer qu'il y aurait des individus, les uns conscients et les autres dépourvus de conscience ???
Celle-ci est commune à tous, quoique les degrés soient différents concernant la prise de conscience de chacun !
🚫 avant de lire cette partie 6, il est impératif que vous lisiez à votre aise, les chapitres précédent 1&2&3&4&5&6&7 Eddy
📌(partie 2) - (niveaux de conscience / sur la voie du centre)
📌(partie 3) - (Ouverture à l’inconscient)
📌(partie 4) - (Fonctions psychologiques.)
📌(partie 5) - (Rôle de la Volonté)
📌 (partie 6) - (Cadre Systématique)
Ici, commence la partie 8
LA MAÎTRISE DE SOI
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
À l'injonction :
« connais-toi toi-même ! »,
succède l'impératif :
« possède-toi toi-même ! »
Lorsqu'en 1933 Assagioli mentionne la connaissance de soi et la maîtrise de soi, il fait de cette dernière une sorte de test appliqué à la première.
C'est un moyen bien efficace pour la connaissance de nous-mêmes et – dit-il : de nous - mettre à l'épreuve en certaines circonstances de la vie !
D'ailleurs, il établit et explicite ainsi le rapport entre connaissance de soi et maîtrise de soi :
À l'exploration et à la découverte des grands domaines de notre vie intérieure succède la prise de possession, la maîtrise des différentes forces des éléments variés qui nous habitent et qui opèrent en nous !
Une telle maîtrise reste encore une longue route à parcourir, remarque-t-il :
« Même si l’homme a acquis un degré impressionnant de pouvoirs sur la nature, sa connaissance et son degré de contrôle sur son être intérieur restent encore très limités ! »
Un des objectifs du processus psychosynthétique est de faire face à la situation chaotique de notre monde intérieur, sous peine de ne jamais relever le défi de devenir maîtres de notre propre vie !
En 1923 et à l'âge de 35 ans, Assagioli écrit :
« Un premier examen de notre âme nous révèle un chaos épouvantable : nous découvrons un mélange d'éléments hétérogènes, une succession de sentiments contradictoires, le heurt d'impulsions contrastantes. [...]. Cependant, cette première révélation ne doit pas nous terrifier ni nous décourager. En approfondissant l'examen de notre âme, nous découvrons aussi des richesses, des lumières et des énergies latentes qui attendent d'être mises en valeur; nous comprenons comment même les forces passionnelles inférieures qui nous tendent des pièges et nous font tomber peuvent être disciplinées et transformées de façon à servir un objectif supérieur, et qu'en chaque mal, il y a un germe de bien à développer ! »
La psychosynthèse est présentée par son fondateur comme le terme d'un choix face à l'alternative :
devenir des Seigneurs
de notre propre royaume intérieur,
ou alors de :
demeurer esclaves des fantasmes intérieurs et des influences extérieures !
L'approche psychosynthétique est, selon Assagioli :
« une méthode de développement de soi, de réalisation
psychologique et spirituelle pour tous ceux qui refusent de continuer à être des esclaves de leurs fixations enfantines, de leurs complexes, de leurs inhibitions, de leurs limitations ou des influences externes, qui désirent devenir maîtres d'eux-mêmes et vivre d'une manière créative dans le monde ! »
Il y voit avant tout une conception dynamique et, aussi, dramatique de la vie psychique, une sorte de lutte entre une multiplicité de forces rebelles et contradictoires, et un Centre unificateur qui tend à les maîtriser, à les rendre harmonieuses et à les employer de façon plus utile et créatrice !
Il ne s'agit pas d'une dramatisation, mais plutôt de l'identification d'un certain drame qu'il faut d'abord reconnaître, si l'on veut le dédramatiser !
La maîtrise de soi est souvent comprise comme une victoire sur nous- mêmes, dans une sorte de combat intérieur et de partis pris pour les forces du bien en lutte contre celles du mal !
Assagioli y associe alors le développement intérieur et la maîtrise de soi !
Il observe que le juste contrôle signifie la régulation de l’expression, visant à une utilisation constructive et dirigée vers des énergies biologiques et psychologiques.
En fait, ajoute-il :
« si nous refoulons, nous devenons la victime de ce de qu’on a nié, alors qu’en utilisant judicieusement l’inhibition, nous obtenons la liberté et la maîtrise ! »
La maîtrise de soi contient et dépasse le simple autocontrôle face à quelque chose, à une personne ou à une situation !
Piero Ferrucci fait voir :
« qu'il s’agit de la capacité d’augmenter ou de diminuer la potentialité, d’affirmer ou de contrôler (non de réprimer, ce qui est un acte forcé et inconscient), d’exprimer ou de contenir, de cultiver ou d’ignorer les différents aspects de nous-mêmes, selon les moments et les situations de la vie. »
Tout loin d'une domination quelconque, il s’agit fondamentalement d’une tâche d'harmonisation des contenus énergétiques et des fonctions psychologiques !
Ce qui n'a rien à voir avec un contrôle rigide, ni une auto discipline étouffante, ni un combat agressif, ni d'une indifférence ni d'une victoire face à nous-mêmes ou avec quelqu’un d'autre !
La maîtrise de soi, nous porte à nous sentir et à nous comporter en maîtres chez-nous, ce qui est tout autre chose qu'une répression, un refoulement, une domination ou une manipulation.
Il y est question d’affirmation, plutôt que de restriction !
1 - De l’ascétisme de la personnalité au mysticisme du Soi
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Le mot ascèse en grec : askesis, provient du verbe : askein qui signifie :
- décorer,
- adapter,
- entraîner,
- pratiquer un art !
Les pratiques ascétiques sont communes à plusieurs traditions philosophiques et religieuses, elles sont souvent présentées comme condition du progrès spirituel et parfois imposées en guise de percepts plus ou moins rigides.
L’ascétisme, parfois austère, est considéré en tant que test et de voie vers le mysticisme !
Les initiés aux rites des Mystères sont systématiquement placé face à des épreuves plus ou mois sévères, souvent soumis à des austérités extrêmes !
Tel est le message de Goya pour indiquer une sorte de noviciat perpétuel, en faisant le portrait d’un vieillard y incluant, au-dessous, la légende suivante: ' Aun apriendo ' : Je suis encore en apprentissage !
L’appel à l’ascèse comme expression du discipline est alors d’un contrôle sur nous-mêmes se retrouve chez différentes cultures et croyances !
Le bouddhisme tantrique de l’Orient insiste tout particulièrement sur la maîtrise de soi, et la façon à concilier l’épanouissement de tous les sens, y cultivant le souci de ne pas tomber dans la licence des mœurs.
L’hindouisme a été souvent caractérisé et associé aux austérités relativement au corps et le renoncement par rapport aux affaires considérées mondaines.
La mystique tibétaine prescrit la discipline, alliée à la générosité, à la patience, à l’énergie, à la pratique de la méditation et au développement de la connaissance, tout en basant la maîtrise de soi non pas sur la rigidité des lois, mais dans l’harmonie avec tout ce qui existe. En général, il y a des exigences à caractère ascétique, plus ou moins strictes, en ce qui concerne la préparation et purification, menant à l’union avec la divinité brahmanique ou autre. Les enseignements orphiques font appel à la purification, à l’ascèse et aux rituels comme préparation pour la libération de l’âme prisonnière du corps !
Toute la philosophie du travail alchimique et de la pierre philosophale est basée sur les principes de la transformation et de la sublimation qui passent par l’ascèse de la purification !
Pareilles situations et attitudes se trouvent dans le Moyen-Orient et en Occident, à l’intérieur du judaïsme, du christianisme et du mahométisme, notamment en ce qui concerne les rituels et la mystique en général, où il y a la valorisation et l’appel constant à la voie purgative !
À l’insistance obsessive sur le renoncement, on peut associer une schizophrénie existentielle souvent fort encrée dans ces différentes cultures !
Abraham Maslow observe :
« La plupart des philosophies et des religions, en Orient comme en Occident, ont opéré une dichotomie, enseignant que le chemin pour grandir est de maîtriser ce qui est bas et de renoncer. L’existentialisme, nous apprend que ces deux aspects constituent ensemble la nature humaine. Aucun d’eux ne doit être refusé ! »
Le renoncement bien compris signifie alors le but et l’avantage à la fois d’une intégration, d’un équilibre et d’une synthèse de tous les aspects de la personnalité.
L’ascèse est considérée en fonction d’un bien à atteindre ou d’un mal à éviter !
C’est à distinguer entre :
l’ascèse voulue et l’ascèse imposée,
l’ascèse insensée et l’ascèse pondérée,
l’ascèse bien comprise et l’ascèse dépourvue de sens.
L’idéal ascétique peut prendre un sens positif d’entraînement, ou aussi d’une punition subie ou imposée comme une mortification, pouvant aboutir à une punition psychologiquement mortelle !
Il y a ici une conception négative dans cette discipline, au lieu de faire de l’ascète un athlète responsable et heureux de ses capacités, elle, le conçoit plus comme un pénitent misérable convaincu de sa nature déchue, en lutte contre des tendances et des forces adversaires prêtes à nous faire tomber dans l’échec (** des formes erronées de croyances) !
L’ascèse véritable n’a rien à voir avec la méfiance et le mépris de soi-même.
Lorsqu’elle s’adresse à maîtriser notre potentiel, ou à tout simplement corriger des déviances en nous, alors elle est en notre faveur.
La maîtrise de soi fait appel à la volonté bienveillante !
Mais, jamais au truchement d’une volonté forte et dominante, y incluant le recours à l’intimidation et des formes diverses de violences.
L'histoire humaine a été souvent marquée dans ses différents domaines, à des recours à la domination dont l'expression la plus subtile, peut-être très dangereuse...
Elle consiste à maîtriser et à dominer les consciences par le moyen de la peur !
« Mais on ne manie pas sans risque ni danger l'arme de la peur ! »,
comme l'exprime Jean Delumeau dans son étude sur
l’histoire de la peur en Occident !
Un des grands dangers de l'ascétisme est d'imposer la maîtrise de soi à partir de motivations et d'impératifs extérieurs.
« pour produire un effet salutaire, les privations ne doivent pas être imposées par la volonté des autres ! »
L’ascétisme, en provenance du mot grec : askesis déjà référé, se trouve en rapport avec le terme latin : scandere signifiant : monter, aller plus haut !
En grec, il signifie tout simplement :
- exercice,
- discipline,
- entraînement...
