đłđ đđđđđđđ đ đđđ đđ đđđđđđđđđđđ par Bessel van der Kolk - le Corps n'oublie rien !
Le blocage dans le traumatisme
Notre clinique était pleine de vétérans qui cherchaient une aide psychiatrique !
Mais, du fait d'une grave pĂ©nurie de mĂ©decins qualifiĂ©s, la plus part des patients Ă©taient sur liste d'attente alors mĂȘme qu'ils continuaient Ă s'autobrutaliser ou et Ă frapper leurs proches.
** Faut avouer en 2023, que le problĂšme de dĂ©lais de consultation et mĂȘme de trouver un bon accompagnant et pas spĂ©cialement un psychiatre est une gageure dans notre sociĂ©tĂ© oĂč il y a de plus en plus des troubles psychotiques tels que dĂ©pressions, burn-out... **
« Le Burn-out n'est pas une maladie mentale mais bien une maladie sociale ! » Eddy Vonck
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Le nombre d'arrestations pour violences et bagarres a alors nettement augmentĂ© parmi mes patients, et leur taux de suicide est devenu alarmant - au point oĂč j'ai créé un groupe de jeunes vĂ©tĂ©rans du Vietnam pour contenir leurs dĂ©bordements jusqu'Ă ce qu’ils puissent entamer une vraie thĂ©rapie !
Ă la premiĂšre sĂ©ance d'un groupe d'anciens marines, l'un d'eux a commencĂ© par me dire tout net : « Je ne veux pas parler de la guerre ! »
J'ai répondu qu'ils pouvaient choisir n'importe quel sujet. AprÚs une demi-heure de silence torturant, un homme s'est enfin mis à parler de son accident d'hélicoptÚre. à mon grand étonnement, les autres se sont aussitÎt animés, évoquant leurs expériences traumatiques de façon trÚs intense.
Ils sont tous revenus les deux semaines suivantes : ils puisaient dans ce groupe un écho et un sens à ce qui, jusque-là , n'avait été que des sensations de terreur et de vide, y retrouvaient le sentiment de camaraderies qui avait été une composante essentielle de leur expérience de la guerre.
Tenant absolument à m'intégrer à leur unité, ils m'ont offert un uniforme de capitaine des marines pour mon anniversaire. Rétrospectivement, ce geste révélait une partie du problÚme : on était soit dedans, soit dehors - soit on appartient à l'unité, soit on n'était personne.
AprĂšs le traumatisme, le monde se divise nettement entre ceux qui savent et les ignorants !
On ne peut pas faire confiance aux gens qui n'ont pas partagé cette expérience, parce qu'ils ne peuvent pas la comprendre !
« Si tu croques un citron, tu feras l'expĂ©rience de l'aciditĂ© du citron; si tu as vĂ©cu un lourd traumatisme dans la vie, tu es la seule personne Ă savoir ce qui s'est rĂ©ellement passĂ©e pour que tu deviennes conscient ou pas de l'aciditĂ© de ce trauma ! » Eddy Vonck
** En effet, les troubles des gens sont souvent incompris par nos conjoints, parents, entourages et mĂȘme dans le cadre du travail et tristement mĂ©connu par un grand nombre de mĂ©decins traitants voire de thĂ©rapeutes. Cette posture mĂ©dicale est indĂ©licate et dangereuse, prenez un exemple, un mĂ©decin traitant de Vincennes, pignon sur rue (c'est encore du vĂ©cu). Ăcoute Ă peine mes dolĂ©ances et mes souffrances au travail, il m'a mĂȘme pris pour un affabulateur; quatre mois plus tard, je suis mis Ă l'arrĂȘt plus d'un an pour une dĂ©pression Ă caractĂšre prĂ©occupant sous forme d'un ras de bol gĂ©nĂ©ralisĂ© et d'un burn-out enfin par un autre mĂ©decin. En conclusion, mon dernier poste de travail m'avait Ă©puisĂ© totalement mais les mĂ©decins refusaient de diagnostiquer le symptĂŽme et le terrain de la pathologie du trauma !**
Si Ă©mouvantes qu'aient Ă©tĂ© ces expĂ©riences, les limites de la thĂ©rapie de groupe sont apparues clairement quand je les ai poussĂ©es Ă parler des problĂšmes auxquels ils Ă©taient confrontĂ©s dans leur vie quotidienne : leurs relations avec leur femme, leurs enfants et leur famille, leurs relations avec leur patron et leur satisfaction au travail; ou mĂȘme de leur forte consommation d'alcool.
De maniĂšre caractĂ©ristique, ils ont rĂ©sistĂ© en se dĂ©robant, en racontant pour la Ă©niĂšme fois leurs rĂ©cits de guerre au Vietnam oĂč mĂȘme ailleurs dans le monde.
Que le traumatisme remontùt à dix ans ou à plus de quarante, mes patients ne pouvaient combler le fossé entre leur expérience de la guerre et leur vie actuelle.
L'épisode qui leur avait causé tant de souffrance était également devenu leur seule source de sens. Ils ne se sentaient vraiment vivants que lorsqu'ils revisitaient leur passée traumatique.
Bessel van der Kolk
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Le sujet est vaste, je vous invite si vous avez lu cet article, jusqu'au bout, de débattre et de commenter ci-dessous, merci !
Eddy Vonck
Rédacteur bénévole de Psycho'Logiques




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