Toutefois, l’ascèse est perçu plus comme une imposition rigide de privation !
C'est une voie observée chez certains orientaux plus austères, spécialement chez les bouddhistes, et chez certains ascètes de la mystique chrétienne. Il y a alors le risque de tomber dans ce qu’il désigne : « l’ascétisme de l’humain ambitieux ! »
Contrairement aux méthodes artificielles trop violentes de l’ascétisme ancien, Assagioli propose une conception moderne caractérisée par une attitude ascétique intérieure :
c’est-à-dire en considérant chaque évènement et chaque incident comme un exercice de gymnastique intérieure, une leçon et un message, et une occasion de développement !
L’ascétisme est synonyme de mortification, voire de torture, surtout en ce qui concerne le corps (** et surtout l'esprit). Mais telle ascèse, quoique comprise comme une victoire de l’esprit sur le corps, reste pour le premier une contradiction et paradoxalement une dépendance.
Il y a alors le contresens du plaisir dans le non-plaisir et en même temps un déguisement égoïste qui cherche l’obtention d’un plaisir spirituel par le biais d’un comportement **sadomasochiste !
** j'utiliserais plutôt les mots : psychopathologique et pense à certains dirigeants politiques psychopathes qui dirigent le monde !
Au niveau de la personnalité, l’ascèse semble un fardeau à éviter, et l’appel au Soi transpersonnel peut apparaître comme une exigence déplaisante !
Piero Ferrucci remarque :
« Le Soi est, en fin de comptes, un sujet inconfortable : Il demande de révolutionner nos vies; il peut nous rendre temporairement plus vulnérables; il nous demande plus de responsabilité; il nous fait travailler durement et nous expose au danger. Il peut devenir bien plus facile de tout ignorer sur le sujet et de poursuivre la vie de tous les jours ! »
Il reste alors l’alternative entre :
l’abdication
et la réussite,
tout en comprenant que celle-ci dépend et accepte le sacrifice en tant que moyen, mais jamais au détriment de l’intégrité humaine !
C’est à noter que la prise de conscience au niveau du Soi n’est pas synonyme d’une vie libérée des épreuves, incluant aussi nos imperfections.
L’auto-identification ne fait pas de la prise de conscience concernant la bonté ontologique un synonyme de la perfection ni de l’impassibilité !
Les épreuves décrites par les mystiques sous différentes désignations : la nuit obscure, crucifixion spirituelle, douleur ou mort mystique, toutes sont propres de la voie purgative, et se réfèrent à l’individu tout entier !
Les épreuves de la vie atteignent donc autant le niveau de la personnalité que celui du Soi transpersonnel.
La maîtrise de soi permet de reconnaître et de faire face au réalisme de la vie hors de toute indifférence !
Aucune ascèse,
aucune théorie,
aucun enseignement,
incluant celui transmis des sages et des écritures sacrées, ne peuvent devenir la source de la mystique !
La maîtrise de soi doit être un fait existentiellement vécu, ou alors elle n’existe pas !
Dans la dialectique du couplet ascèse et mystique, ce qui a souvent prédominé est malheureusement : la confusion dans la prétention de voire dans l’ascèse le fondement de la mystique.
Celle-ci constitue une expérience qui dépend toujours du don, grâce à sa nature gratuite, ordinairement attribué à la divinité n'est jamais d’un acquis personnel.
Le mystique : le mystikos en grec est l’initié qui reçoit le mystère comme un don et non pas comme une conquête !
En termes psychologiques : on peut dire que la maîtrise de soi traduit la remise de la personnalité, moyennement la mystique du Soi, de façon à élever nos motivations au niveau transpersonnel !
Piero Ferrucci dit :
« au niveau de la personnalité, nous essayons de contrôler notre vie, alors qu’au niveau du Soi, le contrôle laisse place à l’abandon, à ce que la vie nous apporte ! »
À ce niveau là, ce n'est pas du déterminisme ni de l’abdication de la volonté, mais de la confiance et de la collaboration.
Pour y arriver, il y a toute une voie à parcourir, dans une progression d’un stade à l’autre, touchant la prise de conscience et des motivations nécessaire pour le réaliser.
Tout ne va pas de soi dans le processus évolutif, marqué par le passage d'un stade à l'autre !
La maîtrise de soi se ressemble bien plutôt à une traversée
pénible du désert !
Florence Assagioli en 1925 exprime lors d'un congrès :
« Il y a aussi le stade mystérieux de la "nuit de l'âme", de la "purification passive" dans laquelle la conscience du mystique subit une expérience négative nouvelle et plus radicale, dans laquelle advient réellement la mort de la vieille personnalité - d'Adam - condition nécessaire à la résurrection dans le Christ. Je crois que dans cette mort mystique, la souffrance humaine atteint son degré le plus élevé; il s'agit d'un tourment inexplicable, d'une véritable agonie consciente ! »
1.1 Le stade adamique: Sous le joug de l'ascèse
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Il n'y est pas toujours facile d’assurer la maîtrise de soi et l’équilibre permanent au cours de notre pèlerinage intérieur.
Tel que remarqué par Assagioli :
« le vieil Adam ressuscite avec ses habitudes, ses tendances et ses pulsions, et l'âme comprend qu'elle doit accomplir un long, patient et complexe travail de purification. Elle doit traverser tous les bas-fonds de sa nature inférieure pour la connaître, la maîtriser et la transformer ! »
Son approche psychologique comprend la réalisation de soi comme une sorte d'entrée dans la terre promise !
Mais elle ne méconnaît pas pour autant la voie qu’y amène, y incluant l'ampleur du désert qui met le voyageur à rude épreuve !
C'est pourquoi Assagioli considère comme normal l'existence d'une période ascétique de la vie mystique !
Néanmoins, il y ajoute la réflexion suivante :
« L'esprit ascétique exagéré - soif de souffrance, de sacrifice, d'abjection, d'attitude hostile envers le corps, soumission passive - ont non seulement empêché de nombreux mystiques du passé de se libérer des maladies physiques... »
« S'il faut admirer la force d'esprit, la générosité et l'amour par lesquels ils ont transformé une faiblesse en une force, il faut cependant reconnaître que leur attitude est fondée sur des préjugés et des conceptions étroites et inexactes.
L'ascétisme, la souffrance et le sacrifice ne sont pas des fins en soi et n'ont pas une valeur absolue; au contraire, il s'agit de moyens et de valeurs relatives ! »
Les excès ascétiques se trouvent en rapport avec maintes croyances et rituels, surtout en ce qui concerne les rites de passage à caractère initiatique, parfois plus proches des tabous obscures que des normes et suggestions éclairées, allant parfois jusqu’à la torture ou même au sacrifice de victimes humaines.
La mystique apparaît alors comme une justification invoquée, sous la fausse conviction que la souffrance y est à la fois une condition de la régénération et la preuve d’une sélection surnaturelle !
La mystique qui libère de la souffrance doit inclure celle-ci pour la transformer.
On ne peut pas donc éviter les sentiers étroits et obscurs fort communs dans l'ascétisme.
Dans le mysticisme : le désert devient le lieu privilégié de la rencontre avec nous-mêmes et avec le divin, et donc l’opportunité d'une libération !
S'il ne peut y avoir de mystique sans ascèse, il peut y avoir toutefois beaucoup d'ascèse sans mystique, même à l'intérieur de la dimension religieuse, lorsque l’ascétisme devient une finalité !
Ce serait donc une erreur autant de faire de l'ascèse une finalité en soi que d’y voir un danger à toujours éviter !
Assagioli tient compte de l’élément ascétique tout en clarifiant :
« L’ascétisme, la souffrance, le sacrifice ne sont pas des buts en eux-mêmes; ils ne sont pas des valeurs absolues, mais des moyens avec une valeur relative ! »
La prétendue : ' mystique du devoir ' qui amène à insister sur le caractère pénible de l'obligation externe à jeter : " une certaine suspicion sur ce qui est agréable et joyeux ", provient, selon Assagioli, d'une conception unilatérale, psychologiquement erronée et d'ailleurs en grande partie dépassée !
Par contre, remarque-t-il :
« Si l'ascétisme médiéval était excessif, violent et trop séparatif; l'homme moderne, en revanche, oscille entre l'hédonisme, l'imposition violente et les stimulations artificielles ! »
Autant l’ascèse puritaine** que la débauche s’opposent à la vie mystique !
** à cette époque, je remplacerais le mot : ' puritain ' par une ascèse égocentrique, une maladie psychopathologique multi-réseaux sociaux !
La voie humaine vers la maîtrise de soi est souvent parsemée d'erreurs, ce qui dénote une conception plutôt rudimentaire de nous-mêmes par un manque de critères et de moyens adéquats à la mise à profit de nos énergies.
L’ascèse peut ou non faciliter la mystique, mais jamais le mysticisme provient directement de l’ascétisme.
L’hindouisme et le bouddhisme tiennent compte de l’ascétisme dans tous les domaines de la vie, traduisant dans la conscience une maîtrise du courant mental, du corps et particulièrement dans la respiration !
Cette maîtrise, le ' gyi ', parfois très méticuleuse, se trouve allié aux arts martiaux comme : le judo et le karaté; et aussi bien que dans le règlement des moines.
Le ' gyi ' des moines bouddhistes va jusqu’une précision détaillée, concernant, entre autres, la façon de marcher, de s’asseoir, de manger, de dormir, de prendre le bain...
Il s’agit d’un règlement détaillé commun d'une vie monastique généralement et parfois formaliste. S'il est dépourvu d’un vrai sens, il peut devenir aliénant, signe évident que l’on est encore au ' stade adamique ', sous le joug de l’ascèse !
1.2 Le stade abrahamique: Sous le signe de la mystique
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Contrairement au stade adamique caractérisé par la tension entre les polarités, et victime d'extrêmes comme l'hédonisme et le masochisme, le stade abrahamique tend à dépasser la confrontation des opposés, tout en faisant de la maîtrise de soi non pas une forme de domination, mais une formule de synthèse dans laquelle domine la force de la mystique, et non
pas la mystique de la force !
La mystique de la maîtrise de soi est une alliance avec autrui qui permet de sortir de notre égoïsme et de l'absolutisme de n'importe quelle polarité !
L'égoïsme coupe la personne non seulement des autres, mais aussi d'elle-même, tout en empêchant l'identification avec le Soi spirituel qui est source autant de la ' connaissance de soi ' que de la ' maîtrise de soi ! '
Car, l'oppression ne vient pas toujours de l'extérieur; il peut y avoir, à l'intérieur de nous-mêmes, une (où plusieurs) partie(s) qui domine(s) l'autre !
Ce qui semble alors une ' maîtrise de soi ' est plutôt le contrôle dominateur d'une partie de nous-mêmes sur une autre, donnant lieu au refoulement ou à une rébellion de la partie dominée !
Ce contrôle dominateur, qui peut advenir dans les situations les plus variées : là où quelqu'un se sent divisé à l'intérieur de soi-même peut constituer un gaspillage d'énergie qui empêche le cheminement sur la voie de la synthèse.
Ce serait alors une erreur de faire autant de la vie active, une vie contemplative et le pivot de la maîtrise de soi.
Celle-ci provient plutôt de leur synthèse.
Dans la mesure où nous sommes divisés à l'intérieur de nous-mêmes, il n'y a pas de place pour la maîtrise de soi et moins encore pour la véritable sublimation de nos énergies !
C'est une illusion de croire à la sublimation d'une partie de nous-mêmes aux dépens d'une autre qui serait sacrifiée ou refoulée !
Le travail d'intégration est préalable à toute forme de sublimation.
Martha Crampton fait à ce propos la réflexion suivante :
« Si nous essayons simplement de nous couper d'un aspect de nous-mêmes que nous n'aimons pas ou dont nous avons honte, sans en transmuter l'énergie, cette partie de nous se vengera et fera des ravages dans notre vie ! Pour illustrer ceci, prenons l'exemple de certaines personnes qui ont choisi le célibat sans en avoir la vocation. Elles font souvent l'expérience de grands tourments, étouffant en elles-mêmes l'amour et la spontanéité dans un grand effort pour supprimer et refouler leur sexualité. C'est seulement quand celle-ci est reconnue et assumée qu'elle peut être sublimée dans d'autres domaines d'expression créatrice ! »
Effectivement, n’importe quelle privation, surtout lorsque conditionnée par un code de conduite plus ou moins déterminée, amène assez souvent à des compromis plus aptes au refoulement qu'à la sublimation !
Le mysticisme fait partie intégrante de la nature humaine.
Même quant il n’est pas reconnu, il est là, au moins en germe plus ou moins vivant.
Lorsqu’il est étouffé, il y a un risque accru de manifestations pseudo-mystiques comme :
les militarismes paranoïaques déguisés en défenseurs, les fondamentalismes entêtés de fanatisme, les sports créateurs d’idoles, le consumérisme prisonnier de l’avoir...
Le ' mysticisme ' s'inspire d'une vraie mystique, celle de la désidentification personnelle et d'une intégration au niveau transpersonnel !
En plus de l'exercice de désidentification, la psychosynthèse propose, en vue de la maîtrise de soi, celui de la " juste proportion" qui aide à sortir de l'étroitesse d’une perspective égoïste, tous les deux alliés à la consécration à des causes justes, solidaires et humanistes !
En plus de relativiser ce qui nous arrive, il y a l’attitude solidaire qui fait appel au dépassement de l’égocentrisme et à la recherche d’un centre unificateur commun !
Alors que le stade adamique préconise et renforce l'identification à l'une ou l'autre des polarités, le stade abrahamique correspond à un niveau plus élevé qui est la synthèse existentielle des polarités.
Une telle synthèse est marquée par une conviction inébranlable et une irradiation irrésistible qui n'ont rien à voir avec l’adhésion à une doctrine dogmatisme, ni à une domination quelconque !
Un tel état d’esprit n’évite cependant pas l’épreuve.
En d'autres mots : aucune mystique ne peut nous épargner de l'ascèse des épreuves de la voie qui mène à la synthèse de nos polarités.
Assagioli tient compte des épreuves qui vont jusqu'à ce qu'il appelle : " la mort psychologique" de la vieille identité ! Cette mort conduit à l'expérience mystique d’une vraie renaissance !
1.3 Le stade christique: À la portée d'une synthèse
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Le processus qui permet le passage d’un stade à l’autre a été mystiquement exprimé par les termes : ' metanoia ' en grec et ' paenitentia ' en latin, signifiant originairement une conversion au sens d'une transformation de la personnalité !
Peu à peu, ce processus a pris une connotation plutôt négative d'un simple châtiment allié au repentir.
Les termes :
'mortification', pénitence', 'renoncement', 'sacrifice',
ont plutôt une consonance désagréable, une fois rattachés à une ascèse plus ou moins subjective et forcée et plutôt séparée de la mystique et de l'humanité !
Contrairement à cette tendance, Assagioli voit dans l’ascèse un exercice d’ascension, alors considéré comme une :
« discipline psycho-spirituelle ! »
Car, il n’est pas question de passer de l'erreur d'une ascèse sans mystique, ni à l'illusion d'une mystique sans ascèse, la psychosynthèse n'encourage aucune de ces attitudes.
À l’aide de l’approche assagiolienne, on pourra plus facilement reprendre et intégrer ces termes dans une compréhension renouvelée la plus positive possible !
Lorsqu’en psychosynthèse on tient compte du moi personnel et du Soi transpersonnel, tout en envisageant l’idéal d'une maîtrise de soi au niveau du Soi, il faut bien éviter de confondre l’intégration visée par rapport au moi personnel dans son anéantissement au sens d'une mortification éliminatoire !
Aldous Huxley exprime :
« combien cet ‘anéantissement du moi’ n’est jamais considéré comme une fin en soi. (du moins, par quiconque posséderait la moindre idée dont il/ on parle !) » « Il n’y est pas question de défaite, mais de faire de son mieux. Le Soi évoque la pureté dans toute sa simplicité, contrairement à la distorsion hautaine**. »
** égocentrique, narcissique...
Il n’y s’agit pas d’une impasse, mais d'un dépassement !
Evelyn Underhill exprime :
« En dépit des associations étymologiques, l’objectif de la mortification est de rester en vie et non de mourir ! Il s’agit alors d’un ' ajustement ' de la nature humaine aux demandes d’une vie nouvelle ! »
Une fois constituée par des formes de morts que l'on peut subir, elle est plutôt reliée à l'accueil des épreuves de la vie !
La mystique de la sublimation semble la plus apte à inspirer au vrai sens de la mortification. L'ascèse qui accompagne le processus de sublimation se traduit par le travail de transformation de nos énergies.
Les vertus : force, fidélité et patience se trouvent étroitement reliées à la psychodynamique de la mortification. Celle-ci donne lieu à la transformation de notre potentiel énergétique et à sa sublimation. Elle opère les changements nécessaires à l'actualisation de soi !
Il n’y est pas question de conditionnement ou de simple résignation, mais de libre collaboration !
La mortification atteint une dimension sociale.
Elle représente la mort du moi en tant que solitaire et égoïste, sous la conviction que c’est dans la co-identification avec autrui que l’on retrouve notre propre identité, tout en gardant la distinction et l’originalité individuelle !
La pénitence : constitue la première épreuve de la démarche psychosynthétique est celle de la prise de conscience d'une situation plus ou moins chaotique impactant des éléments constitutifs et des forces contrastantes au niveau de la personnalité.
L'idéal d'authentique peut constituer une mystique inspiratrice du processus psychosynthétique menant à l’intégration qui permet la construction d'une véritable identification humaine !
L'ascèse en jeu ici est celle de l'effort et de l'endurance face aux obstacles, à l'obscurité et à la durée du processus évolutif.
Le renoncement : peut-être le plus difficile, parce qu'il concerne nos illusions et nos idoles. Le mysticisme de l'amour altruiste semble le plus apte à inspirer le renoncement.
L'ascèse du renoncement correspond au trait du contrôle de notre égoïsme !
Selon Assagioli :
« contrôler l'égoïsme est non seulement une exigence éthique, mais un besoin pour le salut de l'humanité ! »
Le renoncement est un acte typiquement humain; il peut être le fruit d'un calcul égoïste, mais il peut aussi constituer l’occasion d'abnégations dans le service et l'héroïsme !
Le sacrifice le plus grand est celui de la consécration...
Celle-ci tend à résister aux appels de la ' volonté transpersonnelle ', de même que de la ' volonté humaine ' qui ont des difficultés à se soumettre aux desseins d'une volonté divine !
La grande mystique du sacrifice est celle de l'héroïsme, ou d'une sainteté !
Comme le remarque Assagioli :
« Le sacrifice, dans son vrai sens, est fondé non pas sur le renoncement à quelque chose, mais sur le fait de la rendre sacré par le biais de la consécration ! »
Assagioli fait voir que :
« le Soi n’exige pas des sacrifices au sens souvent erroné de renoncements forcés ou imposés, mais, fait appel au sens d’une consécration qui implique l’élimination graduelle d’un tas de choses, d’habitudes et d’activités qui sont nocives et inutiles, ou moins importantes, de façon à donner lieu et consacrer notre temps à ce qui est plus utile ! »
La maîtrise de soi fait du pouvoir acquis une responsabilité et un service toujours incompatibles avec : la manipulation, l'imposition, la domination...
En termes de psychosynthèse :
on peut présenter la personnalité comme une ' victime ' d'une forme de sacrifice, comprise ou pas mystiquement , par lequel il est possible de poursuivre chaque jour l'expérience d'un accomplissement qui se traduit par la réalisation de soi !
Un tel propos fait appel à la synthèse de plusieurs polarités qui n'observe pas seulement l’individu en particulier.
Telle est la conclusion d’Assagioli :
« Chaque passion dominée, chaque erreur corrigée signifient un danger de moins pour tous les autres; chaque nouvelle lumière de sagesse qui brille en nous, chaque nouvelle force morale développée, chaque sentiment supérieur éveillé, constituent par eux mêmes un bénéfice pour l’humanité ! »
En fait, le mysticisme fait appel à la totalité de l’être en soi, et évoque l’unité de tous les êtres ensemble !
Le mystique vit en soi-même la synthèse de l’immanence et de la transcendance, de la fin et des moyens.
Il est inséparable de la révélation et du mystère, du déjà-vu et de l’inédit, de la vie active et de la vie contemplative !
Le stade christique fait de la maîtrise de soi le processus d’une vraie conversion. Il y a un appel à la discipline à notre égard et à l’intérieur de nous-mêmes !
Assagioli remarque :
« Un individu sans coordination, mené ici et là par ses impulsions irrationnelles et contradictoires, qui perd son temps et ses énergies pour des intérêts différents et qui ont aucun rapport entre eux... devient graduellement une personnalité intégrée, avec toutes ses fonctions qui s'opèrent harmonieusement, réglées par un pouvoir central et direct vers un but bien précis ! »
Ce pouvoir gît toujours au cœur de nos vies !
2 - Le potentiel psychoénergétique
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
De même que le progrès technologique moderne a débuté par l'attention à l'énergie thermodynamique, aussi l'approche psychosynthétique commence par tenir compte de l'énergie psychologique qui pour être utilisée à bon escient, doit être d'abord bien identifiée et maîtrisée !
Assagioli fait voir combien son approche est reliée à la psychoénergie :
« Nous essayerons de construire la psychologie en termes de psychoénergétique dont la psychosynthèse constituera une des principales expressions. »
Alberti observe :
« que sur le point de vue énergétique, chaque être humain peut être considéré comme une interaction dynamique d’énergies de différents niveaux en continuel mouvement et transformation.»
C'est pourquoi la psychosynthèse doit être basé sur l'étude de l’énergie et du dynamisme de la vie bio-psychique, tout en tenant compte, avec le même auteur, du processus transformateur en provenance du Soi, ce qui fait de l’être humain lui-même : « une parcelle transformatrice de la vie ! »
Le concepteur de la psychosynthèse fait voir que :
chaque être humain est un centre d'existence, de conscience et d'énergie !
Alfred Fouillé exprime :
« il n'y a pas d'idées pures, mais des représentations et des "idées-forces ! »
Gabriello Cirenei, un proche collaborateur d'Assagioli, insiste sur le fait que les énergies psychologiques sont aussi réelles que les énergies physiques !
Il voit non seulement une ressemblance entre ces énergies, mais aussi un lien qui rend leur identification plus importante encore que leur distinction. Car la distance apparente entre phénomènes physiques et psychiques sont très réduites !
Assagioli, par sa conception organique, dynamique, existentielle et vitale de la psychosynthèse, rend celle-ci inséparable de la psychoénergie.
C'est donc dans le contexte de la psychologie humaniste-existentielle, et à l'intérieur de la psychoénergétique qu'il place son approche psychosynthétique !
Gherardo Giorni exprime :
« la dimension psychoénergétique² nous place à un niveau supérieur de la compréhension de l'homme, dans la mesure où elle prend en considération toutes les formes d'énergie en interaction, y compris les énergies spirituelles, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'homme ! »
² cinquième force de la psychologie d'Assagioli.
La conception bioénergétique de la vie étant un postulat fondamental de l’approche psychosynthétique, il devient important de consacrer une attention particulière au potentiel psychoénergétique en rapport avec de la maîtrise de soi.
Un principe important de la psychoénergie est que toute acceptation ou expression de l'énergie doit être accompagnée de la capacité effective de son contrôle.
Autrement, on se met à la merci de forces qui peuvent devenir irrésistibles et destructrices.
Tel est l’avis d’Assagioli :
« Il ne suffit pas de libérer l'énergie, il faut savoir la maîtriser; sinon, elle devient irrésistible et destructrice. »
La prise de conscience de notre énergie doit être accompagnée du postulat de sa tendance à s'exprimer. Il y a une sorte de conscientisation qui relie la psychoénergie à la psychodynamique !
Loin d'absolutiser psychologiquement le phénomène entropique de la dégradation, la psychosynthèse prône le principe syntropique tendant à la coordination, à la croissance, à l'évolution et à l'épanouissement.
Par l'importance accordée à la psychoénergie, elle nous éveille à la capacité insoupçonnable du potentiel humain.
Tout au début de sa carrière Assagioli écrivait :
« Le monde psychique, tout comme le monde externe, est un monde de relativité et de manifestations :
les phénomènes psychiques
sont multiples et distincts entre eux; ils sont très variés en qualité,
en importance et en durée. Tout en étant assujettis à des modifications,
au développement et à la destruction, ils peuvent s'associer, se fondre
et entrer en conflit. Notre Soi peut les objectiver, les
faire objet de connaissance et d'analyse, il peut agir sur eux, les dominer, les diriger et les élever.»
Marc Aurèle exprime :
« faire face à soi-même est la lutte la plus difficile, et que gagner la bataille contre soi-même est la victoire la plus belle ! »
Ce langage ne vise cependant pas à faire comprendre la maîtrise de soi comme le résultat d'une sorte de duel intérieur !
Dans l'approche assagiolienne :
la maîtrise de soi reste fondamentalement une tâche d'harmonisation, d'abord intérieure, qui n'a rien à voir avec un contrôle rigide, une autodiscipline étouffante, ou un combat agressif contre soi !
Elle est plutôt l'expression ordonnée de toutes les énergies et fonctions biopsychologiques.
Si l’approche assagiolienne met en relief le rôle de la volonté dans la maîtrise de soi, c'est pour " régler l'expression ", et cela en vue d'une utilisation constructive des énergies psychiques et biologiques !
La devise assagiolienne :
« possède-toi toi-même ! »
sert l'objectif de la maîtrise de soi traduit en psychosynthèse par :
l'identification,
l'accueil,
l'orientation
et l'expression des énergies bio-psycho-spirituelles.
La psychoénergie fait appel à la psychodynamique en tant qu'orientation et expression de l'énergie identifiée.
Assagioli insiste sur l'importance du développement des
facultés de la vie intérieure, cette maîtrise est nécessaire pour donner sens aux activités extérieures.
Remarque-t-il :
« malgré le cours, les exigences et les conditionnements de la vie moderne, nous pouvons, tous consacrer une partie de notre temps et de nos énergies à vivre en 'maîtres' de notre monde intérieur ! »
L'identification de notre potentiel bio-psycho-spirituel peut constituer un éveil intérieur !
Parfois, cet éveil est accompagné d'un certain trouble, dans la mesure où l'on peut éprouver de l'insécurité concernant la capacité de maîtriser et d'utiliser ce potentiel.
En effet, la bonne application de nos énergies ne va pas toujours de pair avec leur identification.
C'est pourquoi la psychosynthèse s'intéresse aussi à la psychodynamique qui a très tôt retenu l'attention d'Assagioli !
Lors d'un cours sur les nouvelles dimensions de la psychologie, donné en 1973, Roberto Assagioli présente la psychoénergie ou psychoénergétique comme la "cinquième force" psychologique, tout en précisant ainsi les distinctions entre psychoénergie et psychodynamique :
Il importe de clarifier la différence entre la psychoénergétique et la psychodynamique.
La Psychodynamique s'occupe de l'interaction entre les fonctions psychologiques au sens spécifique :
- émotions,
- pensées,
- impulsions,
- volonté...
et fait partie de la troisième et de la quatrième force.
Par contre, la psychoénergétique a pour objectif :
la recherche de toutes les forces existantes dans l'univers, et de leurs rapports, c'est-à-dire :
1. les énergies physiques, du niveau subatomique au niveau astronomique, galactique;
2. les énergies biologiques, organisatrices de la matière vivante;
3. les énergies spécifiquement psychiques de toute qualité et de tout niveau;
4. les énergies spirituelles, transpersonnelles, transcendantes.
Cette conception élargie de la psychoénergie sert à souligner le lien essentiel en psychosynthèse, entre les dimensions :
individuelle,
interindividuelle,
spirituelle,
universelle.
Assagioli présente la psychodynamique comme :
« la science de la connaissance et de l'utilisation des énergies psychiques ! »
En psychosynthèse :
il faut toujours se rappeler que la psychodynamique est reliée à la psychoénergie, et il faut donc tenir compte des liens permanents entre les différentes énergies, y compris les énergies à caractère transpersonnel !
Selon Teilhard de Chardin :
« aucune notion ne nous est plus familière que celle de l'Énergie spirituelle. Et aucune cependant ne nous demeure scientifiquement plus obscure. Mais que nous le voulions ou non, tous les indices et tous les besoins convergent dans le même sens: il nous faut, et nous sommes irrésistiblement en train d'édifier, au moyen et au-delà de toute Physique, de toute Biologie, et de toute Psychologie, une Énergétique humaine ! »
Assagioli fait voir que le fait de reconnaître :
l’existence et la nature du Soi = constitue une vraie révélation !
C'est le début d'une vie nouvelle, la clé pour comprendre nombre d'événements et bien des problèmes;
c'est la base de :
la maîtrise de soi,
de la libération
et de la régénération intérieure.
Face au potentiel énergétique humain qui ne cesse d'être découvert et davantage identifié,
il devient important d’y considérer les obstacles, et les moyens d’expression !
2.1 Obstacles et sources de dégradations
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Tout comme la dynamique physique, la psychodynamique prend en compte l'existence de conflits pouvant donner lieu soit à la neutralisation, soit au refoulement des forces.
Dans l'un et l'autre cas, le danger de dégradation de ces forces est bien réel.
Compte tenu des éléments qui sont à l'origine de ces conflits, on peut distinguer trois sortes d'erreurs :
2.1.1 Erreurs fonctionnelles :
Parmi les erreurs fonctionnelles les plus notoires, il faut mentionner l'ignorance et les mauvaises habitudes.
Assagioli souligne l'importance et l'urgence de redécouvrir et de valoriser scientifiquement la psychodynamique, autrefois reléguée aux domaines obscurs de l'alchimie.
L'ignorance et le mépris longtemps entretenus relativement à la psychodynamique expliquent que nous sommes encore psychologiquement, d'après Assagioli : à l'âge de pierre !
Il est pénible de ne pas savoir que faire de ses propres énergies, il est franchement regrettable d'une inconscience généralisée par rapport à ce potentiel énergétique, tout à fait méconnu ou à peine soupçonné !
L'ignorance n'est jamais la voie de la maîtrise de soi !
En plus de l'ignorance, il y a aussi les mauvaises habitudes qui conduisent à d'innombrables conflits, pouvant aller jusqu'à des manifestations pathologiques.
Dans l'un et l'autre cas, l'énergie se dégrade et provoque du
stress !
2.1.2 Erreurs d'attitude :
La dépendance, le jugement de valeur, la domination, la sévérité et la peur figurent parmi les erreurs d'attitude les plus fréquentes en psychodynamique.
La dépendance psychologique est reliée à l'immaturité, à
l'irresponsabilité et aux situations d'infériorité.
Le jugement de valeur dépend la plupart du temps de l'éducation autant reçue que donnée. Parfois, il est question de préjugés purement subjectifs.
Dans la découverte de l’erreur, la bonne attitude est celle de mettre l’accent non pas dans l’enfoncement de l’échec mais dans le défi de le surmonter !
Assagioli préfère insister sur le terme : "discernement" afin d'éviter les jugements de valeur facilement possibles quand il est question par exemple d'évaluation.
La sévérité est reliée à une mauvaise utilisation du pouvoir sur une partie de nous-mêmes ou sur les autres !
Elle constitue une erreur d'attitude caractérisée par la rigueur disciplinaire, fruit de la rigidité d'une volonté forte qui ne fait pas place à la flexibilité.
Elle traduit un manque d'équilibre psychique et devient une source de répression et de refoulement énergétique.
Cela peut conduire à une fausse maîtrise de soi pouvant engendrer une pseudo-sublimation à caractère déshumanisant !
Assagioli précise :
«la pseudo-sublimation est présente là où il y a de l’hypocrisie**, soit-elle évidente ou non.»
** égocentrisme, narcissisme...
Assagioli exprime :
« On peut dire que de nos jours, il y a une véritable phobie concernant le refoulement. Il importe donc de clarifier la grande différence existant entre le ‘refoulement’ et le contrôle conscient.
Refouler une impulsion c’est la condamner, essayer de l'enrayer ou de l'enfermer dans l'inconscient et faire comme si elle n'existait pas. Mais tout ce qui est réprimé revient plus tard, souvent de façon déguisée, pour réclamer son dû.
Par contre, l’inhibition consiste à retenir avec fermeté une impulsion ou une tendance tout en délibérant de la meilleure façon à la traiter. Il ne s’agit pas ici de refoulement, mais bien utilisée, l’inhibition peut être une marque de sagesse ! »
L’attitude positive ou négative en rapport à nous-mêmes, où envers tout et tous, dépend respectivement de la maîtrise de notre énergie et de la teneur de son application !
2.1.3 Erreurs d'application :
Les modalités les plus caractéristiques de la mauvaise application de l'énergie psychique sont l'agressivité, le refoulement et la manipulation.
Ces modalités sont reliées à de mauvaises orientations, choisies ou acceptées !
L'agressivité, comme n'importe quelle autre énergie, tend nécessairement à s'exprimer !
Elle ne doit donc pas être ignorée et ce, d'autant plus qu'elle ne peut pas être supprimée !
L'agressivité est toujours refoulée tant qu'elle ne sera pas ou bien directement exprimée, transformée et sublimée.
La souffrance et la rage provenant de l'agressivité accumulée provoquent la violence qui constitue l'obscure toile de fond de l'histoire de l'humanité; une histoire parsemée de conflits divers et de guerres !
Elles sont le fruit d'un potentiel énergétique qui gît dans l'être humain et qui s'exprime de la façon la plus dangereuse, surtout lorsqu'il a été refoulé.
C’est alors au niveau du Soi, le cœur de l’être humain, que, selon Assagioli, le processus de sublimation doit prendre place, dans une attitude de co-identification et de solidarité :
« Le sens de l’unité, le principe de la solidarité de tous les êtres et un sentiment vivant de la compréhension spirituelle constituent les moyens les plus valables pour transmuter des tendances combatives ! »
Le refoulement ou la répression constituent une compression de l'énergie vitale, elle porte atteinte aux instincts biologiques et au domaine transcendantal !
Assagioli identifie le fondement de ces erreurs d'attitude et d'application de l'énergie transpersonnelle dans le fait de nier ou de mettre de côté le Soi spirituel; ce qui origine une soumission volontaire à ce qu’Assagioli classifie de lobotomie spirituelle !
Le refoulement est toujours une répression souvent déguisée en maîtrise de soi.
En réalité, les énergies refoulées finissent ordinairement par éclater et détruire le contrôle imposé, sous peine d’état dépressif.
L'application de l'énergie est souvent reliée à des manipulations, sous forme diverses de rituels, en affinité avec la magie, la sorcellerie, et la superstition...
Il s'agit alors d'une dégradation ou d'une " transformation descendante " de l'énergie qui est exactement l'opposé de la " transformation ascendante " propre à une sublimation préconisée par la psychosynthèse.
La manipulation est davantage un abus du pouvoir qu'une véritable maîtrise de soi.
Effectivement, ceux qui utilisent l'abus de pouvoir, qu'il soit physique, politique, spirituel ou autre... n'ont pas le souci de le sublimer et d'en faire un service pour le collectif humain.
Ils auront la tentation de s'en servir comme moyen répressif et non comme maîtrise de soi, sous formes de dominations de quelque chose ou de quelqu'un !
Tel est cette fausse morale souvent appliquée même en état d'une démocratie portant à remplacer l'éthique du bien, de la vérité, de la beauté, de la paix pour tous... par des formes de disciplines écrasantes et aliénantes !
2. 2 Moyens d'expression
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La tendance à l'expression est propre à n'importe quelle énergie.
Cependant, combien de personnes ne savent pas quoi faire de leur propre énergie bio-psychique ?
Au lieu d'y prêter attention, bien du monde semble l'ignorer, tout en devenant ainsi la proie de forces opposées, de tendances contraires manifestées surtout au niveau des instincts, des sensations et des émotions !
À la place d'une maîtrise, c'est alors un esclavage et des formes de dépendances diverses souvent peu ou pas conscientes qui apparaissent.
Parfois, la tendance à analyser et à rationaliser la présence et l'expression de ces forces va de pair avec une sorte de désidentification à partir du mental.
Assagioli observe :
« l'emploi de l'analyse et du sens critique ne suffit pas toujours ! »
Il propose alors l'utilisation des énergies personnelles de façon plus créatrice !
Dans plusieurs de ses écrits, Assagioli énumère différentes façons de les exprimer,
les trois plus fondamentales étant les suivantes :
le défoulement ou catharsis : expression directe ;
les actions symboliques : expressions indirectes ;
la transformation et sublimation : expressions supérieures.
C'est à cette dernière expression qu’il consacre une attention toute particulière en tant que forme idéale de l'expression psychoénergétique.
Néanmoins, les deux premières modalités sont celles qui sont le plus souvent, et presque exclusivement utilisées !
2.2.1 Le défoulement ou catharsis
Il s'agit de l'expression bio-psychodynamique la plus spontanée et la plus primitive ou élémentaire, puisqu'elle concerne le niveau des énergies instinctives au niveau le plus élémentaire.
Dans la plupart des cas, il n'y a pas de signe d'une maîtrise de soi, surtout là où il s'agit des instincts inférieurs.
Mais, il peut en aller autrement des instincts supérieurs, surtout là où l'expression adéquate des énergies sexuelles et agressives tend à des manifestations d'amour et de socialisation !
Cela favorise la canalisation des énergies.
Il s'agit alors d'une orientation par la voie "horizontale", c'est-à-dire de l'expression directe et orientée.
Une telle orientation s'opère, la plupart du temps, par le biais du travail et du jeu.
Lorsque celui-ci prend la forme d'un sport organisé, et même dans la compétition, il peut atténuer les tendances agressives.
Le jeu pourra être utilisé comme une forme complexe d'exploitation de l'agressivité; mais il peut aussi fournir une excellente occasion de maîtrise de soi, allant jusqu'à la sublimation des instincts inférieurs eux-mêmes.
L'armement et la guerre constituent les cas les plus notoires, dans l'histoire de l'humanité, en ce qui concerne la mauvaise canalisation des énergies agressives. Celles-ci sont souvent utilisées sous le sophisme de la défense, prétentieusement identifiée au sens de la prévention et déguisée en promotion de la paix !
Le déguisement du défoulement des énergies agressives sous des apparences de sublimation peut prendre aussi des formes de militance à caractère social ou même religieux.
En fait, l'engagement religieux sous différentes formes de croisades militaires, de prosélytisme et de spiritualité partisane, peut donner lieu à l'expression de l’agressivité !
Assagioli remarque :
« L'énergie combative qui affirme s'engager au service de causes idéales n'est pas toujours effectivement sublimée. Parfois, il s'agit de déguisements sous des formes subtiles tout à fait personnelles et séparatives. A ces déguisements, on peut donner le nom de 'pseudo-sublimations' parmi lesquelles on compte toutes les manifestations d'intolérance, de fanatisme et de persécutions religieuses. »
Puisqu'il peut s'agir là non seulement de sublimation mais aussi de pseudo-sublimation, Assagioli suggère, comme stratégie de discernement, de tenir compte entre autres de la sincérité ou pas de l'intention :
Dans la sublimation, c'est l'intention sincère qui compte !
Mais, cela n'est valable que bien entendu que sur le plan des modalités conscientes ! Il peut fort bien arriver qu'au niveau de l'inconscient, les motivations soient effectivement en contradiction avec les intentions conscientes !
En psychosynthèse :
on considère comme valides les différentes expressions conscientes de l'énergie par la voie de la décharge ou catharsis, mais à la condition que les modalités choisies soient maîtrisées par la volonté.
Celle-ci, plutôt que de l'éliminer, peut canaliser cette énergie jusqu'à l'expression créatrice.
Comme le remarque Assagioli :
« souvent dans l'activité créatrice, l'écrivain, le peintre ou le compositeur expriment en même temps leurs inspirations et leurs instincts, leurs impulsions et leurs désirs. La créativité est alors pour eux un instrument de catharsis ! »
C’est à considérer aussi l’activité inconsciente qui sous forme d’abréaction, est à l'origine d'une réapparition consciente d’éléments jusque là bloqués ou refoulés.
La décharge d’un élément négatif n’est qu’un objectif intermédiaire. Il y a une opportunité et un appel à remplir le vide crée par un autre positif !
La psychanalyse classique démontre avoir bien mis l'accent sur les blocages provenant de l'extérieur et donnant lieu au refoulement, y compris les tabous sociaux.
Il y a là un certain danger de donner place au ressentiment et d'en chercher la libération dans le défoulement, dans ce cas, ce n'est pas de la maîtrise de soi.
Une telle attitude change de polarité mais peut garder la dramatisation, sans faire place à la sublimation.
La psychosynthèse doit aller plus loin :
- d'abord en insistant également dans les contraintes à caractère subjectif,
- puis en identifiant les potentialités latentes qui dans toutes les manifestations de la vie peuvent être mises à profit.
Une fois, trouvé le mobile et le niveau de leur intégration, chaque pierre d’achoppement peut constituer du matériel pour bâtir une nouvelle marche.
La maîtrise de soi advient autant dans les situations subies que dans les défis choisis.
En effet, les épreuves majeures et les plus fréquentes sont celles qui surviennent indépendamment d'un choix préalable, détruisant ou menaçant notre confort, notre sécurité et nos projets les plus chers.
Alors, la maîtrise de soi ne se manifeste pas par une indifférence ni par de la violence, mais par la capacité de dédramatiser et par la qualité de la réaction.
La maîtrise de soi fait appel à l'exploration de l'inconscient, surtout lorsqu'il s'agit de l'expression directe de l'énergie par décharge ou catharsis.
L'étude des rêves, de même que le dessin libre et la méditation,
peuvent grandement contribuer à une meilleure identification de nos énergies encore inconnues, voire refoulées ou dégradées.
C'est en affrontant les situations, et non pas en les contournant, qu'il est possible de les dépasser.
Le dépassement implique une acceptation :
qui, selon Assagioli :
« n’est pas une passivité ni une simple résignation, mais un premier pas pour le changement d'une situation parfois inévitable ou d'une soumission ou même d'une résignation passive ! »
Une telle collaboration est le lieu de la transformation et de la sublimation.
La collaboration est l'accueil qui fait place à l'inspiration, elle est conscience de l'altérité qui rend possible l'appui à donner et le support à recevoir.
La maîtrise de soi se manifeste dans la capacité d'agir et dans celle d'endurer, dans la reconnaissance autant de nos forces que celle de nos limites.
La découverte et l’aveu de nos propres limites est le premier pas vers la désidentification et le commencement du leurs dépassement !
2.2.2 Les actions symboliques
Après avoir identifié les énergies que l'on ne veut ni directement manifester ni refouler, on peut toujours décider de les exprimer de façon indirecte par le recours aux actions symboliques, c'est-à-dire des gestes ou des attitudes destinés à leur donner un sens nouveau.
La volonté intervient alors pour dévier les forces considérées comme négatives ou inadéquates vers des cibles plutôt neutres.
Roberto Assagioli donne comme exemples le fait de s'en prendre à un objet quelconque pour faire passer l'agressivité que l'on ressent envers quelqu'un, et propose l'exercice :
d'écrire à quelqu'un une lettre en exprimant tout ce que l'on ressent à son égard, mais sans la donner ou envoyer à la personne en cause.
Cette exercice valorise les décharges à la fois physiques et psychosomatiques personnelles.
Il s'agit là de satisfactions imaginatives aptes à amorcer une certaine désidentification, mais qui peuvent cependant servir aussi de refuge, surtout dans le cas des personnes introvertis.
Au lieu de la satisfaction imaginative, on peut choisir l'élévation de niveau conduisant à une expression plus haute des énergies, telle que le recours :
à la musique,
à la poésie,
à l'humour...
Le danger d'introversion et de refoulement est alors moins grand, et l'ouverture à la transformation et à la sublimation est ainsi facilitée.
Le psychodrame de Moreno est étroitement relié à l'expression indirecte des énergies par le truchement d'actions symboliques.
Celles-ci peuvent signifier un pas important vers la transformation et la sublimation des énergies.
En lien avec les actions symboliques, il y a plusieurs exercices et techniques, notamment : le théâtre.
La psychosynthèse recourt souvent aux exercices dits du : " comme si ", du " commutateur ", ou encore du " jeu de coussins " souvent utilisé aussi en Gestalt !
Ces exercices semblent plus proches d'une transmutation, quoi qu’ils peuvent conduire à la transformation et à une sublimation !
2.2.3 La transformation et la sublimation
L'objectif de transformation et de sublimation des énergies biopsychologiques constitue en psychosynthèse, à quelque niveau que ce soit, la reprise, en termes psychologiques, d'un idéal souvent présent en Occident par le recours aux formules alchimiques, et en Orient, par l'utilisation de techniques du yoga, nommément le hatha-yoga pour ce qui concerne la maîtrise psychophysique !
Comme le note Assagioli :
« on peut trouver des données importantes dans la doctrine et la pratique de la transformation et de la sublimation des énergies psychiques comme le yoga hindou, dans les œuvres de l'ascétique et de la mystique chrétienne, et dans les écrits de l'alchimie spirituelle. Actuellement, les études et les applications psychanalytiques apportent de nouvelles contributions ! »
La psychanalyse traditionnelle ne reconnaît pas l'existence et le rôle des fonctions psychiques supérieures.
Ainsi, lorsqu'elle propose la sublimation des instincts, elle reste à mi-chemin d'un tel objectif. Son radicalisme ne fait que la reporter au niveau des instincts inférieurs, ce qui donne lieu à ce que Robert Desoille appelle : le refoulement du sublime !
Toutefois, cette sublimation n'a pas la même ampleur et ne suit pas le même processus chez Freud et chez Assagioli !
Partant du principe que les instincts comportent une charge affective qui tend à s'exprimer, Breuer et Freud ont attribué les états psychopathologiques au refoulement de cette énergie. Ils ont fondé leurs théories sur des manifestations pathologiques, et le traitement de celles-ci tombe sur la décharge des énergies réprimées.
Assagioli considère tout cela comme bien limité, et il estime que ce genre de méthode est insuffisant dans bien des cas.
Au lieu d'une décharge systématique des énergies accumulées, Assagioli propose d'abord un contrôle conscient qui peut remplacer la répression et donner lieu à une transformation dont la forme la plus élevée est la sublimation, qu'il définit comme étant : la transformation de tendances et d'impulsions inférieures en états affectifs de nature supérieure !
Le fondateur de la psychosynthèse accorde une importance fondamentale au fait d'accepter, sans préjugé ni jugement de valeur, toutes les manifestations des énergies bio-psychologiques, tout en soulignant, en même temps, le besoin de tenir compte des énergies transpersonnelles, en vue de pouvoir atteindre tous les niveaux, et notamment en ce qui concerne :
la sexualité et l'agressivité, la maîtrise des énergies personnelles dont l'expression la plus élevée est la capacité de les transformer et de les sublimer.
La transformation et la sublimation constituent donc une voie d'intériorisation et d'élévation conduisant à une vraie conversion et des énergies et de nous-mêmes !
Il symbolise le processus de transformation qui va jusqu'à la sublimation, tout en le comparant à la préparation du café qui passe de la torréfaction jusqu'à l'ébullition. " La torréfaction du café est le symbole de la mise en liberté des énergies et des qualités latentes. Il en va pour nous comme pour les grains qui sont torréfiés, moulus, infusés dans l'eau et bouillie ".
L'image de la semence et celle de la chrysalide peuvent illustrer elles aussi cette psychodynamique qui doit faire appel également aux énergies transpersonnelles, au moins pour atteindre les expressions les plus élevées.
Cette voie d'expression des énergies bio-psychiques implique une véritable mystique qui concerne tous les niveaux de la personnalité !
Selon le concepteur et promoteur de l’approche psychosynthétique, il s'agit de transmuter par exemple :
- l'amour égoïste et possessif en amour généreux et bienfaisant;
- l'amour passionnel en amour spirituel;
- l'ambition en propos d'élévation spirituelle;
- l'orgueil en dignité;
- la critique en avis et en discernement objectif et serein !
Il est d'avis que ce processus de transmutation des énergies psychologiques a une grande importance dans son application, et donc qu'il mérite d'être largement mieux pratiqué, étant donné qu'il s'agit de la méthode la plus efficace et la plus constructive par rapport à deux grandes et puissantes sources d'énergie : le sexe et l'agressivité !
La sublimation n’est pas une lutte ni une abdication.
Il s’agit d’une prise en charge de nos pulsions et de leur mise à profit d’un but envisagé !
Piero Ferrucci tient compte ainsi de ce deux éléments :
« La sublimation requiert toujours deux éléments : d’abord la maîtrise de l’impulsion que l’on veut sublimer, et deuxièmement la conscience d’une qualité ou d’un idéal vers lequel on dirige l’énergie ! »
Pour Assagioli : une des erreurs les plus graves souvent commises par ceux qui s'occupent de la question sexuelle est celle d'étudier le côté instinctif et physique de la sexualité indépendamment de ses aspects émotif, mental et spirituel !
Une autre erreur à considérer est celle de sauter vers la sublimation tout en faisant de l’abstraction par rapport à la transformation !
En systématisant davantage la dynamique de la transformation et de la sublimation, on peut, à l'instar d'Assagioli :
distinguer d'abord deux axes principaux :
- vertical
- horizontal,
et encore deux orientations différentes à l'intérieur de chacun de ces axes :
- la " supraversion " et " l'infraversion " (axe vertical),
- " l'intériorisation " et " l'expansion " (axe horizontal).
La supraversion :
est un mouvement ascendant constitué par tout le travail d'élévation du niveau d'expression bio-psychoénergétique, ainsi que par l'invocation et l'accueil des énergies transpersonnelles.
L'infraversion :
réfère à la descente des énergies transpersonnelles et à leur action au niveau de la personnalité. Cet axe vertical et ses orientations permettent que les énergies instinctuelles soient transformées et sublimées, sans perte de leur identité et sans être niées, méprisées ou refoulées, comme quelque chose d'inférieur et de négatif.
« Sont psychologiquement "négatives"
les énergies qui s'opposent
à la croissance personnelle,
et "positives" celles qui la favorisent ! »
Martha Crampton
Dans l'axe horizontal, l'intériorisation fait appel au travail d'intégration des énergies personnelles et de transformation des forces destructives.
Un tel travail peut convertir une tendance vicieuse dans la vertu qui lui est contraire, grâce à l'identification et à l'utilisation d'une même énergie qui se voit donner un sens nouveau.
L'expansion, quant à elle, concerne l'expression et donc le rapport externe de l'énergie bio-psychique elle-même.
L'expansion favorise un rapport progressivement altruiste, allant jusqu'à s'ouvrir à l'humanité et à tout l'univers.
Elle se trouve directement en lien avec :
la psychosynthèse sociale
et la psychosynthèse universelle,
alors que l'intériorisation concerne plus directement la psychosynthèse individuelle autant, au niveau personnel que transpersonnel !
À ces différentes expressions de la psychosynthèse, Assagioli ajoute aussi la purification des motivations et des intentions, sans quoi la véritable sublimation ne pourrait avoir lieu !
Puisque les énergies bio-psychiques se trouvent souvent en conflit au niveau de la personnalité, l'objectif de leur maîtrise ne sera pas atteint par des compromis visant à éviter la tension des opposés !
Tel que remarqué par Assagioli et en accord avec son approche psychologique :
« la transformation et la sublimation des énergies font appel à une synthèse créatrice où toutes les forces en présence "sont absorbées dans une unité plus élevée dotée de qualités qui transcendent celles de chaque élément. »
La psychosynthèse parle alors de synthèse des opposés ou de synthèse des polarités.
Il y a tout un processus et cheminement directement reliés à une maîtrise qui évoque, en plus des principes, les exercices les plus adéquats à cette fin notamment en ce qui concerne le potentiel inconscient.
Ce sont là des moyens que seulement que nous pourrions nous dispenser, dit Assagioli :
« si nous étions les maîtres de notre 'maison psychique ! »
Tel n’est pas souvent le cas, dans la façon de procéder, au
moins au niveau de la personnalité.
3 - Aux ateliers du savoir-faire
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La maîtrise de soi renvoie aux sentiers de la praxis qui conjugue l’action avec la réflexion.
Une action sans réflexion devient superficielle et anarchique.
La réflexion qui se dispense de l’action devient aliénante et stérile. En d’autres termes et selon Leonardo Boff :
« sans la réflexion, la praxis est aveugle; sans la praxis, la réflexion est vide ! »
Bien souvent la réflexion se manifeste en paroles, mais il y a le danger de s’y arrêter !
Chez Antoine de Lisbonne, on peut lire :
« La parole est vivante, lorsque ce sont les actions qui parlent. Je vous en prie, que les paroles se taisent et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles, mais vides d'actions. Cela nous rend maudits devant le Seigneur qui a maudit le figuier où il n’a pas trouvez des fruits, mais seulement des feuilles ! »
Le savoir-faire invite à l’engagement, tout en donnant raison au proverbe chinois :
« Ce ' tu ' m’en parle, je vais l’oublier. Ce ' tu ' me le montres, je me souviendrai. Mais si tu m’engages, je vais le comprendre ! »
En d’autres termes : le savoir et le savoir-être ne peuvent point se dispenser du savoir-faire.
C’est dans cet esprit que Sergio Bartoli insiste sur le fait que :
« la psychosynthèse est, avant tout, un ‘état d’être’ orienté vers le dépassement continuel, lequel se concrétise dans l’action plus que dans la théorie ! »
Dans ce que nous faisons, il y a effectivement un reflet de ce qui nous sommes ou croyons être !
En termes de praxis, ce sont les fruits qui constituent la preuve réelle du savoir-faire !
Assagioli exprime :
« il faut que nous soyons, jusqu'à un certain point, les
spectateurs de nos propres actions !
Le grand ennemi du savoir-faire est le perfectionnisme lequel se trouve effectivement allié au pessimisme.
Pour le perfectionniste : dès que quelque chose est mauvais ou va mal, rien n’est plus bon ou ne va plus bien.
Tout ce qui n’est pas parfait est ressenti comme faille.
Le savoir-faire fait appel au discernement et à la volonté, ce qui peut impliquer la décision autant de ne pas trop faire que celle de ne rien faire, là où l’action devient respectivement dangereuse ou superflue.
Il y a aussi le faire quelque chose de différent, tout en évitant le stress et l’esclavage par rapport à l’action.
De contraire, on peut tomber dans l’erreur du coupeur de bois, tout à fait épuisé, et cela dû au fait qu’il n’avait pas eu le temps d'aiguiser sa hache fort émoussée.
Un autre ennemi du savoir-faire est l’orthodoxie² qui tend à contrôler et dicter l’orthopraxie³.
² Au sens littéral « orthodoxe » signifie « la pensée droite », la définition sous-tend donc le sens « qui pense dans la bonne voie »
³ Désigne ce qui est en conformité avec les rites prescrits.
C’est fort important, dans le savoir-faire, le fait de s'arrêter et de méditer.
Le savoir-faire va de pair avec la concentration qui place la pensée et l’action de l’agent hors la dispersion, tout en syntonie avec le ici et maintenant !
Dans l’histoire Zen du dialogue entre un disciple et son Maître spirituel :
Le premier questionne :
- «Comment est-ce que vous pratiquez l’état d’illumination lors de l’action, dans la vie de tous les jours ?
Alors il obtient du Maître la réponse suivante :
- « En mangeant et en dormant. »
- «Mais tout le monde mange et tout le monde dort ! », remarque le disciple.
« Oui. »– Lui répond le Maître
– Pourtant, tout le monde ne mange pas quand il mange, et ne dort pas quand il dort ! »
Le secret du savoir-faire est de rendre l’ordinaire extraordinaire et l’extraordinaire ordinaire.
C’est ordinaire de faire des erreurs et c’est extraordinaire de savoir les accepter comme leçon !
Le savoir signifie la prise de conscience qui devient savoir-faire au niveau de son expression, tout en étant celle-ci le fruit d’un processus qui allie et qui unifie l’expérience d’être à celle de l’action.
Le savoir-faire traduit la maîtrise par rapport à ce qu’on est et à ce qu’on fait !
En bref, le savoir et le savoir-faire y se conjuguent, voire y se fondent en harmonie et fécondité.
Il y a la créativité et la manière de l’envisager !
Il y a le travail et la façon de le concevoir !
Il y a la vision de la montagne et l’utilisation des moyens pour monter et atteindre le sommet.
Il y a la vie et l’attitude de l’esprit face aux opportunités et défis qu’elle nous offre !
Il y a les épreuves et l’appel à la persévérance !
Il y a la qualité que jamais l’on doit sacrifier à la quantité.
Il y a l'être,
le devenir,
le sens existentiel
le dynamisme de l’existence.
Ces éléments font l’objet des considérations qui s’en suivent...
3.1 Appel à la créativité
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La maîtrise se manifeste non seulement par rapport à nous-mêmes, mais aussi en ce qui concerne nos rapports avec les autres et avec le monde environnant, notamment en ce qui a trait au travail et à la créativité !
Le savoir-faire inclut et dépasse l'action, tout en imprimant des qualités à ce que l’on fait !
Il y a un appel autant au dévouement dans l’action qu’au sens et la teneur de l’engagement !
C’est conjointement :
- une manifestation vitale,
- une expression créatrice
- une donnée relationnelle.
Il y a la valorisation de l’action comme telle, sans déplacer l’attention ni l’intention de récompenses postérieures.
C’est dans cet esprit que Gandhi insiste sur le ' nishkama karma ' signifiant :
l’action dépourvue du désir égoïste.
Il offre ainsi un des grands modèles pratiques du rapport entre psychosynthèse individuelle et psychosynthèse sociale
où la motivation de l’action c’est la générosité !
Assagioli écrit :
« L’action parfaite est celle que l’on fait avec le plus grand intérêt et avec le plus grand désintéressement ! »
La maîtrise de soi est synonyme d’appropriation plutôt au sens de l’identification, de rendre propre, que de dominer !
En d’autres mots : elle soumet le savoir-faire au savoir-être.
Le savoir-faire est davantage relié à la créativité qu'aux simples normes d’action.
Une telle créativité se trouve plutôt reliée à une collaboration et non pas à une action de contrôle !
Assagioli remarque :
« le processus de créativité se trouve généralement dans l’inconscient ! »
Tout en faisant l’analogie entre la création bio-physique et la créativité psychologique,
Assagioli tient compte de trois phases :
- La conception, résultant de la fécondation, les stimulations externes et le dynamisme interne.
- La gestation et l’élaboration consciente, inconsciente ou alternée, ayant une durée longue ou brève.
- La naissance où la créature à ce moment, peut arriver accomplie, ou rester à l’état élémentaire qui demande beaucoup de soin, un travail de développement et de raffinement !
La créativité : quoique passant par nous-mêmes, elle nous dépasse !
Assagioli offre la réflexion suivante :
« La créativité est quelque chose de mystérieux. Il vaut mieux pour nous de mettre de côté la prétention de la comprendre rationnellement ! »
Idéalement, l’action créatrice est plus le fruit d’une plénitude qu'un besoin de combler un vide.
La créativité n’est jamais un fondement ni une dimension strictement individualiste !Elle provient et requiert la collaboration et fait toujours appel au partage basé sur le sens et les droits communautaires.
Le savoir-faire est manifestation aussi du savoir-vivre par rapport à soi- même et aux autres.
Dans la 'grammaire' du savoir-faire, il n'est jamais question ni de singulier ni de point final en matière de créativité !
Assagioli offre ce propos :
« Tout l'univers est en état de créativité. Il y a toujours quelque chose de nouveau. La vieille idée d'un Dieu qui crée et va ensuite se reposer est puérile. Dieu continue de créer en tout temps. Il continue toujours de créer à l'intérieur de nous-mêmes. Il nous fait entrer dans le grand courant de la créativité ! »
La créativité est toujours plus qu’un produit extérieur ; elle
engendre d’abord la croissance intérieure !
Créer et croître, ils vont alors ensemble !
La créativité honore les acquis du passé en les dépassant.
La créativité laisse le confort du connu pour découvrir et manifester la nouveauté !
- Elle pose des questions.
- Elle rêve des solutions.
- Elle s’ouvre à l’illumination.
- Elle fait des vérifications.
- Elle persévère dans la collaboration.
- Elle croit à l’efficacité.
- Elle aime l’originalité.
Selon le père de la psychosynthèse :
« la conception spirituelle de la vie et ses manifestations, loin d'être quelque chose d'académique, d'impraticable et de stérile, elle est éminemment révolutionnaire, dynamique et créatrice ! »
Ce dynamisme créateur de l’esprit fait toujours appel à l’originalité.
Sri Aurobindo exprime :
« notre tâche n’est pas de toujours répéter ce que l’homme a déjà fait, mais de parvenir à de nouvelles réalisations : à des maîtrises dont nous n’avons pas encore rêvé.
Le temps, l’âme et le monde : nous sont donnés comme champs d’action;
la vision, l’espoir et l’imagination créatrice nous servent d’inspiration;
la volonté, la pensée et le labeur sont nos très efficaces instruments ! »
3.2 Outils d’entraînement
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
En rapport avec l’expérience de son incarcération, Assagioli écrit :
« C’est un grand privilège celui du psychologue de ne pas avoir besoin d’aucun support matériel pour pousser d’avantage ses recherches : le peintre a besoins de toiles, pinceaux et couleurs... le sculpteur de ciseaux, de marbre ou d’argile... le chimiste et le biologiste ont besoin de laboratoires avec des instruments sensibles et des substances chimiques de tout genre.
Le psychologue aussi, pour certaines recherches, a besoin d’instruments mais n’a pas besoin de matériel. Son soi, son corps, l’ambiance environnante, son prochain et l’univers, dans leur variété, rapports et interactions, lui fournissent un champ continuel et inépuisable d’observations et d’actions ! »
On peut dire par exemple:
il y a un inconscient collectif, mais je ne suis pas cet inconscient; j'ai un inconscient personnel, mais je ne m’identifie pas à cet inconscient.
Cependant, je peux profiter de ses manifestations !
Je peux leur prêter l’attention, les analyser et saisir ainsi l'occasion de mieux me connaître !
Une telle façon de procéder est valable pour n'importe quelle énergie qui gît et qui se manifeste en nous, pourvu que la désidentification soit faite en termes de distinction et non pas de séparation ni d'exclusion.
La prise de conscience de notre potentiel bio-psycho-spirituel peut être favorisée par bien d'autres exercices.
Outre la désidentification/auto-identification, la psychosynthèse retient un nombre de moyens les plus appropriés :
- la concentration mentale,
- la méditation,
- l'observation,
ainsi que le silence qui librement choisi, renforce la capacité de se taire pour écouter la voix du Soi, et en termes de foi religieuse, celle de Dieu aussi.
Assagioli s’occupe aussi de l’entraînement de la volonté par le biais d’exercices paraissant « inutiles » tout en les valorisant :
À titre de révision, Assagioli mentionne l'usage de la rétrospective de la journée, y incluant le carnet psychologique.
3.3 Du travail au loisir
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
La mise en valeur de nous-même détermine la mise en valeur de notre travail.
C’est grande la différence entre choisir son travail et être choisi pour travailler, entre vivre pour travailler et travailler pour vivre.
On doit tenir compte non seulement du temps, mais aussi du caractère de chaque personne et de chaque culture !
Dans le domaine du savoir-faire, comme dans celui du savoir, il y a aussi place pour les illusions et les erreurs.
Il y a lieu pour l'omission et pour le mal-faire !
Tout cela peut arriver malgré les bonnes intentions qui ne sont pour personne une assurance contre l'erreur !
Le savoir-faire semble de plus en plus confiné aujourd'hui à des objectifs de productivité et de rentabilité, ce qui risque de faire de l'être humain un esclave inconscient de son travail et un adorateur inconscient de son produit !
La compétition, de même que l’isolement et l’étroitesse de l’esprit compromettent l’harmonie et le progrès. Il ne suffit pas d’agir !
Il faut interagir dans la perspective de tout intégrer, ce qui demande une vision globale exprimée dans le principe d’agir plus localement mais aussi en pensant globalement.
L’homo faber de la société industrielle a été caractérisé par :
- une vie centrée sur le travail; un travail centré sur la production;
- une production centrée sur la consommation; une consommation centrée sur la compétition;
- une compétition basée sur l’exploitation; une exploitation qui engendre l’aliénation.
Ainsi, l’être humain devient alors ce qu’il produit !
Assagioli commente :
« Ce qui compte n’est pas ce qu’on fait, mais comment on le fait ! »
Autrement dit : c’est le savoir-faire qui apporte la dignité au
travail humain !
Bien souvent, le travail est considéré comme un pôle opposé à celui du loisir qui est effectivement un autre dorme d’activité !
Le fardeau attribué au premier provient ordinairement plutôt du manque de motivation, souvent reliée à l’incapacité d’y trouver une signification positive !
Le travail devient plus amusant, sitôt qu’on est librement centré sur l’activité plutôt que sur les exigences de résultats.
Dans cet esprit, Assagioli suggère de réaliser joyeusement toutes les activités et tâches, à la façon d’un jeu !
La façon de travailler reflet ce qui nous sommes, mais dans le savoir-faire il y a la soumission de ce que l’on fait à ce qui l’on est !
Le bon travailleur reste alors désidentifié et reste maître par rapport à son rôle.
Le savoir-faire se manifeste dans la créativité concernant les outils qui se transforment dans un prolongement et caractérisation de nous-mêmes !
Choisir le travail adéquat, inclut aussi le travail sur soi-même, c'est une condition préalable au sens et au vrai succès de n’importe activité !
Mais, le travail inclut aussi une dimension sociale qui fait appel à la collaboration où il y a une complémentarité dans l’effort et dans l'accroissement des résultats.
Le savoir-faire devient inséparable du savoir : du savoir-être et du savoir-vivre qui font appel à l’amour vers tout et vers tous !
Kahlil Gibran exprime :
« La vie est réellement obscurité sauf là où il y a élan, et tout élan est aveugle sauf là où il y a savoir, et tout savoir est vain sauf là où il y a travail, et tout travail est vide sauf là où il y a l’amour; et lorsque vous travaillez avec amour vous vous liez à vous-même, et l’un à l’autre, et à Dieu ! »
Toutefois, l’efficacité est devenue de plus en plus une condition redoutable dans le domaine de la concurrence, ce qui crée le danger d’être alliée à la compétition, à la précipitation, au productivismes qui engendrent beaucoup trop de stress.
Normalement, l'homo faber est un collaborateur allié et de la société et de l’univers.
La désacralisation du travail va de pair avec l’aliénation humaine. Celle-ci fait de l’humain une machine !
Le travail est un moyen et non pas une finalité !
Travailler pour vivre est fort différent de : vivre pour travailler !
Logiquement, c’est une bénédiction de pouvoir travailler ? Mais, ce sont les conditions du travail qui empêchent souvent d'avoir du plaisir de travailler. Deux, des erreurs du savoir-faire est la suractivité et la sur-adaptation dans le cadre du travail !
L'action et le jeu vont ensemble dans la joie de la réalisation de soi.
La capacité de jouer est le signe du pouvoir de désidentification vis-à-vis de l'action, et du pouvoir d'auto-identification !
De nos jours : bien du monde pratique le sport de plus en plus de façon ‘sérieuse’, et pour des motifs d’ambition et de récompense financière, lesquels sont incompatibles avec sa nature intrinsèque. Il perd alors la qualité du jeu et prend le caractère d'un travail !
Aussitôt que le sport devient une profession, il n’est plus vraiment du sport !
De paire avec le sport ou le jeu physique, il faut aussi considérer les domaines : de la musique et du théâtre ou de l’art en général, où l’attitude des acteurs détermine jusqu’à quel point on doit les classifier comme du travail ou plutôt comme un jeu !
Le jeu offre une opportunité magnifique pour exprimer et cultiver sa liberté personnelle avec les rapports interpersonnels à tous les niveaux et dimensions, tant qu’il ne tombe pas dans les filets de la compétition qui transforme :
- les athlètes en machines,
- les organisateurs en entrepreneurs,
- et les concurrents en adversaires !
Tant qu’il n’y a pas de détente, cela finit par créer de la crispation, tout en transformant la compétition en bataille !
Si, l’on aime ce qu’on fait, le travail devient synonyme du loisir et de source de joie au sein du travail.
3.4 De l’humour en amour
Sources : Joao D'Alcor Frey - La Psychosynthèse de Roberto Assagioli
Au niveau de la personnalité : l'humour n’est pas égale chez chaque personne et dans chaque peuple et culture, pourtant le sens de l’humour facilite d’en faire une expression d'amour !
Lorsqu’on agit en confrontation par seule ambition, on se ferme dans l’égoïsme, ce qui détériore cette expression d'amour !
Le centre de l'action égoïste est l'ego, se situe au niveau du moi personnel !
L'action altruiste provient plutôt du Soi transpersonnel !
À ce niveau de conscience : le savoir-faire devient rayonnant de joie et d’humour, et permettant d’exprimer l’empathie par rapport à notre propre personnalité et envers celle des autres !
L’humour est considéré comme un signe de la maîtrise de soi révélée par le sens de l'humain et de l'équilibre propres à la sagesse qui est capable de se désidentifier et de relativiser ce que l'on observe autant en soi-même que chez les autres !
Assagioli insiste sur la distinction à faire entre l'humour vrai et la plaisanterie :
le premier caractérise la bienveillance et la sérénité souriante,
alors, que la seconde peut s'accompagner de sentiments et de manifestations agressives, allant de l'ironie jusqu'à la cruauté !
Assagioli précise :
« il y a une différence radicale souvent non reconnue : entre dérision et humorisme. La première est un antagoniste, sans compréhension, souvent d’une agressivité cruelle; alors que l’humorisme est plein d’indulgence, de bonté et de compréhension ! »
Assagioli considère :
« très utile d’utiliser l’humorisme surtout envers soi-même, en jouant un tour bienveillant à notre petit moi personnel, si plein de soi-même qui se donne une telle importance, et qui se prend tellement au sérieux, susceptible, agité et méfiant...»
Il y a alors une manifestation de liberté intérieure, fruit d’un détachement bienveillant par rapport à notre personnalité !
Pour cultiver la bonne humeur : on peut utiliser entre autres :
- les exercices de relaxation,
- les exercices d’acceptation de soi-même,
- de l’évocation, des mots évocateurs et de la juste proportion,
- de même que celui de la dédramatisation,
- y incluant le repos au sens innocent du « farniente » italien, ou du « rien faire pour après se reposer ! »
La confiance du laisser-faire va de pair avec la responsabilité du savoir-faire !
Celui-ci fait appel à la liberté et à la sincérité, sans quoi il y aurait un climat d’oppression et d’hypocrisie qui minent le vrai sens de l’action !
La personne libre agit à partir de soi-même, tandis que la personne aliénée réagit à partir des ordres des autres, puisque programmée de l’extérieur et donc condamnée à fonctionner comme un robot !
De paire avec, le savoir-faire il y a le laisser-faire, au sens de ne pas tout accaparer, tout en donnant de la place pour les autres et pour ce qui nous dépasse !
Toutefois, personne n’est jamais en état d’une totale et parfaite maîtrise par rapport à quoi ou qui que ce soit, y incluant soi-même et ce que l’on fait !
Thérèse d’Avila exprime :
« L’imperfection est propre de l’agir humain ! »
Fin de la retranscription de la partie 8, la partie 9 suivra mais patience...
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Eddy Vonck - Fondateur du Blog Psycho'Logiques







































































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